Les œuvres, souvent monumentales, de Rachid Koraïchi, plasticien contemporain originaire d’Algérie, se reconnaissent par le foisonnement du graphisme et son inspiration puisant dans la culture soufie. Le bleu, l’or et le nombre sept traversent sa création artistique.
Artiste de dimension et de renommée internationale, puisant dans ses racines pour en extraire le Beau, Rachid Koraïchi est né en Algérie, dans une famille et un lieu chargés d’Histoire. Et c’est justement les traces de cette histoire familiale que l’on retrouve dans ses œuvres.
La famille de Rachid Koraïchi le relie à une grande tradition spirituelle et culturelle : le soufisme. En effet, son aïeul est un grand saint de l’islam du XVIIIe siècle, Ahmed Tijani, fondateur de la confrérie de la tijaniyya, né dans la ville de Aïn Madhi (Algérie actuelle). Comme son patronyme l’indique, ses racines familiales remontent également à la tribu du Prophète de l’islam, les Qoraïch, et soulignent son appartenance chérifienne (descendance de Mohammad).
La famille de Rachid Koraïchi le relie à une grande tradition spirituelle et culturelle : le soufisme. En effet, son aïeul est un grand saint de l’islam du XVIIIe siècle, Ahmed Tijani, fondateur de la confrérie de la tijaniyya, né dans la ville de Aïn Madhi (Algérie actuelle). Comme son patronyme l’indique, ses racines familiales remontent également à la tribu du Prophète de l’islam, les Qoraïch, et soulignent son appartenance chérifienne (descendance de Mohammad).
Un miroir où se reflète la Création
L’œuvre de Rachid Koraïchi est imprégnée par la culture soufie, reliant le spectateur avec un patrimoine spirituel fait de Beauté et de Paix. Et Rachid Koraïchi est un artiste militant pour la paix entre les peuples et les différentes traditions spirituelles. L’islam reconnaissant et intégrant les traditions du Livre qui l’ont précédé, le plasticien intègre ainsi dans ces œuvres la dimension unie de ces traditions, insistant ainsi sur le fait qu’elles ne sauraient être séparées.
Les exemples sont nombreux dans son œuvre et cette union est symbolisée par le chiffre trois, les trois dernières religions du Livre. Dans l’installation Les Ancêtres liés aux étoiles, l’artiste explique : « Les étendards de soie constituent l’élément premier, en correspondance avec la kiswa brodé de fils d’or et d’argent qui recouvre la Kaaba à La Mecque. Par respect des trois religions révélées, j’ai choisi pour chaque étendard trois couleurs de textile ; tous les paroxysmes se rejoignent : l’amour, la passion, le sacrifice. »
Les exemples sont nombreux dans son œuvre et cette union est symbolisée par le chiffre trois, les trois dernières religions du Livre. Dans l’installation Les Ancêtres liés aux étoiles, l’artiste explique : « Les étendards de soie constituent l’élément premier, en correspondance avec la kiswa brodé de fils d’or et d’argent qui recouvre la Kaaba à La Mecque. Par respect des trois religions révélées, j’ai choisi pour chaque étendard trois couleurs de textile ; tous les paroxysmes se rejoignent : l’amour, la passion, le sacrifice. »
« Les Maîtres invisibles », œuvre monumentale composée de 99 bannières de coton, est un hommage à quatorze grands mystiques soufis.
Si les ancêtres occupent une place prépondérante, les maitres du soufisme sont aussi une base d’inspiration pour la création contemporaine de Rachid Koraïchi. Notamment dans l’œuvre Les Maîtres invisibles, soit 99 bannières de coton à la taille monumentale dédiées à quatorze grands mystiques soufis (Attar, Rumi, Rabi’a al Adawiyya, Ahmed Tijani…). Ces maîtres invisibles, guides spirituels, grands penseurs, poètes décédés physiquement depuis plusieurs siècles sont, dans l’œuvre de Koraïchi, toujours présents par l’esprit (ruh) et servent de lien entre le passé, le présent et le futur. « Le temps a inventé ce que je suis », dit l’artiste.
Si l’art de Koraïchi milite pour un monde et des êtres unis dans la paix, il ne s’y limite pas. L’artiste est un médiateur et sa création artistique est un miroir où se reflète la Création. Le miroir est aussi, dans la tradition soufie, le cœur purifié de toutes souillures, poli par les pratiques spirituelles et pouvant ainsi refléter la lumière et les qualités divines.
Rachid Koraïchi rejoint ainsi le grand penseur mystique du XIIIe siècle, Jalâl al-Dîn Rûmî, pour qui le meilleur artiste est celui qui reflète le mieux la Création (cf. Mesnevi, Rûmî, histoire des peintres chinois et grecs). Il est à noter que Rachid Koraïchi utilise l’effet du miroir de manière récurrente et notamment dans l’écriture retournée, comme lue dans un miroir.
Si l’art de Koraïchi milite pour un monde et des êtres unis dans la paix, il ne s’y limite pas. L’artiste est un médiateur et sa création artistique est un miroir où se reflète la Création. Le miroir est aussi, dans la tradition soufie, le cœur purifié de toutes souillures, poli par les pratiques spirituelles et pouvant ainsi refléter la lumière et les qualités divines.
Rachid Koraïchi rejoint ainsi le grand penseur mystique du XIIIe siècle, Jalâl al-Dîn Rûmî, pour qui le meilleur artiste est celui qui reflète le mieux la Création (cf. Mesnevi, Rûmî, histoire des peintres chinois et grecs). Il est à noter que Rachid Koraïchi utilise l’effet du miroir de manière récurrente et notamment dans l’écriture retournée, comme lue dans un miroir.
« Mon atelier est le monde »
De la tradition spirituelle et soufie, Rachid Koraïchi a conservé le gout de la pérégrination. « Mon atelier est le monde, je travaille avec celui qui depuis des générations “connaît” et ainsi je m’enrichis de cette connaissance. » L’artiste contemporain parcourt le monde qui devient ainsi un immense atelier. Il travaille avec les artisans d’Égypte, de Syrie, d’Espagne, de France, des États-Unis (San Francisco, Michigan), etc., participant ainsi à la conservation des savoir-faire ancestraux.
Il s’est également engagé dans différents travaux de restauration d’œuvres d’art reflétant la civilisation de la culture islamique : un énorme patrimoine de 35 000 manuscrits appartenant à sa famille au Daghestan ; le cimetière du château d’Amboise sur les traces de l’émir Abdelkader et l’Algérie ; son palais dans la médina de Tunis, ancienne propriété de l’état-major ottoman ; le dar ben Turkia restauré pendant 17 années.
Il s’est également engagé dans différents travaux de restauration d’œuvres d’art reflétant la civilisation de la culture islamique : un énorme patrimoine de 35 000 manuscrits appartenant à sa famille au Daghestan ; le cimetière du château d’Amboise sur les traces de l’émir Abdelkader et l’Algérie ; son palais dans la médina de Tunis, ancienne propriété de l’état-major ottoman ; le dar ben Turkia restauré pendant 17 années.
Rachid Koraïchi souligne que « la civilisation de la culture islamique est dans le bois, le bronze, etc., liée intimement aux différents corps d’artisans. Ce travail est la mémoire des métiers ». Rachid Koraïchi, tout comme l’art islamique, abroge ainsi la frontière entre art et artisanat, fondant ses œuvres dans l’unicité du Beau. L’artiste voyage à travers le temps et l’espace.
Il fait aussi voyager ses œuvres, installations éphémères. Une de ses installations (exposée à Ankara, à Casablanca, à New York, à Alger, à Venise...), Le Chemin des roses, rend hommage au voyage (safar) spirituel du poète mystique Jalâl al-Dîn Rûmî à travers l’Asie, le Moyen-Orient et l’Arabie au XIIIe siècle. Car le voyage dévoile (yusfiru, en arabe, même racine arabe que safar) aussi l’état intérieur. Il s’agit dans le soufisme d’une discipline physique symbolisant le voyage dans la voie initiatique. Pour Rachid Koraïchi, le safar est donc voyage et transcendance.
Sa dernière installation lors de son exposition unipersonnelle à New York (du 20 septembre au 20 octobre 2018), Les Sept Stations célestes, représente les sept stations ou maqam de l’âme jusqu’à l’anéantissement en Dieu. Un voyage qu’il présente par le prisme des cultures de l’Est et de l’Ouest.
Rachid Koraïchi est un artiste qui unit, ré-unit les cultures, les hommes, les traditions spirituelles, les formes à la quête de sens. Cet artiste du lien, en rattachant l’art au spirituel, en ne s’intéressant pas à l’art pour l’art, donne à l’art, à nouveau, son rôle entier de médiateur. Comme le soulignait le peintre Wassily Kandinsky dans son ouvrage Du spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier (1954) : « Une œuvre est bonne lorsqu’elle est apte à provoquer des vibrations de l’âme, puisque l’art est le langage de l’âme. »
*****
Carole Latifa Ameer est cofondatrice du collectif d’artistes Dervish Project avec le compositeur classique Théophile de Wallensbourg. Après des études en histoire de l’art et de langues et civilisations indiennes, elle a découvert et étudié le soufisme en Inde, dans la voie soufie Chishtiyya. Cette ancienne journaliste culturelle se consacre aujourd’hui aux arts sacrés, à leur sauvegarde et à la création contemporaine.
Il fait aussi voyager ses œuvres, installations éphémères. Une de ses installations (exposée à Ankara, à Casablanca, à New York, à Alger, à Venise...), Le Chemin des roses, rend hommage au voyage (safar) spirituel du poète mystique Jalâl al-Dîn Rûmî à travers l’Asie, le Moyen-Orient et l’Arabie au XIIIe siècle. Car le voyage dévoile (yusfiru, en arabe, même racine arabe que safar) aussi l’état intérieur. Il s’agit dans le soufisme d’une discipline physique symbolisant le voyage dans la voie initiatique. Pour Rachid Koraïchi, le safar est donc voyage et transcendance.
Sa dernière installation lors de son exposition unipersonnelle à New York (du 20 septembre au 20 octobre 2018), Les Sept Stations célestes, représente les sept stations ou maqam de l’âme jusqu’à l’anéantissement en Dieu. Un voyage qu’il présente par le prisme des cultures de l’Est et de l’Ouest.
Rachid Koraïchi est un artiste qui unit, ré-unit les cultures, les hommes, les traditions spirituelles, les formes à la quête de sens. Cet artiste du lien, en rattachant l’art au spirituel, en ne s’intéressant pas à l’art pour l’art, donne à l’art, à nouveau, son rôle entier de médiateur. Comme le soulignait le peintre Wassily Kandinsky dans son ouvrage Du spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier (1954) : « Une œuvre est bonne lorsqu’elle est apte à provoquer des vibrations de l’âme, puisque l’art est le langage de l’âme. »
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