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Société

Le groupe scolaire musulman Al-Kindi perd ses contrats avec l'Etat, « une islamophobie d'Etat » dénoncée

Rédigé par | Samedi 11 Janvier 2025 à 10:25

           

Le couperet est tombé. La préfecture d’Auvergne-Rhône-Alpes a décidé, vendredi 10 janvier, de résilier les trois contrats liant l'Etat au groupe scolaire musulman Al-Kindi. Celle-ci a vivement critiqué une décision politique « ressentie comme l'expression d'une islamophobie d'Etat qui ne prend désormais plus la peine de se masquer ».



Le groupe scolaire musulman Al-Kindi perd ses contrats avec l'Etat, « une islamophobie d'Etat » dénoncée
La préfecture d’Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé, vendredi 10 janvier, sa décision de résilier les contrats d’association liant l’Etat au groupe scolaire Al-Kindi, situé à Décines-Charpieu, près de Lyon, en raison de « manquements pédagogiques », « administratifs » et d’« atteintes aux valeurs de la République ». Les trois contrats d'association signés avec l’école élémentaire, le collège et le lycée sont désormais suspendus.

La direction du groupe scolaire a réagi dans la soirée par un communiqué cinglant dénonçant la décision préfectorale, rendue un mois après la commission de concertation académique Injuste à leurs yeux, elle entend bien la contester en référé devant la justice administrative.

« L'Etat rompt le contrat social », estiment ses responsables, qui s'offusquent « d'un mépris constant de son interlocuteur » par l'Etat dont le choix met en péril l'avenir d'un groupe scolaire « pourtant unanimement reconnu pour son excellence éducative ». L'annonce de la résiliation « s'est d'abord fait à la presse sans en informer le groupe scolaire au préalable, dénotant clairement la volonté de communication politique ayant précédé une telle décision ». Avec la rupture des contrats, « l'Etat envoie un signal très clair à la composante musulmane de notre pays : elle ne fait pas partie de la nation et n'a pas le droit aux même traitement que les autres puisqu'aujourd'hui il n'y a plus de lycée musulman sous contrat d'association avec l'Etat ».

Une décision politique marquant une « rupture de l'égalité républicaine »

Al-Kindi, qui accueille aujourd'hui quelque 600 élèves, rappelle avoir apporté « des mesures correctrices importantes » afin de « lever toutes les difficultés dénoncées par l'État ». « Le CDI a fait l'objet d'un contrôle renforcé avec retrait des publications litigieuses. Le règlement intérieur, pourtant inspiré d'autres établissements privés, a été amendé. Le personnel qui a tenu des propos relevés par la préfecture a été écarté du corps enseignant », indique la direction. Des mesures insuffisantes donc pour la préfecture, qui estime que les manquements reprochés à Al-Kindi sont « loin d’être une série de faits isolés » et qu'elles « démontrent une proximité des établissements avec la pensée des Frères musulmans dont le projet est contraire aux valeurs de la République ».

Pour Al-Kindi, « le caractère politique de la décision ne fait pas de doute : tout convainc de ce que la décision de résiliation se fonde sur un projet étatique défavorable aux projets issus de la composante musulmane, précisément parce que musulmans », poursuit-elle, en rappelant le traitement spécifique réservé au lycée parisien Stanislas. « La résiliation restera, dans ces circonstances, la marque de la rupture de l'égalité républicaine, derrière laquelle se cache hypocritement tant de membres du sérail politique » et « s'inscrit, pour les citoyens de confession musulmane, dans une logique de relégation sociale qui, sous couvert de lutte contre le séparatisme, aura été voulue, préparée et implacablement mise en œuvre par l'exécutif ».

« En soi, ressentie comme l'expression d'une islamophobie d'Etat qui ne prend désormais plus la peine de se masquer, le message adressé aux musulmans, par cette résiliation, est des plus violents : "Nous ne voulons pas de vous, même et surtout quand vous réussissez" », écrit Al-Kindi, qui a ouvert ses portes en 2007. « Pour la République, et pour la France, nous ne l'accepterons jamais. »

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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