La série Mouawiya que la chaîne de télévision saoudienne MBC se propose de diffuser lors du mois du Ramadan n’a pas encore été révélée au grand public mais n’en suscite pas moins les critiques des communautés chiites en Irak et ailleurs. L’instance irakienne de régulation des médias a été jusqu’à prévenir les responsables locaux de la chaîne MBC que le feuilleton ne respectait pas la législation du pays, ce qui a conduit la branche irakienne de MBC à annoncer qu’elle ne le diffuserait pas, indique Al-Monitor. Cette restriction ne touche cependant pas les autres filiales de MBC qui diffuseront bien la série sur leur chaine respective, tenues qu’elles sont par les engagements pris avec le producteur.
Si le groupe MBC emploie le nom de Mouawiya, ce ne sera probablement pas le titre définitif de cette série réalisée par Tarek Alarian, qui a coûté quelque 100 millions de dollars et dont la réalisation a duré deux ans. Le titre définitif sera révélé avant la diffusion. Mais cette fiction a déjà suscité la critique du leader chiite irakien, Muqtada al-Sadr. Dans un tweet publié à la mi-février, il a réclamé l’arrêt de la programmation car, explique-t-il, « diffuser une telle série est en contradiction avec la nouvelle politique plus modérée poursuivie par l’Arabie Saoudite, un pays frère ». « Évitez de blesser les sensibilités de vos frères musulmans partout dans le monde », a ajouté celui qui a poussé les responsables de MBC Iraq à annuler la diffusion de la série.
Si le groupe MBC emploie le nom de Mouawiya, ce ne sera probablement pas le titre définitif de cette série réalisée par Tarek Alarian, qui a coûté quelque 100 millions de dollars et dont la réalisation a duré deux ans. Le titre définitif sera révélé avant la diffusion. Mais cette fiction a déjà suscité la critique du leader chiite irakien, Muqtada al-Sadr. Dans un tweet publié à la mi-février, il a réclamé l’arrêt de la programmation car, explique-t-il, « diffuser une telle série est en contradiction avec la nouvelle politique plus modérée poursuivie par l’Arabie Saoudite, un pays frère ». « Évitez de blesser les sensibilités de vos frères musulmans partout dans le monde », a ajouté celui qui a poussé les responsables de MBC Iraq à annuler la diffusion de la série.
La grande discorde et ses conséquences contemporaines
Mouawiya est le nom du premier calife omeyyade, une dynastie établie à Damas qui a régné sur une large part du Moyen-Orient de 661 à 750 après JC. Le fils d'Abu Sufyan Ibn Ḥarb, l'un des plus éminents dirigeants de la tribu quraychite ayant combattu le Prophète Muhammad avant de se convertir à l'islam lors de la conquête de La Mecque en 630, était gouverneur de la Syrie lorsque le troisième calife bien guidé, Othman Ibn Affan fut assassiné en 656. Mouawiya refusa alors de prêter allégeance à Ali Ibn Abi Talib, désigné - non sans difficulté - comme le quatrième calife bien guidé et considéré par les chiites comme le premier des imams. Ce dernier, qui s'était alors établi à Koufa, dans l'Irak actuel, fut assassiné en 661 et enterré près de Najaf, ville qui est depuis devenu le berceau de la branche chiite. Les tensions entre les califes de la dynastie omeyyade et les partisans d'Ali ont longtemps perduré dans l'histoire.
La période qui a précédé l’accession au pouvoir du premier calife omeyyade est donc très sensible dans le monde musulman et à l’origine du schisme entre sunnites et chiites. Elle est ponctuée de souvenirs douloureux, de guerres civiles et d’assassinats et est généralement désignée du nom de « la grande discorde » (al-fitna al-kubra, en arabe). Si Mouawiya jouit d’une bonne image chez les sunnites bien qu'il est rendu le califat héréditaire, il est abhorré des chiites. Pour autant, la complexité des faits historiques n’explique pas, à elle seule, les polémiques actuelles.
Depuis le début des années 2000, les séries historiques sont devenues des outils d'influence politico-religieuse dont se servent les puissances rivales au Moyen-Orient. L’Iran, l’Arabie Saoudite et la Turquie ont ainsi produit des dizaines de feuilletons et de séries télévisées, sans parler de documentaires, sur l’histoire de l’islam pour glorifier le rôle de leur pays, de leur vision, et critiquer les nations rivales dans la région... Pas étonnant dans ces conditions de voir Mouawiya réveiller les tensions entre sunnites et chiites qui s’étaient quelque peu apaisées en Irak après la chute de Daech.
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Mohammed Al-Issa : « Aucun courant de l'islam ne peut se considérer comme le seul détenteur de la vérité »
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