« Pourquoi Srebrenica est une zone de sécurité si les Serbes peuvent l'attaquer ? » Cette question est douloureuse encore aujourd’hui pour des dizaines de milliers de familles. Assiégée pendant la guerre de Bosnie par les forces serbes, cette petite ville des Balkans a été le théâtre d’un génocide au cours duquel quelque 8 400 hommes et garçons furent froidement exécutés au cours du mois de juillet 1995. Cette tragédie, aujourd’hui reconnue comme le pire massacre en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, aurait-elle pu être évitée ? Très certainement.
La voix d'Aida vient apporter un témoignage puissant en ce sens. Le film, réalisé par la Bosnienne Jasmila Žbanić, suit les traces d’une professeure d’anglais à Srebrenica réquisitionné par les forces onusiennes pour servir d’interprète. En avril 1993, l’enclave musulmane, dans laquelle des milliers de personnes s’y étaient réfugiées, est décrétée « zone de sécurité de l’ONU ». Face à l’inexorable avancée des troupes serbes, la population voit dans les Casques bleus leur seul espoir d’échapper au pire. Leur dernier refuge contre la barbarie.
La voix d'Aida vient apporter un témoignage puissant en ce sens. Le film, réalisé par la Bosnienne Jasmila Žbanić, suit les traces d’une professeure d’anglais à Srebrenica réquisitionné par les forces onusiennes pour servir d’interprète. En avril 1993, l’enclave musulmane, dans laquelle des milliers de personnes s’y étaient réfugiées, est décrétée « zone de sécurité de l’ONU ». Face à l’inexorable avancée des troupes serbes, la population voit dans les Casques bleus leur seul espoir d’échapper au pire. Leur dernier refuge contre la barbarie.
L’ONU au banc des accusés d’un massacre prévisible
Mais, pendant l’été 1995, rien ne va plus : l’ONU, qui ne s’est pas donnée les moyens d’accomplir sa mission qui est de protéger les civils, va laisser ces derniers à leur triste sort alors même que le massacre était prévisible. Aida le voit venir. Face au danger imminent, elle va tout tenter pour sauver sa famille.
Elle a été la voix des autres, assumant jusqu’au bout sa mission d’interprète pour le compte de la Force de protection des Nations unies (FORPRONU), avec professionnalisme malgré ses peurs, ses doutes et sa clairvoyance devant une situation qui n’a eu de cesse de se dégrader. Mais sa propre voix ne compte-t-elle pas ?
La désillusion est cruelle. Au bout du compte, Aida, malgré son statut d’employée pour l’ONU, n’est qu’une voix parmi des milliers d'autres, de celles qui crient à l’aide mais que le monde n'écoute pas, couvertes par la lourdeur de la bureaucratie et la force de l'impuissance, qui sont elles-mêmes, au fond, la somme de lâchetés et de renoncements. Et c’est la violence qui finit par l’emporter.
La voix d’Aida met en lumière la responsabilité des Nations Unies dans ce tragique épisode de l’Histoire, celle des Pays-Bas en particulier. La responsabilité des Casques bleus néerlandais a d’ailleurs été partiellement reconnue en 2017. Ces derniers, en expulsant de leur base des centaines de familles qui s’y étaient réfugiées, ont en effet livré des hommes à une mort certaine. Une décision qui est aussi la résultante de multiples défaillances dans la chaîne de commandement qui ont conduit à l'abandon des Bosniaques. Et une question taraude l’esprit des spectateurs au cours du film : faut-il obéir aux ordres de sa hiérarchie même s’ils se révèlent absurdes et susceptibles de terribles conséquences humaines ?
Elle a été la voix des autres, assumant jusqu’au bout sa mission d’interprète pour le compte de la Force de protection des Nations unies (FORPRONU), avec professionnalisme malgré ses peurs, ses doutes et sa clairvoyance devant une situation qui n’a eu de cesse de se dégrader. Mais sa propre voix ne compte-t-elle pas ?
La désillusion est cruelle. Au bout du compte, Aida, malgré son statut d’employée pour l’ONU, n’est qu’une voix parmi des milliers d'autres, de celles qui crient à l’aide mais que le monde n'écoute pas, couvertes par la lourdeur de la bureaucratie et la force de l'impuissance, qui sont elles-mêmes, au fond, la somme de lâchetés et de renoncements. Et c’est la violence qui finit par l’emporter.
La voix d’Aida met en lumière la responsabilité des Nations Unies dans ce tragique épisode de l’Histoire, celle des Pays-Bas en particulier. La responsabilité des Casques bleus néerlandais a d’ailleurs été partiellement reconnue en 2017. Ces derniers, en expulsant de leur base des centaines de familles qui s’y étaient réfugiées, ont en effet livré des hommes à une mort certaine. Une décision qui est aussi la résultante de multiples défaillances dans la chaîne de commandement qui ont conduit à l'abandon des Bosniaques. Et une question taraude l’esprit des spectateurs au cours du film : faut-il obéir aux ordres de sa hiérarchie même s’ils se révèlent absurdes et susceptibles de terribles conséquences humaines ?
Une adaptation pudique d'un drame qui hante des mémoires
« Le film n'est pas à charge contre l'institution (onusienne) et les idées qu'elle incarne. Bien au contraire, il nous alerte sur le fait qu'on doit renforcer et soutenir nos institutions », soutient Jasmila Žbanić, pour qui « tout, absolument tout, a été fait pour entraver l'action de l'ONU ».
La réalisatrice de Sarajevo, mon amour (2006) souhaite, au travers de son film, que « le spectateur se projette personnellement dans les événements de Srebrenica et se demande si quiconque aurait été là pour lui dans ces moments terribles. Dans quelle mesure ces événements se seraient-ils déroulés différemment si nous avions été plus solidaires ? » Un pari réussi, d'autant plus que Quo vadis Aida ne tombe pas dans un sensationnalisme morbide. Le film est pudique : nul besoin de projeter le sang à l'écran pour amener les spectateurs à comprendre l'indicible.
Quelle vie possible après un tel traumatisme ? Plus de 25 ans après, la plaie demeure ouverte, rappelle ainsi La voix d’Aida, qui est une dédicace poignante aux femmes de Srebrenica et aux victimes dont près de 1 700 sont toujours portées disparues. Pour que personne n'oublie. Pour que justice soit faite. Pour que le monde sache aussi en tirer des leçons et donne véritablement corps au slogan « Plus jamais ça ».
La réalisatrice de Sarajevo, mon amour (2006) souhaite, au travers de son film, que « le spectateur se projette personnellement dans les événements de Srebrenica et se demande si quiconque aurait été là pour lui dans ces moments terribles. Dans quelle mesure ces événements se seraient-ils déroulés différemment si nous avions été plus solidaires ? » Un pari réussi, d'autant plus que Quo vadis Aida ne tombe pas dans un sensationnalisme morbide. Le film est pudique : nul besoin de projeter le sang à l'écran pour amener les spectateurs à comprendre l'indicible.
Quelle vie possible après un tel traumatisme ? Plus de 25 ans après, la plaie demeure ouverte, rappelle ainsi La voix d’Aida, qui est une dédicace poignante aux femmes de Srebrenica et aux victimes dont près de 1 700 sont toujours portées disparues. Pour que personne n'oublie. Pour que justice soit faite. Pour que le monde sache aussi en tirer des leçons et donne véritablement corps au slogan « Plus jamais ça ».
La voix d'Aida, de Jasmila Žbanić
Bosnie, Allemagne, France, 1h44
Avec Jasna Djuricic, Johan Heldenbergh, Boris Isaković
Sortie en salles le 22 septembre
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