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Sur le vif

Sarkozy et son pacte pour l'immigration attirent l'Europe

| Lundi 7 Juillet 2008 à 23:05

           


Les pays européens ont réservé lundi un accueil plutôt favorable au projet de pacte pour l'immigration élaboré par la France pour permettre à l'Union européenne d'endiguer les flux de migrants non choisis.

Le projet, une priorité de la France pour son semestre de présidence de l'UE, devait être officiellement présenté dans l'après-midi à Cannes aux ministres de l'Intérieur des 27 pays membres réunis par son concepteur, Brice Hortefeux, ministre de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité Nationale.

Le texte est un compromis négocié avec chacun des pays membres, parfois difficilement, et il a été remanié sur plusieurs points. Tous les ministres ont salué ce travail à leur arrivée à Cannes et ont insisté sur la nécessité de doter l'Union européenne d'un tel instrument.


L'Espagne, très dure à convaincre, s'est félicitée de sa contribution. "Il est important que le projet reprenne des éléments du modèle que nous avons défendu en Espagne", a souligné le ministre espagnol de l'Interieur Alfredo Perez Rubalcaba. "Nous commençons le débat aujourd'hui. Il reste quelques semaines jusqu'à la fin du mois de juillet et nous espérons qu'il sera approuvé en septembre", a-t-il commenté.

"J'espère qu'on va trouver un accord politique aujourd'hui et qu'on pourra le finaliser sous la présidence française", lui a fait écho son homologue grec Prokopis Pavlopoulos, saluant un "pacte tout à fait nécessaire". "Je suis convaincu qu'on va trouver un accord avec l'Espagne", a pour sa part déclaré le ministre allemand Wolfgang Schäuble. "Il y a eu des modifications par rapport au texte initial et nous avons une bonne proposition pour un compromis", a estimé leur homologue tchèque Ivan Langer.

Les autorités espagnoles ont fait modifier ou supprimer plusieurs points qu'elles contestaient, notamment le contrat d'intégration et ses obligations imposées aux candidats. La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, s'est refusée à tout commentaire sur ces négociations. Brice Hortefeux n'était pas à ses côtés pour accueillir les délégations. Il devait présider la réunion en début d'après-midi.

Le projet reste imprégné de la conception d'immigration "choisie" chère à Nicolas Sarkozy. Il tend à durcir la politique européenne sur l'immigration, tout en mettant en place des règles communes entre les 27 pays membres de l'UE en matière d'asile. Le texte entend notamment privilégier l'immigration de travail, réguler l'immigration familiale et lutter contre les clandestins en renforçant les contrôles aux frontières de l'UE et en facilitant le renvoi de ceux qui ont réussi à passer entre les mailles du filet.


Ses détracteurs parlent de "bunker européen" ou de "forteresse européenne", notions récusées par plusieurs ministres. "Je ne vois pas des murs autour de l'Europe. On ne transforme pas l'Europe en Blockhaus. Il y a 6 millions d'illégaux en Europe. Il faut lutter contre l'immigration illégale et encadrer l'immigration légale", a insisté Wolfgang Schäuble.
"L'Europe doit décider elle-même qui peut entrer", a renchéri le ministre luxembourgeois de la Justice Luc Frieden.

"L'immigration n'est pas menaçante, mais il faut l'organiser", a souligné pour sa part le commissaire européen en charge de la Justice, des Libertés et de la Sécurité, le Français Jacques Barrot. "L'Europe doit rester ouverte, mais nous devons avoir des règles", a-t-il insisté.




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