Dans le cadre du compte-rendu médiatique qui est fait des élections récentes des présidences des Conseils Régionaux du Culte Musulman- dont celui de PACA où j’ai été élu président- je tiens à apporter, rapidement, quelques précisions qui me semblent capitales.
On répète que « l’U.O.I.F a remporté plusieurs régions » dont celle de PACA, or ceci n’est pas exact. En effet, la liste que je conduisais et qui est arrivée en tête n’est pas une liste U.O.I.F, ni explicitement, ni de manière masquée, comme cela est trop souvent sous-entendu. Nous avons certes reçu le soutien de cette organisation, faiblement présente dans la région, mais cela n’obère en aucune façon notre indépendance pour les raisons simples suivantes. D’abord, j’aimerais dire mon étonnement sur l’image négative qui est entretenue sur l’U.O.I.F dans laquelle j’ai trouvé des partenaires tout à fait corrects, à l’instar de l’Etat.
Mais plus simplement, j’aimerais rappeler que je suis issu d’une organisation locale marseillaise (Conseil des Imams) qui rassemble la quasi-totalité des imams sans distinction d’origine, de sensibilité théologique ou intellectuelle. Ce qui nous a réuni est bien le souci d’améliorer l’exercice du culte musulman, sujet qui renvoie plus au civisme général et à des discussions avec la puissance publique qu’à je ne sais quel clivage a fortiori manichéen. Il n’en est pas autrement dans le cadre du CRCM où j’aspire à arbitrer des débats civiques, et à mettre mon indépendance au service du culte musulman, dans l’intérêt de la société toute entière.
La superficialité avec laquelle des thématiques sont abordées par certains médias qui méconnaissent totalement ce que signifie, par exemple, « frères musulmans » et qui ignorent aussi la réalité des enjeux concrets de la structuration du culte musulman brouille considérablement la compréhension et occulte les vraies questions.
Ma responsabilité m’incite aujourd’hui à appeler tout un chacun à délaisser les approximations, les visions binaires et forcément fausses de la réalité de l’Islam car elles constituent un obstacle à l’apaisement des esprits comme à l’avancée de questions concrètes. Il n’y a de musulmans que modérés. En effet l’Islam rejette tout lecture extrême, dans un sens ou dans l’autre, et parler d’Islam modéré sonne donc comme un pléonasme qui interroge le musulman que je suis.
Ce n’est qu’avec une réelle empathie que la connaissance du culte musulman progressera dans l’intérêt de tous, pour la construction durable et sereine d’un vivre ensemble.
La société française mérite que nous relevions, tous ensemble, ce défi avec honnêteté, courage, et qualité.
Président du CRCM PACA.