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Politique

Présidentielle 2012 : la société civile exige de se réapproprier le débat

Rédigé par Benjamin Seze | Vendredi 30 Mars 2012 à 10:16

           

La Cimade, le CCFD-Terre Solidaire, Jeudi noir, la Ligue des droits de l'homme, Attac, le Secours catholique... Une quarantaine d'associations interpellent les candidats à l'élection présidentielle et les citoyens. L'objectif : recentrer la campagne sur des sujets majeurs et pourtant privés de débat public.



Présidentielle 2012 : la société civile exige de se réapproprier le débat
Samedi 31 mars, une quarantaine d'associations, dont la Cimade, lançaient la campagne « Libérons les élections, des alternatives pour relancer la démocratie », lors d'une « journée d'expression et d'actions citoyennes ».
Entretien de « Témoignage chrétien » avec Adrien Chaboche, de la Cimade.

De quoi faut-il libérer les élections ?

Adrien Chaboche : Des sujets simplistes, de l'émotion, des effets d'annonce et des mesures prises à l'emporte pièce. En période électorale, le débat politique a malheureusement tendance à évoluer vers des sujets superficiels où chacun s'efforce de développer une vision simple des choses. Tous les partis sont entraînés, à des degrés divers, dans cette démarche qui laisse peu de place à la réflexion objective et sereine, aux questions de fond. Beaucoup de sujets ne sont pas abordés, ou mal abordés. Des sujets plus complexes qui sont parfois développés dans les programmes mais pas mis en avant médiatiquement par les candidats, ce qui empêche le débat public sur ces questions.

Votre action vise donc à interpeller les candidats.

A. C. : Pas uniquement. L'objectif est effectivement de rappeler aux pouvoirs publics, qui ont souvent du mal à nous écouter, que la société civile a des analyses à disposition et des propositions à faire sur de nombreux sujets. Que les associations ne sont pas que des prestataires de services, ce qui tend malheureusement à être de plus en plus le cas avec des financements publics en forte baisse et souvent conditionnés par un programme prédéfini et des objectifs à atteindre.
Mais nous nous adressons aussi aux électeurs afin qu'ils s'impliquent plus dans le débat et la réflexion. Nous sommes certains que, même les sujets les plus techniques, les citoyens peuvent s'en emparer. Les associations sont là pour leur donner une voie d'entrée. Nous voulons donner aux gens à réfléchir et à penser.

Cette démarche est-elle destinée à se poursuivre après l'élection présidentielle ?

A. C. : Oui. Déjà dans le cadre des législatives où de nombreuses initiatives sont prévues localement. Nous pensons d'ailleurs qu'elles auront plus de poids, car les candidats locaux sont à la fois plus accessibles et plus en prise avec le terrain, donc plus conscients de la réalité et des effets du travail des associations.
Ensuite, notre objectif aujourd'hui est d'initier un travail de fond avec les citoyens, à long terme.

Une telle action, réunissant une quarantaine d'associations aux revendications très diverses, aurait-elle, selon vous, pu avoir lieu en 2007 ?

A. C. : On remarque effectivement que cette initiative rassemble des organisations, comme Jeudi noir, le Secours catholique-Caritas France, la Ligue des droits de l'homme, qui ont des cultures très différentes et ne sont pas d'accord sur tout. On retrouve aussi des associations qui n'ont pas l'habitude de prendre la parole de manière aussi forte.

Peut-être est-ce dû en partie à la période difficile que traverse le secteur associatif, mais malgré la spécialisation de chacune, il y avait de la part de ces associations une envie de fédérer leurs initiatives, de redynamiser le lien qui les unit, en se disant : « Finalement, bien que nos revendications soient diverses, elles ont un sens commun. »

Le contexte général des ces cinq dernières années n'y est sûrement pas étranger. Et cela dépasse le simple quinquennat de Nicolas Sarkozy. La crise économique et la façon dont elle a été gérée par nos dirigeants nous ont montré à quel point on pouvait, nous citoyens, n'être pas grand-chose par rapport à des enjeux économiques et des décisions politiques qui se sont joués au niveau mondial. D'où, et on le voit avec le mouvement des Indignés et les événements en Grèce, une prise de conscience de la nécessité d'une société civile forte afin de se réapproprier le débat sur des sujets qui nous concernent directement en tant que citoyens.





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