Une jeune femme lisant le Coran par le peintre turc Osman Hamdi Bey (Turquie, 1842-1910), vers 1880. Huile sur toile 41,1 x 51 cm Collection privée.
Préjugés, ignorance, idées reçues, simplifications, erreurs d’interprétation, voire détournements… Depuis le 7e siècle, il faut bien reconnaître que les interprétations du message du Prophète Muhammad et du texte sacré qu’il a eu pour mission de transmettre à l’humanité, a été bien malmené. Sinon trahi, instrumentalisé. Il en a d’ailleurs été ainsi avec la plupart des transmissions religieuses. Ainsi sont les hommes.
Karima Berger s’attaque donc courageusement à cette question : « Un jour un voile sera levé sur ce paradoxe : l’infériorité de la femme au plan juridique et sa supériorité sur le plan spirituel. (…) La femme domine la culture coranique mais son lieu de résidence est la nuit. »
Les gardiennes du secret propose donc une lecture intime du Coran, une lecture de femme libre et sincère, aidée d’auteurs qui se sont délibérément placés au-delà de tous ces préjugés, dont Ibn Arabi et l’émir Abdelkader, cette belle figure historique de la résistance algérienne à la colonisation française.
« Les gardiennes du secret », écrit Karima Berger en préambule, « c’est une promesse (que) j’ai faite il y a longtemps à ces femmes qui peuplent ma psychologie musulmane ». Elle ressuscite au fil des pages des figures marquantes de l’histoire de l’islam : Khadidja, Aïcha, Asya, l’épouse de pharaon, Marie, Hafsa, Zoulaikha, Balqis, la reine de Saba, Rabia el Adawouia, Fatima, la fille du Prophète, et Isabelle Eberhardt, la plus moderne d’entre elles, l’une des premières Européennes à s’engager dans la voie soufie à la fin du 19e siècle, où elle a trouvé la possibilité de vivre l’intensité de sa recherche d’absolu.
Ce qui les réunit aux yeux de l’auteure, c’est ce verset du Coran (4, 34) : « Les femmes vertueuses et pieuses sont les gardiennes du mystère de ce que Dieu garde dans le mystère. »
Karima Berger s’attaque donc courageusement à cette question : « Un jour un voile sera levé sur ce paradoxe : l’infériorité de la femme au plan juridique et sa supériorité sur le plan spirituel. (…) La femme domine la culture coranique mais son lieu de résidence est la nuit. »
Les gardiennes du secret propose donc une lecture intime du Coran, une lecture de femme libre et sincère, aidée d’auteurs qui se sont délibérément placés au-delà de tous ces préjugés, dont Ibn Arabi et l’émir Abdelkader, cette belle figure historique de la résistance algérienne à la colonisation française.
« Les gardiennes du secret », écrit Karima Berger en préambule, « c’est une promesse (que) j’ai faite il y a longtemps à ces femmes qui peuplent ma psychologie musulmane ». Elle ressuscite au fil des pages des figures marquantes de l’histoire de l’islam : Khadidja, Aïcha, Asya, l’épouse de pharaon, Marie, Hafsa, Zoulaikha, Balqis, la reine de Saba, Rabia el Adawouia, Fatima, la fille du Prophète, et Isabelle Eberhardt, la plus moderne d’entre elles, l’une des premières Européennes à s’engager dans la voie soufie à la fin du 19e siècle, où elle a trouvé la possibilité de vivre l’intensité de sa recherche d’absolu.
Ce qui les réunit aux yeux de l’auteure, c’est ce verset du Coran (4, 34) : « Les femmes vertueuses et pieuses sont les gardiennes du mystère de ce que Dieu garde dans le mystère. »
Une plongée dans l’intime de la spiritualité islamique lavée de ses scléroses
Ses évocations subtiles, émouvantes, poétiques, revisitées avec l’œil du cœur, peuvent ouvrir avec bonheur des portes de compréhension de l’islam à de nombreuses femmes engagées sincèrement dans cette voie spirituelle. « Nous sommes ici, écrit-elle, hors de cette histoire impersonnelle que j’ai décidé d’oublier pour forger ma propre histoire, non pas égoïste et narcissique mais qui va "accomplir" ma lecture du Livre. »
Karima Berger s’appuie, pour ce faire, notamment sur des travaux réalisés par des théologiennes ou des historiennes comme Fatima Mernissi, Asma Lamrabet ou encore Amina Wadud qui se sont interrogées sur ce verset « réactionnaire » de la sourate « Les femmes » : « Les hommes ont autorité sur les femmes ( …). Exhortez-les, éloignez-vous d’elles et de leurs lits et frappez-les. » Karima Berger soulève la problématique de la traduction à qui il est facile de faire dire ce qui arrange : « Le début du verset évoque la responsabilité économique qui incombe au seul époux dans l’entretien du foyer et le verbe "daraba" de la fin du verset, traduit par frapper renvoie à la notion d’éloignement. Cette racine "daraba" intervient 58 fois dans le Coran dans ses différentes significations : proposer, donner en exemple, quitter, frapper, séparer, éloigner… »
Ce livre rafraichissant se lit comme une promenade dans la mémoire malmenée de l’islam, un islam dépoussiéré de ce qui l’a alourdi, trahi. Une plongée dans l’intime de la spiritualité islamique lavée de ses scléroses.
Karima Berger s’appuie, pour ce faire, notamment sur des travaux réalisés par des théologiennes ou des historiennes comme Fatima Mernissi, Asma Lamrabet ou encore Amina Wadud qui se sont interrogées sur ce verset « réactionnaire » de la sourate « Les femmes » : « Les hommes ont autorité sur les femmes ( …). Exhortez-les, éloignez-vous d’elles et de leurs lits et frappez-les. » Karima Berger soulève la problématique de la traduction à qui il est facile de faire dire ce qui arrange : « Le début du verset évoque la responsabilité économique qui incombe au seul époux dans l’entretien du foyer et le verbe "daraba" de la fin du verset, traduit par frapper renvoie à la notion d’éloignement. Cette racine "daraba" intervient 58 fois dans le Coran dans ses différentes significations : proposer, donner en exemple, quitter, frapper, séparer, éloigner… »
Ce livre rafraichissant se lit comme une promenade dans la mémoire malmenée de l’islam, un islam dépoussiéré de ce qui l’a alourdi, trahi. Une plongée dans l’intime de la spiritualité islamique lavée de ses scléroses.
Karima Berger, Les gardiennes du secret, Albin Michel, avril 2022, 283 pages, 21,90 €
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