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Sur le vif

Un jeune sur six sans diplôme, l'action publique 'pas à la hauteur', selon le Cerc

Rédigé par Mimoun Ennebati | Jeudi 26 Juin 2008 à 22:54

           


Un jeune sur six quitte le secondaire sans diplôme chaque année et se retrouve exposé au chômage et à la précarité, déplore le Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (Cerc) dans un rapport paru jeudi jugeant l'action publique "pas à la hauteur".
Si "l'urgence est d'abord de lutter contre l'échec au cours de la formation initiale" en s'inspirant de l'exemple finlandais, le Cerc estime qu'il faut aussi relancer et mieux coordonner l'action en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes ayant prématurément quitté l'école.
Le rapport, "un devoir national, l'insertion des jeunes sans diplôme", prolonge un constat déjà dressé en 2006 par le Cerc, qui avait conduit son président Jacques Delors (PS) à demander le lancement d'un chantier national.
"En dépit de l'importance des sommes engagées, les actions ne sont pas à la hauteur de l'enjeu", estime le Cerc.
Le gouvernement a fait appel notamment à des sociétés d'intérim pour accompagner vers l'emploi des jeunes de banlieue (45.000 sur trois ans), un choix critiqué par les Missions locales (service public), qui jonglent avec un petit budget annuel de 253 millions d'euros pour suivre un million de jeunes.
Chaque année, rappelle le Cerc, 17% d'une génération sort du secondaire sans diplôme (117.000 jeunes en 2004).
Ce pourcentage semble ne plus baisser depuis dix ans et place la France plus près des mauvaises performances britanniques que du modèle scandinave.
Or, "en France, la reprise d'études est rare" et la probabilité pour ces jeunes de rester toute leur vie active sans diplôme est donc "très élevée".
Et en France plus qu'ailleurs, "ne pas disposer de diplôme, c'est être repéré comme en échec par les employeurs potentiels".
Le taux de chômage des jeunes non-diplômés, cinq ans après avoir quitté l'école (41% en 2005), atteint le double du reste de leur tranche d'âge .
A la fin des années 70, ces jeunes s'en tiraient mieux, même si leur taux de chômage était déjà à 18%. Mais depuis, les progrès technologiques ont détruit des emplois non qualifiés.
Qui sont ces jeunes? Majoritairement des garçons issus de milieux modestes, ayant souvent redoublé au moins une fois à l'école élémentaire et grandi dans des familles monoparentales ou nombreuses.
Une fois sur deux, un jeune non diplômé a un frère ou une soeur également sans diplôme, et les enfants d'immigrés, surreprésentés dans les milieux modestes, le sont aussi parmi les non-diplômés (18% ont un père né hors d'Europe).
Pour le Cerc, il faut revoir le système scolaire et mieux repérer ceux qui "décrochent": "l'exemple de la Finlande démontre que c'est réaliste mais cela demandera plus d'une décennie".
En Finlande, presque 100% des jeunes achèvent l'enseignement fondamental obligatoire, totalement gratuit, cantine et frais de transports compris, et qui se fait dans le même établissement de 7 à 16 ans.
Le redoublement est proscrit, les élèves, généralement pas notés avant 12 ans, accèdent à partir de 13 ans à des entretiens individuels réguliers avec des conseillers d'orientation.
Autres pistes, des "contrats aidés suffisamment longs combinés à des formations à visées préqualifiantes et qualifiantes" alors que les instruments mis à disposition des Missions locales ont un horizon trop "court".
Le Cerc plaide aussi pour "un revenu minimum" dès la majorité en échange d'un accompagnement vers l'emploi ou d'une formation, ce qui inciterait ces jeunes à contacter rapidement l'ANPE ou les Missions locales.




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