© CC BY 2.0/Flickr/Thierry Ehrmann
La commune de Trappes, dans les Yvelines, a été secouée par une attaque au couteau dans la matinée du jeudi 23 août. Si les enquêteurs s’orientent vers la piste d’un drame familial compte tenu du proche lien de parenté qui existe entre l’agresseur et les victimes, l’organisation Etat islamique (Daesh) a revendiqué l’attaque.
Une revendication dont plusieurs éléments laissent penser qu’elle est opportuniste, notamment en raison de l’extrême rapidité à laquelle le groupe terroriste s’est attribué la tragédie. Et ce n’est pas la première fois.
Une revendication dont plusieurs éléments laissent penser qu’elle est opportuniste, notamment en raison de l’extrême rapidité à laquelle le groupe terroriste s’est attribué la tragédie. Et ce n’est pas la première fois.
A Trappes, un « déséquilibré » plus qu’un adepte de Daesh
Si la revendication de Daesh est sérieusement remise en doute pour le drame survenu à Trappes, c’est parce que l’agresseur, abattu par les policiers, est le frère et le fils des deux victimes. Régis Le Sommier, directeur-adjoint de la rédaction chez Paris Match et auteur du livre Daesh, l’histoire, soutient auprès de BFM TV que le double homicide « peut être aussi une sorte de vengeance familiale maquillée en acte terroriste. C’est aussi une possibilité, puisque aujourd’hui le sujet est devenu tellement sensible qu’un déséquilibré qui crie Allah Akbar est tout de suite pris au sérieux ».
Les premières éléments concernant le profil de l’auteur font d’ailleurs apparaître le profil d’un individu davantage « déséquilibré » que celui d’un « engagé » qui exécuterait les « ordres et consignes d’une organisation terroriste et de Daesh en particulier », a avancé le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.
Les premières éléments concernant le profil de l’auteur font d’ailleurs apparaître le profil d’un individu davantage « déséquilibré » que celui d’un « engagé » qui exécuterait les « ordres et consignes d’une organisation terroriste et de Daesh en particulier », a avancé le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.
Entretenir l’illusion d’une grande puissance de frappe en France...
Dans un contexte où l’organisation Etat islamique a perdu le contrôle de très nombreux territoires d’importance comme Mossoul en Irak et Raqqa en Syrie, elle tente tant bien que mal à maintenir une illusion de prospérité et de puissance en revendiquant des attaques perpétrées par des individus qui ne semblent avoir aucun lien avec eux.
Voulant nourrir la psychose et la peur insufflées par le terrorisme dit islamiste dans le monde occidental et bien au-delà, elle est à l’affût de la moindre attaque qu’elle peut s’attribuer via son agence de propagande Amaq afin de maintenir une présence médiatique.
La tragédie à Trappes, parfait timing pour un Daesh affaibli car elle est survenue au lendemain du discours du « calife » Abou Bakr al-Baghadi appelant ses partisans à continuer le « jihad » avec, pour objectif principal, « de maintenir la mobilisation de ses "soldats", qu’ils soient au Moyen-Orient ou sur d’autres territoires » selon Kader Abderrahim, directeur de recherches à l'Institut de prospective et de sécurité en Europe (IPSE), interrogé par 20 Minutes.
Comme à Trappes, l’attentat de Nice en juillet 2016 où 86 personnes ont trouvé la mort sur la Promenade des Anglais a très vite été revendiqué par Daesh. Cependant, aucun lien n’a été établi jusqu’à présent entre l’auteur de cette odieuse attaque et l’organisation terroriste. Un avocat proche du dossier a confié à LCI qu’il pourrait s’agir « d’un individu qui a très clairement commis un acte isolé en épousant les thèses jihadistes », mais sans avoir de lien avec Daesh.
Le même scénario s’est reproduit en avril 2017 lors d’une attaque sur les Champs-Élysées au cours de laquelle un policier avait été tué. Daesh avait hâtivement revendiqué l’acte commis par un « Abu Yussef al-Belgiki (le Belge) » ; l’assaillant était un Français déjà condamné à quatre reprises mais qui n’était ni fiché S ni n’avait présenté de signes de radicalisation.
Voulant nourrir la psychose et la peur insufflées par le terrorisme dit islamiste dans le monde occidental et bien au-delà, elle est à l’affût de la moindre attaque qu’elle peut s’attribuer via son agence de propagande Amaq afin de maintenir une présence médiatique.
La tragédie à Trappes, parfait timing pour un Daesh affaibli car elle est survenue au lendemain du discours du « calife » Abou Bakr al-Baghadi appelant ses partisans à continuer le « jihad » avec, pour objectif principal, « de maintenir la mobilisation de ses "soldats", qu’ils soient au Moyen-Orient ou sur d’autres territoires » selon Kader Abderrahim, directeur de recherches à l'Institut de prospective et de sécurité en Europe (IPSE), interrogé par 20 Minutes.
Comme à Trappes, l’attentat de Nice en juillet 2016 où 86 personnes ont trouvé la mort sur la Promenade des Anglais a très vite été revendiqué par Daesh. Cependant, aucun lien n’a été établi jusqu’à présent entre l’auteur de cette odieuse attaque et l’organisation terroriste. Un avocat proche du dossier a confié à LCI qu’il pourrait s’agir « d’un individu qui a très clairement commis un acte isolé en épousant les thèses jihadistes », mais sans avoir de lien avec Daesh.
Le même scénario s’est reproduit en avril 2017 lors d’une attaque sur les Champs-Élysées au cours de laquelle un policier avait été tué. Daesh avait hâtivement revendiqué l’acte commis par un « Abu Yussef al-Belgiki (le Belge) » ; l’assaillant était un Français déjà condamné à quatre reprises mais qui n’était ni fiché S ni n’avait présenté de signes de radicalisation.
...et ailleurs dans le monde
A l'étranger, on se souvient encore de la fusillade de Las Vegas en octobre 2017, la plus meurtrière de l’histoire américaine. Elle a tôt fait d’avoir été revendiquée par Daesh mais aucun lien n’a été établi avec le tireur Stephen Paddock. Selon un agent du FBI, aucun signe d’une radicalisation religieuse de l’individu n’a été découvert et des éléments de l’enquête laissent présumer « la folie » du tireur.
Lire aussi : « Si le tireur avait été musulman » : le ras-le-bol du deux poids-deux mesures aux Etats-Unis
Toujours aux Etats-Unis, la tuerie d’Orlando en juin 2016 avait aussi été revendiquée par l’EI mais les doutes sont vite apparus lorsque le profil de l’auteur avait été dévoilé : Omar Mateen était un habitué du club gay où est survenue l’attaque.
Lire aussi : Tuerie d'Orlando : des condamnations unanimes et des interrogations
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Toujours aux Etats-Unis, la tuerie d’Orlando en juin 2016 avait aussi été revendiquée par l’EI mais les doutes sont vite apparus lorsque le profil de l’auteur avait été dévoilé : Omar Mateen était un habitué du club gay où est survenue l’attaque.
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A Manille, aux Philippines, la revendication terroriste de l'attaque d'un casino qui a fait 37 morts était aussi apparu farfelue : le tueur était un père de famille rongé par de lourdes dettes de jeu et interdit d'entrée dans les casinos par les autorités. Il s'était ensuite suicidé en s'immolant.
« Aucune preuve qui permette d’appuyer (la) revendication » de Daesh, ont aussi affirmé les autorités canadiennes après la fusillade, fin juillet 2018, à Toronto, au Canada, qui a fait deux morts.
« L’EI est affaibli militairement sur le terrain et cela se voit dans sa communication. On ne peut plus penser comme en 2015, L’organisation ne fonctionne plus pareil. Maintenant, dès qu’une attaque leur correspond à peu près, ils y vont. Pour moi, c’est clair qu’ils cherchent sur Google des informations pour crédibiliser une revendication », indique auprès de Libération le chercheur Romain Caillet, qui date le tournant avec la mort, en mai 2017, du fondateur d’Amaq qui « avait des exigences que ses successeurs n’ont pas ».
Prendre donc chaque déclaration de l'EI pour argent comptant serait, pour le moins, imprudent. Toutefois, malgré des revendications opportunistes, il n’en reste pas moins dangereux tant qu'il n'a pas été totalement défait.
« Aucune preuve qui permette d’appuyer (la) revendication » de Daesh, ont aussi affirmé les autorités canadiennes après la fusillade, fin juillet 2018, à Toronto, au Canada, qui a fait deux morts.
« L’EI est affaibli militairement sur le terrain et cela se voit dans sa communication. On ne peut plus penser comme en 2015, L’organisation ne fonctionne plus pareil. Maintenant, dès qu’une attaque leur correspond à peu près, ils y vont. Pour moi, c’est clair qu’ils cherchent sur Google des informations pour crédibiliser une revendication », indique auprès de Libération le chercheur Romain Caillet, qui date le tournant avec la mort, en mai 2017, du fondateur d’Amaq qui « avait des exigences que ses successeurs n’ont pas ».
Prendre donc chaque déclaration de l'EI pour argent comptant serait, pour le moins, imprudent. Toutefois, malgré des revendications opportunistes, il n’en reste pas moins dangereux tant qu'il n'a pas été totalement défait.