Plusieurs personnalités de droit sont en course pour les primaires serrées qui va se jouer au sein des Républicains. On compte parmi ces candidats Jean-François Copé mais également Alain Juppé, qui se fait de plus en plus remarqué comme celui qui va battre tous les records lors des primaires. Or, un regard rapide sur les propositions de ces candidats permet de constater que les propositions sur la laïcité sont davantage liées à une volonté de récupération des voix d’extrême droite qu’à un véritable intérêt national sur la question.
Alors qu’Alain Juppé veut créer un délit d’entrave à la laïcité, Jean-François Copé prône, quant à lui, une interdiction générale du voile dans tous les établissements publics, et plus spécifiquement dans les hôpitaux afin de lutter contre le communautarisme. Il s’agit là d’une pure stratégie politique de communication puisque si une telle proposition émane du souhait de Jean-François Copé, il n’a alors pas lu les commentaires pourtant couverts par la presse nationale de l’Observatoire de la laïcité sur la question de la laïcité à l’hôpital. Tout y est passé en revue et, in fine, on voit que les directives apportent des solutions concrètes à la mise en place d’un principe de laïcité.
Car la grande différence est là : on oscille constamment entre mesures symboliques pour satisfaire l’électorat et mesures promises qui ne sont pas mises en application. Or, la mesure symbolique demeure dans l’ordre du symbole et ne bénéficie d’aucune concrétisation. Afin de pallier ces carences, l’Observatoire est venu clairement réaffirmer comment gérer le fait religieux à l’hôpital et une loi ne ferait que mettre sous les feux des projecteurs un problème qui a déjà été réglé.
Alors qu’Alain Juppé veut créer un délit d’entrave à la laïcité, Jean-François Copé prône, quant à lui, une interdiction générale du voile dans tous les établissements publics, et plus spécifiquement dans les hôpitaux afin de lutter contre le communautarisme. Il s’agit là d’une pure stratégie politique de communication puisque si une telle proposition émane du souhait de Jean-François Copé, il n’a alors pas lu les commentaires pourtant couverts par la presse nationale de l’Observatoire de la laïcité sur la question de la laïcité à l’hôpital. Tout y est passé en revue et, in fine, on voit que les directives apportent des solutions concrètes à la mise en place d’un principe de laïcité.
Car la grande différence est là : on oscille constamment entre mesures symboliques pour satisfaire l’électorat et mesures promises qui ne sont pas mises en application. Or, la mesure symbolique demeure dans l’ordre du symbole et ne bénéficie d’aucune concrétisation. Afin de pallier ces carences, l’Observatoire est venu clairement réaffirmer comment gérer le fait religieux à l’hôpital et une loi ne ferait que mettre sous les feux des projecteurs un problème qui a déjà été réglé.
Le danger de criminaliser les atteintes à une nouvelle laïcité
Quant à la nécessité d’introduire un délit de laïcité – d’ailleurs Jean-François Copé propose également de pénaliser les atteintes à la laïcité – , il s’agit d’une mesure répressive qui n’a que très peu de sens. La laïcité n’est pas une question de répression à la liberté ; elle comporte la faculté d’exercer une liberté de croyance. Lui donner une acception pénale va simplement concourir à la dénaturer et à lui donner une finalité qu’elle n’a pas. Puis comment mettre en pratique un tel délit ? Qui serait amené à le constater ?
En réalité, depuis quelques années déjà, on entre dans une ère où la laïcité perd son caractère originel et on est face à une post-laïcité ou, comme l’affirme Jean Baubérot, une nouvelle laïcité. Cette nouvelle laïcité est un instrument politique visant à déstabiliser une extrême droite qui s’est réapproprié ce concept. Or, la récupération des voix frontistes ne passe pas par le copier-coller des mesures proposées par ce parti ; au contraire, le risque est double puisque l’électorat concerné par cette nouvelle laïcité (les musulmans, pour faire court) va finir par déserter, si ce n’est pas déjà fait, les partis républicains classiques et l’alternance qui a marqué la vie politique française depuis ces dernières années.
Bien plus encore, cette criminalisation de la laïcité et cette absence de réflexion de fond dans une société mondialisée et qui se compare en permanence dans la recherche d’un système politique acceptable par tous, va ouvrir les portes à un très large marché pour Daesh qui va pouvoir accroitre ses recrutements sur la base des discours connus à l’égard des pays « mécréants » ou « infidèles » comme il l’affirme si bien. Puisque ce que veut Daesh est bel est bien l’implosion interne et ces législations qui visent constamment la même catégorie de citoyens français et contribuent directement à cette implosion.
Désormais, même le Pape François le fait remarquer, la France a tendance à exagérer la notion de laïcité !
*****
Asif Arif est avocat au Barreau de Paris et chargé d’enseignement à l’Université Paris-Dauphine. Il intervient ponctuellement en Libertés publiques à l’Ascencia Business School. Il milite depuis plusieurs années en faveur des minorités religieuses. Il est l’auteur de L’Ahmadiyya : un islam interdit.
Lire aussi :
Islam : la France exagère avec la laïcité selon le pape François
Estrosi fait une distinction entre le voile et la kippa : la laïcité, elle, n’en fait pas
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Asif Arif est avocat au Barreau de Paris et chargé d’enseignement à l’Université Paris-Dauphine. Il intervient ponctuellement en Libertés publiques à l’Ascencia Business School. Il milite depuis plusieurs années en faveur des minorités religieuses. Il est l’auteur de L’Ahmadiyya : un islam interdit.
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