MWM, un nouveau magazine féminin sur la toile

Chahira Aït Belkacem : Je suis rédactrice en chef de MWM. J’ai une licence de traitement automatique des langues, appliquée à la langue arabe. L’idée de créer le magazine m’est venue pendant mon congé parental.

Claire Monnier : J’ai 27 ans, je suis rédactrice adjointe de MWM, et également journaliste au même titre que Chahira. Titulaire d’une licence en sciences politiques, je travaillais auparavant dans les ressources humaines. Parallèlement à MWM, j’opère une totale reconversion puisque je reprends mes études en école d’infirmière. Mais je souhaite m’investir pleinement dans le magazine.

C.A.B. : Une première édition est parue en septembre, à l’occasion de la fête de l’Aïd, sous le nom de Muslim Women Magazine, en guise de test. Suite aux nombreux retours, nous avons retravailler le magazine pour présenter le premier numéro de MWM sorti cette semaine. Nous avons également changer le nom, qui constituait une barrière selon notre entourage non-musulman.

C.A.B. : Pas encore. Il sera disponible en format PDF pour les personnes qui veulent télécharger les anciens numéros. D’autre part, il s’agit pour l’instant d’un trimestriel.

C.A.B. : D’abord, les magazines féminins classiques que l’on trouve dans les kiosques parlent très peu de la femme musulmane. Mais surtout, j’étais révoltée par l’image de la femme musulmane véhiculée par les médias : : à savoir femme voilée et soumise. On a tendance à opposer femme issue de l'immigration et femme musulmane, du seul point de vue vestimentaire. On parlera de musulmane pour une femme voilée et de jeune fille issue de l'immigration pour l'autre, alors qu’elles ont la même histoire ! Enfin, on ne parle pas des femmes musulmanes converties, très peu des musulmanes africaines... Personnellement, je ne me reconnaissais pas dans cette image diffusée par les médias. L’idée est venue de là.

C.M. : Nous sommes parties d’un constat : nous nous sommes vraiment rendues compte qu’il y avait une image restrictive de la femme musulmane : celle-ci est souvent présentée comme maghrébine, voilée, ne travaillant pas, parfois séquestrée, inculte...
Je rejoins Chahira sur ce point : les médias ne véhiculent pas la réalité de la femme musulmane. Celle-ci est multiple ! Certaines femmes sont voilées, d’autres non, certaines travaillent, d’autres pas, participent à la vie associative... Chacune est différente. A travers ce magazine, nous voulons montrer cette diversité et donner la parole aux femmes pour qu’elles puissent s’exprimer elles-mêmes. Les médias ont tendance à stigmatiser et enfermer la femme musulmane dans une “boîte”.

C.M. : Il s’adresse à toutes les femmes.
C.A.B. : Toutes les femmes, qu’elles soient musulmanes ou non. Le magazine est une main tendue pour celles et ceux qui ne partagent pas les croyances de la femme musulmane, afin de mieux connaître l’Islam à travers celles qui le vivent au quotidien. Je crois très fort en la femme, elles sont au coeur du changement. On a par exemple une rubrique “Vivre ensemble”, où l’on va expliquer certains principes de l'Islam : on va à la rencontre des non-musulmans, ceux-ci peuvent poser toutes les questions sur l’Islam et les internautes musulmanes - et musulmans- sont inviter à y répondre. L’objectif est de créer un dialogue, une véritable rubrique interactive. D’autre part, la moyenne d’âge des lectrices s’établit autour des 18-40 ans.

C.A.B. : Il y a d’abord “Femmes du Monde”, rubrique que j’affectionne tout particulièrement car quand l’on parle de modèles musulmans on a tendance à parler des femmes vertueuses à l’époque du prophète. Aujourd’hui il y a des femmes qui se battent, qui sont de vrais modèles dans ce qu’elles entreprennent et il faut pouvoir les mettre en lumière. Savoir qu’elles existent c’est donner une force aux femmes. Il s’agit de portraits et d’interviews de femmes diverses, comme par exemple Anisa Medhi, la première femme américaine à avoir réaliser un reportage sur le pèlerinage. C’est très important car cela donne une force, on peut-être musulmane et faire quelque chose de fort.

C.M. : On a besoin de modèles contemporains.

C.A.B. : Il y a aussi les rubriques Actualité, Société alimentées pour certains articles notamment par des journalistes amateurs qui ont la parole, qui rédigent un article sur un thème choisi. Nous voulons aussi valoriser toutes ces femmes qui ont créé leur association, musulmanes ou non, mettre en valeur ces gens qui s’investissent bénévolement. Il y a aussi une rubrique “Environnement”, car il s’agit d’une valeur universelle mais aussi une valeur musulmane. La rubrique “Spiritualité” existe pour les femmes qui n’ont peut-être pas la possibilité ou le temps d’avoir accès dans leur vie quotidienne, à certaines réponses aux questions qu’elles se posent sur la religion. Il y a aussi une rubrique Psychologie pour parler du couple, de l’estime de soi, de la famille, et aussi les rubriques Mode, Beauté, Santé, Loisirs-Voyages.


C.A.B.: Par exemple en psychologie, nous aborderons les solutions apportées par l’Islam à certains maux. Dans “Femmes du Monde”, c’est l’occasion d'en savoir plus sur le quotidien d’une femme musulmane, ce sont des choses qui n’existent pas dans les médias classiques. On n'y parle très peu de la femme musulmane, sauf de celles qui souffrent. C’est une réalité mais il y en a une autre aussi : celle qui s’assument, qui vont de l’avant et qui se battent. Nous souhaitons réaliser un magazine d’ouverture. Le challenge est là : faire un magazine pour les femmes musulmanes mais sans tomber dans le communautarisme pour que les femmes non-musulmanes s'y retrouvent aussi. Ce qui implique un vrai travail de définition de certaines notions dans les articles, pour que les non-musulmans puissent comprendre ce qui touche à la religion. Au delà de cet aspect-là, nous souhaitons apporter de la fraicheur et de la couleur à la femme musulmane.


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