Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a accueilli, samedi 5 février, la première édition du Forum de l’islam de France (FORIF). © Saer Said / Saphirnews
Le FORIF, LA formule qui augure des lendemains meilleurs pour l'organisation du culte musulman en France ? C'est le nouveau format de dialogue avec les musulmans que choisit d'instaurer l'Etat, qui évince sans ménagement le Conseil français du culte musulman (CFCM) de son rôle d'interlocuteur des pouvoirs publics qui lui était attribué à sa création en 2003.
Plus encore, le FORIF minore très nettement le poids des fédérations dans la restructuration de l'islam, au profit d'acteurs locaux forts de leur légitimité qu'ils tirent principalement de leur ancrage sur le terrain et de leur expertise, dans la continuité des Assises territoriales de l'islam de France (ATIF) organisées depuis 2018.
Plus encore, le FORIF minore très nettement le poids des fédérations dans la restructuration de l'islam, au profit d'acteurs locaux forts de leur légitimité qu'ils tirent principalement de leur ancrage sur le terrain et de leur expertise, dans la continuité des Assises territoriales de l'islam de France (ATIF) organisées depuis 2018.
Une volonté de rupture nette avec le passé
C'est au Palais d'Iéna, siège du Conseil économique social et environnemental (CESE), que l'installation du FORIF a été actée samedi 5 février ; « le symbole de la reconnaissance de votre engagement au service de la République, comme Français, comme citoyens, comme musulmans », des mots du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Quelque 80 acteurs musulmans issus pour l’écrasante majorité des quatre groupes de travail en place - ont été conviés. Après une série de réunions en visioconférence en janvier coordonnées par le Bureau central des cultes, une session en présentiel a été organisée avant la plénière, « dans une très bonne ambiance générale », nous souffle-t-on. S’en est suivie une restitution des travaux l'après-midi devant le locataire de la Place Beauvau.
Bien qu'absent, l'ombre du chef de l'Etat Emmanuel Macron – représenté par Bariza Khiari – planait au cours de cette journée qui signe « une nouvelle ère » pour l'islam de France. Le FORIF est en effet la résultante d'une volonté élyséenne claire de débrancher non seulement un CFCM dont les querelles internes incessantes ont fatigué plus d'un au sein de l'exécutif comme parmi les musulmans, mais aussi d'en finir avec « l'islam consulaire » incarné par des fédérations liées essentiellement à l'Algérie, au Maroc et à la Turquie. En ce sens, l'exécutif reste déterminé à mettre fin au système des imams détachés d'ici à 2024.
Face au danger du terrorisme, et « dans la situation que vit notre pays confronté à la montée des périls populistes, qui prétendent exclure une partie de la communauté nationale sous prétexte de leurs aspirations religieuses, l'Etat attend plus que du symbole : il faut désormais des actes forts », martèle à la tribune Gérald Darmanin. « La représentation du culte musulman doit désormais tenir compte d'une réalité qui a changé. Bien plus que la moitié des musulmans de notre pays sont des Français nés en France », poursuit le ministre, qui présente le nouveau format de dialogue avec l’Etat comme « plus ouvert, plus divers, plus représentatif de la diversité de l'islam de France ».
Bien qu'absent, l'ombre du chef de l'Etat Emmanuel Macron – représenté par Bariza Khiari – planait au cours de cette journée qui signe « une nouvelle ère » pour l'islam de France. Le FORIF est en effet la résultante d'une volonté élyséenne claire de débrancher non seulement un CFCM dont les querelles internes incessantes ont fatigué plus d'un au sein de l'exécutif comme parmi les musulmans, mais aussi d'en finir avec « l'islam consulaire » incarné par des fédérations liées essentiellement à l'Algérie, au Maroc et à la Turquie. En ce sens, l'exécutif reste déterminé à mettre fin au système des imams détachés d'ici à 2024.
Face au danger du terrorisme, et « dans la situation que vit notre pays confronté à la montée des périls populistes, qui prétendent exclure une partie de la communauté nationale sous prétexte de leurs aspirations religieuses, l'Etat attend plus que du symbole : il faut désormais des actes forts », martèle à la tribune Gérald Darmanin. « La représentation du culte musulman doit désormais tenir compte d'une réalité qui a changé. Bien plus que la moitié des musulmans de notre pays sont des Français nés en France », poursuit le ministre, qui présente le nouveau format de dialogue avec l’Etat comme « plus ouvert, plus divers, plus représentatif de la diversité de l'islam de France ».
Fini le temps de l’interlocuteur unique pour l’Etat
La nouveauté avec le FORIF, calqué sur le modèle allemand, réside dans le fait qu'il est pensé comme une plateforme au fonctionnement souple, « directement fondé sur l'investissement des acteurs de terrain », dans laquelle les thématiques des groupes de travail comme leur composition sont amenées à évoluer dans le temps.
Sans existence légale (à ce stade), sans chef... une formule originale qui pourrait tout de même poser un problème à terme sur le plan de la représentation nationale pour l'Etat. Mais le choix est assumé pour le ministre : « Nous avons appris des enseignements des échecs du CFCM. (…) Désormais, il n'y aura plus pour le gouvernement de représentant unique du culte musulman, compétent sur tous les sujets, mais des collectifs organisés par thématiques pour obtenir des résultats concrets, qui se réuniront à échéance régulière. »
Quand bien même « nous avons également besoin d'une instance de dialogue nationale, parce que certains sujets méritent d'être traités à ce niveau », « il ne revient pas à la République laïque d'instituer un "Conseil central des musulmans de France". Désormais, nous accueillerons tous les acteurs constructifs, indépendants, ouverts et s'inscrivant parfaitement dans la République ».
Sans existence légale (à ce stade), sans chef... une formule originale qui pourrait tout de même poser un problème à terme sur le plan de la représentation nationale pour l'Etat. Mais le choix est assumé pour le ministre : « Nous avons appris des enseignements des échecs du CFCM. (…) Désormais, il n'y aura plus pour le gouvernement de représentant unique du culte musulman, compétent sur tous les sujets, mais des collectifs organisés par thématiques pour obtenir des résultats concrets, qui se réuniront à échéance régulière. »
Quand bien même « nous avons également besoin d'une instance de dialogue nationale, parce que certains sujets méritent d'être traités à ce niveau », « il ne revient pas à la République laïque d'instituer un "Conseil central des musulmans de France". Désormais, nous accueillerons tous les acteurs constructifs, indépendants, ouverts et s'inscrivant parfaitement dans la République ».
Le financement, une lourde préoccupation
Construire l'après-CFCM est une gageure. « Sans une réflexion sérieuse sur le financement du culte musulman, les propositions qui sortiront des quatre ateliers du FORIF n’auront aucune chance de prospérer », estime dans une tribune parue sur Saphirnews Mohammed Moussaoui, qui préside par intérim jusqu’au 19 février. Les participants en sont conscients : la question du financement, transversale à l’ensemble des travaux, a été naturellement soulevée au cours des discussions. La décision a donc été prise au CESE de créer un groupe de travail dédié.
Sur ce point, l'Association musulmane pour l'islam de France (AMIF), représentée par Hakim El Karoui, a été conviée pour présenter les pistes sur lesquelles elle a engagé le travail. Près de trois ans après sa création, la structure n'est toujours pas opérationnelle mais le lancement du FORIF est perçu comme une opportunité par des membres de l’AMIF de relancer la machine en l’ouvrant à de nouvelles énergies.
Sur ce point, l'Association musulmane pour l'islam de France (AMIF), représentée par Hakim El Karoui, a été conviée pour présenter les pistes sur lesquelles elle a engagé le travail. Près de trois ans après sa création, la structure n'est toujours pas opérationnelle mais le lancement du FORIF est perçu comme une opportunité par des membres de l’AMIF de relancer la machine en l’ouvrant à de nouvelles énergies.
La satisfaction s'est lue sur de nombreux visages parmi lesquelles se trouvaient Abdelhaq Nabaoui, directeur de l'École nationale des cadres religieux et aumôniers militaires (ENCRAM), ou encore Yacine Hilmi, président de l'association Hozes, pour qui « un changement générationnel s’opère » à travers le FORIF.
Ce premier rendez-vous du FORIF, qui se veut annuel, ne signe pas la fin prochaine des problèmes relatifs à l'organisation du culte musulman, loin de là. Il constitue, pour les acteurs de bonne volonté, un point d'étape visant à lancer une dynamique de groupe positive que le CFCM n'a pas su insuffler pour faire avancer des chantiers ô combien importants. « C'est à vous que revient la responsabilité de vous organiser et de faire vivre ces projets, prévient Gérald Darmanin. L'Etat n'est légitime que pour faire respecter l'ordre public, dans un cadre renforcé par la loi confortant le respect des principes de la République. » « Une opportunité est offerte à nous, musulmans, nous indique une participante enthousiaste qui a souhaité rester anonyme. A nous de nous en saisir. »
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