© SRAB Films/Rectangle Productions/ Lyly Films
Un univers parallèle ? Non. Un portrait impitoyable d'une société aux limites du réel ? Même pas. Avec Les Misérables, il s'agit plutôt d'une immersion en apnée dans un microcosme dont les équilibres sont perpétuellement sur le fil du rasoir.
La tension est à couper au couteau pendant 1h40 dans le film de Ladj Ly. Le cinéaste français, réalisateur de plusieurs documentaires dont 365 jours à Clichy-Montfermeil, tourné après des émeutes de 2005 dans les banlieues, ou encore « A voix haute », signe là son premier long métrage de fiction dans lequel il n'épargne personne : adultes, femmes, enfants, adolescents, policiers, criminels... et surtout pas les spectateurs. Personne ne trouve le salut. Juste une certitude à la fin du film, sculptée à l'encre du sage stylo de Victor Hugo : « Mes amis, retenez ceci : il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs. »
Avant d'arriver à l’édition 2019 du Festival de Cannes, Les Misérables était un court-métrage né d'un fait réel, un cas de violence policière survenu contre un jeune garçon, le 14 octobre 2008, à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis. Le film est directement inspiré de ce triste fait. Autour de ce sujet, le scénario entrelace, avec audace et réalisme, des thématiques complexes telles que le sentiment d’appartenance à une communauté nationale, l’exclusion sociale, les violences et les abus de pouvoir.
Lire aussi : Primé à Cannes, Les Misérables remet le débat sur les violences policières sur le devant de la scène
La tension est à couper au couteau pendant 1h40 dans le film de Ladj Ly. Le cinéaste français, réalisateur de plusieurs documentaires dont 365 jours à Clichy-Montfermeil, tourné après des émeutes de 2005 dans les banlieues, ou encore « A voix haute », signe là son premier long métrage de fiction dans lequel il n'épargne personne : adultes, femmes, enfants, adolescents, policiers, criminels... et surtout pas les spectateurs. Personne ne trouve le salut. Juste une certitude à la fin du film, sculptée à l'encre du sage stylo de Victor Hugo : « Mes amis, retenez ceci : il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs. »
Avant d'arriver à l’édition 2019 du Festival de Cannes, Les Misérables était un court-métrage né d'un fait réel, un cas de violence policière survenu contre un jeune garçon, le 14 octobre 2008, à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis. Le film est directement inspiré de ce triste fait. Autour de ce sujet, le scénario entrelace, avec audace et réalisme, des thématiques complexes telles que le sentiment d’appartenance à une communauté nationale, l’exclusion sociale, les violences et les abus de pouvoir.
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Vingt-quatre heures d'apnée
L'intrigue se déroule en vingt-quatre heures, aussi longues qu'un saut dans le vide. Dans la première scène, on voit Issa (Issa Perica), un jeune patriote enroulé dans le drapeau français, célébrant la finale de la Coupe du Monde 2018 et les couleurs de la France, le sourire aux lèvres.
Dans la scène finale, vingt-quatre heures plus tard, le même garçon ressemble à une autre personne. Il est défiguré et transfiguré par le traumatisme de la violence subie et le terrible désir de justice, même sommaire. Le cercle de la vie de Ladj Ly s'ouvre et se referme sur deux images tragiquement symétriques mais diamétralement opposées : celle d'un enfant qui a payé de son innocence le prix de sa naissance dans une banlieue difficile.
Dans la scène finale, vingt-quatre heures plus tard, le même garçon ressemble à une autre personne. Il est défiguré et transfiguré par le traumatisme de la violence subie et le terrible désir de justice, même sommaire. Le cercle de la vie de Ladj Ly s'ouvre et se referme sur deux images tragiquement symétriques mais diamétralement opposées : celle d'un enfant qui a payé de son innocence le prix de sa naissance dans une banlieue difficile.
Le Bon, la Brute et le Truand
Les deux policiers censés maintenir l’ordre dans le quartier, Chris (Alexis Manenti) et Gwada (Djebril Zonga), se baladent en dérangeant les filles aux arrêts de bus et s’en prennent à une bande de gamins un peu voyous mais néanmoins impuissants, tout en maintenant des relations ambiguës avec les « institutions » du quartier parmi lesquels « le maire » (Steve Tientcheu).
Stéphane Ruiz (Damien Bonnard), policier de la BAC (Brigade anti-criminalité), qui vient tout juste d'être transféré de Cherbourg et de rejoindre l’équipe de Chris, reste dans un premier temps sidéré et désarmé face aux méthodes peu orthodoxes de ses collègues. On pourrait aussi les appeler Le Bon, la Brute et le Truand, en hommage à Sergio Leone : la caricature des trois flics - entre le drôle, l'humain et le haineux - est si évidente que l’on peut croire que tout est voulu.
Mais l'entrelacement d'histoires et de personnages aussi absurdes que réels - comme Buzz (Al-Hassan Ly), le geek qui filme avec son drone, entre autres choses, les abus des policiers sur Issa - et le rythme soutenu qui retient notre souffle jusqu'au bout - tragique, brusque et imprévisible - font de ce film un coup de maître qui dépasse la caricature et devient une dénonciation nécessaire, au nom de tous les enfants dont le futur est compromis.
Les Misérables, qui cumule, signe de son beau succès, plus de 540 000 entrées en une semaine après sa sortie en salles le 20 novembre, gagne à juste titre les applaudissements du jury de Cannes. Et les nôtres aussi.
Mise à jour mercredi 25 décembre : Le film a dépassé, en cinq semaines d'exploitation, les 1,5 million d'entrées.
Stéphane Ruiz (Damien Bonnard), policier de la BAC (Brigade anti-criminalité), qui vient tout juste d'être transféré de Cherbourg et de rejoindre l’équipe de Chris, reste dans un premier temps sidéré et désarmé face aux méthodes peu orthodoxes de ses collègues. On pourrait aussi les appeler Le Bon, la Brute et le Truand, en hommage à Sergio Leone : la caricature des trois flics - entre le drôle, l'humain et le haineux - est si évidente que l’on peut croire que tout est voulu.
Mais l'entrelacement d'histoires et de personnages aussi absurdes que réels - comme Buzz (Al-Hassan Ly), le geek qui filme avec son drone, entre autres choses, les abus des policiers sur Issa - et le rythme soutenu qui retient notre souffle jusqu'au bout - tragique, brusque et imprévisible - font de ce film un coup de maître qui dépasse la caricature et devient une dénonciation nécessaire, au nom de tous les enfants dont le futur est compromis.
Les Misérables, qui cumule, signe de son beau succès, plus de 540 000 entrées en une semaine après sa sortie en salles le 20 novembre, gagne à juste titre les applaudissements du jury de Cannes. Et les nôtres aussi.
Mise à jour mercredi 25 décembre : Le film a dépassé, en cinq semaines d'exploitation, les 1,5 million d'entrées.
Les Misérables, de Ladj Ly, France, 1h42
Avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djibril Zonga
Sortie en salles le 20 novembre 2019
Lire aussi :
Banlieusards : le challenge cinématographique relevé par Kery James
Swagger : filmer la banlieue avec classe
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