Une simple affaire de passeport
Le 15 décembre 2001, alors en mission en tant qu’assistant cameraman pour la TV Qatari Al-Jazeera, dernière chaîne de télévision à Kaboul, Samy fut arrêté par les services secrets Pakistanais à Chaman, un poste frontière avec l’Afghanistan, dans le Sud du pays. A ce moment là, on l’interroge sur une mystérieuse question de passeport. Il est ensuite détenu dans un camp de l’armée Américaine en Afghanistan. Jusque là, il s’agit d’une tracasserie administrative autour d’une question de passeport. Une situation à laquelle tout reporter peut être confronté en zone de conflit.
Une année plus tard, l’affaire n’est toujours pas réglée et c’est la chaîne Al-Jazeera qui annonce que Samy est détenu par les autorités Américaines sur la base militaire de Guantanamo. Le territoire de Guantanamo est un territoire occupé par les USA sur l’île contre la volonté du gouvernement légitime et du peuple de Cuba. Suite à une action en justice menée par l’Agence Associated Press, les USA reconnaissent détenir 490 personnes à Guantanamo. Une situation totalement illégalité.
L’association Reporter sans frontière a tenté d’attirer l’attention des média sur le cas de Samy, un journaliste, un confrère, mais en vain. Robert Ménard secrétaire générale de Reporter sans frontière, s’est adressé au secrétaire d’Etat américain à la justice à qui il a écrit : « il est pour le moins anormal que l’administration américaine refuse d’informer la famille et les proches du journalistes des charges qui pèsent sur lui. »
La question sans réponse
Dans diverses lettres adressées par Samy à son avocat, il dépeint son quotidien comme une suite d’actes de torture menés par ses geôliers. Ces scènes inhumaines décrites sont constamment suivies par une seule et même question : « pourquoi suis-je puni ? ».
Les premières injustices commencent à Bagram où les toilettes étaient permises 2 fois par jours : une fois après l’aube et une fois avant le crépuscule. Les détenus devaient faire une interminable queue pour accéder aux toilettes. Une fois, sous le coup d’une envie pressante, Samy avait demandé à son codétenu qui le précédait de lui céder sa place. Ces mots lui valurent de vives représailles de la part de ses geôliers qui lui attachèrent les mains à l’aide d’un fil de fer et le laissèrent passer la journée debout, dans le froid.
Tout au long de ces sévices, Samy se posent la même question « Pourquoi suis-je puni ? »
A Guantanamo, Samy refuse les vaccins que ses geôliers lui proposent. Pour des raisons professionnelles évidentes, il avait déjà fait ses vaccins. Ce refus lui vaudra un traitement particulièrement drastique pendant 3 jours et 3 nuits avec la même question au fond de lui : Pourquoi suis-je puni ? Sans jamais recevoir un début de réponse.
Un blog pour alerter l'opinion
A ce jour, comme pour les cinq cent autres codétenus, aucune forme de procès n’a encore eu lieu. Le statut de prisonnier de guerre leur est refusé. Ils sont considérés par l’armée américaine sous la dénomination de « combattants ennemis ». Une manière illégale de les priver de leurs droits.
Marié, père d’un enfant, qui a aujourd’hui 5 ans, Samy n’a pas vu grandir son fils. Et, malgré la publication de la listes des détenus du camp de Guantanamo, le black out est total sur ses conditions de détention et les charges contre lui. Etait-il un témoin gênant quelques semaines avant l’intervention militaire des Etats-Unis ?
Des amis de Samy ont créé Un blog - http://libertepoursami.blog4ever.com pour alerter l’opinion sur cette injustice qui dure depuis cinq ans !