Dans la nuit de vendredi à samedi, Mohamed El Atrache, imam à Sartène, une ville du sud de la Corse, a échappé de peu à la mort. En effet, dix coups de feu ont été tirés par des inconnus sur la porte d'une maison abritant les locaux d'une association musulmane et ceux de la mosquée, alors que l'imam, âgé de 53 ans, se trouvait derrière. 'La tentative d'assassinat dirigée contre l'imam de Sartène marque une étape sinistre dans la dérive et la xénophobie d'une partie de la société insulaire' affirment les fédérations du Parti Communiste en Corse dans un communiqué adressé à l'AFP. Ces mêmes fédérations ont appelé à un 'rassemblement de soutien', samedi prochain, 'devant la salle de prière mitraillée'.
'L'imam a eu le réflexe de se plaquer sur le mur, sinon il aurait été criblé de balles'. C'est en ces termes que José Thorel, procureur de la République d'Ajaccio, a décrit la situation dans laquelle s'est retrouvé, dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 novembre, M. Mohamed El Atrache, imam de Sartène. Ainsi, toujours selon les précisions apportées par le procureur de la République, qui s'est entretenu avec l'imam marocain, vers 2 heures du matin ce jour là, des inconnus ont frappé à la porte de la mosquée, avant de crier des insultes 'à caractère racial' et de tirer dix balles de calibre 9 mm au travers de celle-ci. L'inscription 'Arabi fora' ('les Arabes dehors' en langue corse) a ensuite été écrite devant la porte de la maison, agrémentée d'une croix gammée. Le procureur affirme avoir 'saisi les gendarmes d'une enquête de flagrance pour tentative d'assassinat.'
Avec cette tentative de meurtre, c'est un nouveau palier qui est franchi dans l'échelle d'intensité de la violence raciste et xénophobe visant essentiellement, et depuis plus d'un an, la communauté maghrébine de l'île. Depuis une dizaine de jours, 21 interpellations ont eu lieu dans le cadre d'enquêtes sur ces actes racistes, qui se sont soldées par 14 mises en examen à Paris, de jeunes supposés appartenir au groupuscule armé Clandestini Corsi, le même groupuscule ayant déjà revendiqué sept attentats anti maghrébins en Corse.
Encore sous le choc, M. El Atrache a par ailleurs affirmé n'avoir 'jamais reçu de menaces', avant d'ajouter : ' Je suis ici depuis douze ans, c'est la première fois que ça arrive, maintenant j'ai peur.' L'émotion est aussi palpable parmi les membres de l''Association culturelle musulmane de Sartène', et l'un d'eux nous rappelle qu' 'il y a un an, la même porte avait été arrosée d'essence et incendiée. Une enquête a été ouverte, mais elle n'a jamais abouti.'