Durant ces quinze dernières années l’Etat a cruellement souffert de l’absence d’un interlocuteur pour représenter le culte musulman. Auparavant, la France sous-traitait ces populations musulmanes - composées en majorité d’ouvriers étrangers venus combler le manque de main d’œuvre de la France des trente glorieuses – par les pays d’origine au travers des amicales algériennes ou des instituteurs envoyés par le Maroc.
Aujourd’hui, une grande partie de la population musulmane est devenue française. Ce n’est pourtant que vers la fin des années quatre vingt que les politiques prennent conscience que l’islam n’est plus une réalité étrangère mais la seconde religion de France. Commencent, alors, les entreprises étatiques pour faire émerger une instance de représentation. De Pierre Joxe à Charles Pasqua, ces initiatives vont pourtant toutes échouer. Contrairement, aux croyances répandues, les musulmans ne forment pas un bloc monolithique. Divers mouvements et différentes sensibilités et ethnies composent les musulmans de France. C’est en tenant compte de cette réalité que le ministre de l’intérieur, Jean Pierre Chevènement, lance en 1999 « l’Istichâra » (ndr : la consultation) et entame le dossier de la représentation du culte musulman. Cette consultation connaîtra des hauts et des bas, mais le ministère de l’intérieur et des cultes ne lâchera pas prise. Son interventionnisme est dénoncé comme une violation de la loi 1905 par les acteurs musulmans opposés aux modalités de la consultation.
Le changement politique en mai 2002 ne remet pas en cause le processus mais, au contraire, confirme l’importance et la nécessité de le continuer. Selon les souhaits du président de la république, le processus de la représentativité du culte musulman va être le deuxième dossier du ministère de l’intérieur juste après la sécurité.