De l'aveu de certains journalistes présents, six jeunes femmes, citoyennes de confession musulmane portant le voile, et venues célébrer la république et la laïcité, ont été discrètement écartées de la manifestation par la police. Ce rassemblement s'est tenu à Paris, mardi 06 mai 2003, sous le slogan « Rassemblement Républicain pour la Laïcité ».
Voici un courrier d'un manifestant destiné au maire de Paris.
Monsieur le Maire de Paris,
Hier, le 05 mai 2003, un rassemblement républicain était organisé sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris. Citoyen français de confession musulmane, je me suis empressé d'y assister avec plusieurs de mes camarades dont plusieurs citoyennes françaises munies naturellement de leur foulard. Comme vous, nous sommes attachés aux valeurs de la République à savoir la liberté, la laïcité, l'égalité, qui permettent à tous citoyens la liberté d'opinion et de pensée. Nul ne doit être inquiété pour son appartenance à telle ou telle religion.
Cependant, des groupes de jeunes, et certains un peu plus âgés, ont vite manifesté leur hostilité à notre présence. Tout d'abord, nous étions systématiquement dérangés ce qui nous empêchait d'écouter les différents intervenants. Munis du drapeau tricolore, nous tentions tant bien que mal d'écouter les discours malgré une menace qui grandissait. La police, présente et inquiète pour notre sécurité, s'est postée tout autour de nous. Des groupes extrémistes du « bétar », terme que l'un des policiers a utilisé, manifestaient de plus en plus leur hostilité en se rapprochant de nous, avec des bras d'honneur et slogan des termes comme : « Vous n'avez rien à faire ici ».
Le chef de la police a appelé des renforts de CRS pour assurer davantage notre protection en les postant face à ces extrémistes pour éviter qu'on se fasse taper dessus. Nous étions toujours entourés efficacement par des policiers. La menace se faisait grande et au bout d’une heure trente, le chef de la police nous a aimablement invités à quitter les lieux, pour notre sécurité et surtout celle des femmes qui nous accompagnaient, ce que nous avons accepté avec tristesse. Comme vous le savez, c’est avec violence que ces groupes extrémistes s'en prennent aux femmes munies de leur foulard lors des manifestations.
Un rassemblement sous le signe de l'égalité et la liberté, la fraternité, la laïcité et contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie et l'intolérance s'est terminé par le départ forcé de citoyens français et françaises de confession musulmane escortés par la police et les CRS jusqu'à l'entrée du métro car nous étions menacés par des groupes racistes et islamophobes.
Veuillez croire, monsieur le Maire, en ma profonde inquiétude. Et j'espère que mon message attirera votre attention et que cet incident ne restera pas sans suite de votre part.
Veuillez recevoir, monsieur le Maire, l'expression des mes sincères salutations.
Firaoui Brahim
Un citoyen français de confession musulmane