Les portes du sanctuaire d'Ajmer, dites les portes du paradis, en Inde. © DR
L’Inde, terre d’une diversité culturelle inégalée, a toujours été un berceau d’inclusivité où d’innombrables croyances, traditions et philosophies coexistent depuis des siècles. Parmi les contributeurs les plus remarquables à cet esprit figurent les traditions soufies, qui continuent d’imprégner profondément le tissu culturel de la nation au plus de 1,4 milliard d’habitants. Le soufisme, porteur d’un message d’amour, d’harmonie et d’universalité, transcende les frontières religieuses et incarne l’essence même de l’Inde.
En ce début d’année 2025, ce message a trouvé un écho renouvelé lors de la commémoration du décès du saint soufi indien du XIIe siècle, Khwaja Moinuddin Chishty, et met en valeur le rôle que joue aujourd’hui le soufisme dans le renforcement de l’unité de l’Inde.
En ce début d’année 2025, ce message a trouvé un écho renouvelé lors de la commémoration du décès du saint soufi indien du XIIe siècle, Khwaja Moinuddin Chishty, et met en valeur le rôle que joue aujourd’hui le soufisme dans le renforcement de l’unité de l’Inde.
L’essence des traditions soufies indiennes
Le soufisme, branche mystique de l’islam, met l’accent sur la purification de l’âme, l’unité de l’humanité et la dévotion au divin. Les saints soufis, arrivés en Inde il y a plus de huit siècles, ont bâti des ponts entre les cultures, les communautés et les confessions. Leurs enseignements, exprimés à travers la poésie, la musique et leurs exemples de vie, répondaient au désir universel de paix et d’amour, rendant leur message accessible à tous, quelle que soit leur foi ou leur classe sociale.
Khwaja Moinuddin Chishty, connu sous le nom de Gharib Nawaz (Bienfaiteur des Pauvres), incarne parfaitement cette tradition. Son dargah, sanctuaire situé à Ajmer au Rajasthan (Inde), demeure un phare d’espoir, attirant chaque année des millions de visiteurs issus de tous horizons. Son message, enraciné dans la compassion et le service, continue d’inspirer l’esprit inclusif de l’Inde. Le langar (distribution de nourriture aux plus démunis) de son sanctuaire illustre cette inclusivité en nourrissant des millions de personnes sans distinction de caste, de croyance ou de statut—un témoignage vivant de l’égalité prônée par le soufisme.
Khwaja Moinuddin Chishty, connu sous le nom de Gharib Nawaz (Bienfaiteur des Pauvres), incarne parfaitement cette tradition. Son dargah, sanctuaire situé à Ajmer au Rajasthan (Inde), demeure un phare d’espoir, attirant chaque année des millions de visiteurs issus de tous horizons. Son message, enraciné dans la compassion et le service, continue d’inspirer l’esprit inclusif de l’Inde. Le langar (distribution de nourriture aux plus démunis) de son sanctuaire illustre cette inclusivité en nourrissant des millions de personnes sans distinction de caste, de croyance ou de statut—un témoignage vivant de l’égalité prônée par le soufisme.
L’offrande d’une étoffe sacrée par le Premier ministre indien : un symbole d’unité
Dans un geste marquant l’héritage durable des traditions soufies en Inde, le Premier ministre Narendra Modi envoie chaque année un chadar cérémoniel (étoffe à la valeur sacrée, destinée à recouvrir le tombeau du saint) au dargah d’Ajmer à l’occasion de l’Urs, la commémoration de la disparition de Khwaja Gharib Nawaz, appelée également dans le soufisme les noces divines. Cet acte reflète profondément le respect du gouvernement pour les enseignements du saint soufi et son rôle dans l’unification des peuples, au-delà des divisions religieuses et sociales.
Lors d’une visite au dargah d’Ajmer samedi 4 janvier, le ministre des Affaires des Minorités, Kiren Rijiju, a souligné l’importance de telles traditions dans la préservation du riche héritage inclusif de l’Inde. Il a déclaré : « Le dargah d’Ajmer Sharif n’est pas qu’un sanctuaire ; c’est un symbole de l’esprit pluraliste et inclusif de l’Inde. L’offrande du Premier ministre est un message d’harmonie et d’unité pour la nation et le monde. »
Lors d’une visite au dargah d’Ajmer samedi 4 janvier, le ministre des Affaires des Minorités, Kiren Rijiju, a souligné l’importance de telles traditions dans la préservation du riche héritage inclusif de l’Inde. Il a déclaré : « Le dargah d’Ajmer Sharif n’est pas qu’un sanctuaire ; c’est un symbole de l’esprit pluraliste et inclusif de l’Inde. L’offrande du Premier ministre est un message d’harmonie et d’unité pour la nation et le monde. »
Le rôle du soufisme dans le renforcement de l’unité de l’Inde
Les traditions soufies ont historiquement joué un rôle essentiel dans la cohésion sociale. Les saints soufis utilisaient les langues vernaculaires pour communiquer leurs idées à travers des poèmes et des chansons, créant ainsi des liens profonds avec la population locale. Des figures comme Hazrat Nizamuddin Auliya à Delhi et Baba Farid au Pendjab ont dénoncé l’intolérance religieuse et promu une fraternité universelle.
Leurs sanctuaires, dispersés à travers l’Inde, sont devenus des espaces où l’harmonie spirituelle et communautaire prospérait. Même en période de troubles sociaux et politiques, ces lieux ont servi de sanctuaires de paix et de tolérance. Les qawwali et autres traditions musicales soufies sont aujourd’hui des symboles de synthèse culturelle, fusionnant influences persanes, arabes, turques et indiennes dans une expression harmonieuse.
Leurs sanctuaires, dispersés à travers l’Inde, sont devenus des espaces où l’harmonie spirituelle et communautaire prospérait. Même en période de troubles sociaux et politiques, ces lieux ont servi de sanctuaires de paix et de tolérance. Les qawwali et autres traditions musicales soufies sont aujourd’hui des symboles de synthèse culturelle, fusionnant influences persanes, arabes, turques et indiennes dans une expression harmonieuse.
Un rappel de l’héritage pluraliste de l’Inde
Dans un monde de plus en plus divisé, l’esprit inclusif du soufisme rappelle ce qui nous unit en tant qu’êtres humains. Le soufisme ne cherche ni à convertir ni à conquérir ; il vise à unir. Cette philosophie s’aligne parfaitement avec l’ancienne conception indienne de Vasudhaiva Kutumbakam — « le monde est une seule famille ».
En Inde, où les débats sur l’identité dominent souvent le discours public, le soufisme se dresse comme un contre-récit, un appel à revenir aux principes fondamentaux de coexistence et de respect mutuel. Les traditions soufies nous rappellent que l’accomplissement spirituel réside non dans l’exclusion, mais dans l’acceptation de la diversité.
En Inde, où les débats sur l’identité dominent souvent le discours public, le soufisme se dresse comme un contre-récit, un appel à revenir aux principes fondamentaux de coexistence et de respect mutuel. Les traditions soufies nous rappellent que l’accomplissement spirituel réside non dans l’exclusion, mais dans l’acceptation de la diversité.
Perspectives pour l’avenir : préserver l’héritage soufi et célébrer l’esprit multiculturel
Alors que l’Inde moderne progresse, il est impératif de nourrir et de célébrer ces traditions qui définissent son identité depuis des siècles. Le patrimoine des sanctuaires soufis et leurs messages d’amour doivent être préservés, non comme des reliques du passé, mais comme des outils essentiels pour relever les défis contemporains d’intolérance et de discorde.
Investir dans la restauration de ces sanctuaires, soutenir leurs expressions culturelles et promouvoir des dialogues interconfessionnels inspirés des enseignements soufis peut garantir la pérennité de ces traditions. L’intégration de la littérature, de la poésie et de la musique soufies dans les programmes éducatifs permettra également aux jeunes générations de se reconnecter à ces valeurs intemporelles.
Les traditions soufies de l’Inde ne constituent pas seulement un héritage spirituel : elles offrent une voie vers un avenir inclusif et harmonieux. Des gestes comme l’offrande du chadar par le Premier ministre et les propos du ministre Rijiju témoignent du profond respect de l’Inde pour son patrimoine soufi. En célébrant le soufisme, nous célébrons le meilleur de l’esprit pluraliste de l’Inde. Comme le disait le poète Rûmî, l’une des figures les plus vénérées du soufisme : « Au-delà des idées du bien et du mal, il y a un jardin. Je t’y retrouverai. » Ce jardin est l’essence du soufisme—et l’âme de l’Inde. Assurons-nous qu’il demeure vivant et vibrant, car c’est un don pour la nation et pour le monde.
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Haji Syed Salman Chishty est le Gaddi Nashin, serviteur héréditaire du mausolée saint du dargah d’Ajmer Sharif au Rajasthan, en Inde. Il est guide spirituel de l’ordre soufi Chishty et président de la Fondation Chishty. La contribution a été traduite par Carole Latifa Ameer.
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La spiritualité, vecteur d’une paix intérieure et universelle
Investir dans la restauration de ces sanctuaires, soutenir leurs expressions culturelles et promouvoir des dialogues interconfessionnels inspirés des enseignements soufis peut garantir la pérennité de ces traditions. L’intégration de la littérature, de la poésie et de la musique soufies dans les programmes éducatifs permettra également aux jeunes générations de se reconnecter à ces valeurs intemporelles.
Les traditions soufies de l’Inde ne constituent pas seulement un héritage spirituel : elles offrent une voie vers un avenir inclusif et harmonieux. Des gestes comme l’offrande du chadar par le Premier ministre et les propos du ministre Rijiju témoignent du profond respect de l’Inde pour son patrimoine soufi. En célébrant le soufisme, nous célébrons le meilleur de l’esprit pluraliste de l’Inde. Comme le disait le poète Rûmî, l’une des figures les plus vénérées du soufisme : « Au-delà des idées du bien et du mal, il y a un jardin. Je t’y retrouverai. » Ce jardin est l’essence du soufisme—et l’âme de l’Inde. Assurons-nous qu’il demeure vivant et vibrant, car c’est un don pour la nation et pour le monde.
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Haji Syed Salman Chishty est le Gaddi Nashin, serviteur héréditaire du mausolée saint du dargah d’Ajmer Sharif au Rajasthan, en Inde. Il est guide spirituel de l’ordre soufi Chishty et président de la Fondation Chishty. La contribution a été traduite par Carole Latifa Ameer.
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