|
|||||||||
Kagamé réclame des 'excuses' à la France CIRCE
“ Que penser de cette volonté du Président Sarkozy de rétablir les relations diplomatiques avec le Rwanda, le 8 décembre dernier à Lisbonne, qui ne peut s'expliquer que par la situation de faiblesse dans laquelle la France commence à se trouver en Afrique et au Rwanda en particulier.
Dans ce pays, qui courageusement a fait front à la "Franceafric", la commission d'enquête "Mucyo" sur l'implication de la France dans le génocide rwandais a rendu son rapport le 16 novembre dernier. Le Président Kagamé se gardant l'opportunité d'une publication. De quoi M. Sarkozy a-t'il donc peur? Suffisamment peur pour transgresser une décision de la Justice française qui a lancé des mandats d'arrêts contre neufs hauts dignitaires rwandais, y compris le Président Kagamé. Suffisamment peur pour effectuer un « cent quatre vingt degrés » dans la diplomatie française envers ce pays, en indisposant très certainement la « grande muette ». Mais, il est aussi vrai que M. Sarkozy était, pendant le génocide, Ministre du Budget en France et si c'est bien cette dernière (par l'intermédiaire de la Caisse Centrale de Réassurance ?) qui a fourni aux génocidaires les finances comme le prouverait le rapport « Mucyo », alors .... Le Président Kagamé se doit de bien évaluer ce revirement, spectaculaire, de la diplomatie française à son égard. Peut-on , en Afrique, croire à la bonté de la France et de ses intérêts, ou doit-on rester vigilant ? La publication du rapport "Mucyo" permettrait de lever un voile. ” CIRCE
Le Président Kagamé semble avoir eu tord de tendre la main. Il a cru M. Sarkozy à Lisbonne en décembre dernier et M Kouchner lors de sa visite éclaire à Kigali. Il a baissé sa garde et donc perdu la main !
Dommage, car en novembre et décembre il avait tous les atouts. Tout le monde attendait le rapport de la commission MUCYO. Celui-ci contenait des preuves de l'implication française dans le génocide notamment par son financement au travers de la société d'état, la Caisse Centrale de Réassurance. Au lieu de le publier et d'agir en conséquence devant les juridictions internationales, le Président rwandai semble avoir voulu négocier le contenu de ce rapport avec le gouvernement français. Or, depuis Ho Chi Minh, tous les responsables du tiers monde devraient savoir ce que vaut la parole donnée des gouvernements français successifs. Aujourd'hui M. Kagamé est pris entre les mandats du juge Bruguière et ceux du juge espagnol. Que "vaut" à l'heure actuelle politiquement le rapport MUCYO ? Dommage, c'est une occasion perdue, et de celles-ci qui se rattrapent difficilement ! Alors, à quand la publication de ce rapport ? CIRCE
Témoignage
Le financement du génocide au Rwanda par la Caisse Centrale de Réassurance : les implications Par Martin Marschner von Helmreich (Publié par La Nuit Rwandaise : www.lanuitrwandaise.net Martin Marschner, professionnel de la haute finance, a été amené à témoigner devant la commission Mucyo sur les responsabilités françaises dans le génocide rwandais. Il aurait alors eu l’occasion de vérifier, y compris dans les archives rwandaises, que le mécanisme qu’il dénonce semble bien avoir servi à financer directement des achats d’armements... les armes du génocide. Le fait que les irrégularités observées se soit produites alors qu’un certain Nicolas Sarkozy était ministre du Budget soulève de toute évidence un sérieux problème, toujours d’actualité... Quoiqu’il en soit de ces accusations, elles auront au moins le mérite d’attirer l’attention sur la question insuffisamment explorée à ce jour – quatorze ans après le génocide –, de son financement. Une commission d’enquête de l’ONU était déjà parvenue à établir que des armes achetées par le colonel Bagosora en plein génocide avait été réglées par la BNP de Paris. Le gouvernement français s’était abstenu de répondre aux questions des enquêteurs onusiens s’inquiétant de savoir comment une telle chose avait pu être possible. Il semble qu’il y ait ici un début de réponse. Il y a un an, je témoignais devant la commission MUCYO [1] , décrivant le système occulte mis en place par l’État français par l’intermédiaire de son « faux nez », la Caisse Centrale de Réassurance, afin de financer le génocide au Rwanda en 1994. Si le mécanisme financier est maintenant connu et vérifié, il me semblait opportun de revenir sur les implications que cela entraîne. Tout d’abord, la Caisse Centrale de Réassurance ne s’est pas « réveillée » financier occulte, ou victime (selon la version officielle), début janvier 1994, pour interrompre les « pertes », le 29 août de la même année. Les documents comptables remis à la Commission Mucyo, en provenance du rapport de la COB [2] française, prouvent sans conteste possible que ces « errements » remontent, au moins, à la création de sa filiale de gestion, Rochefort Finances, en 1988 ! Les financements occultes opérés durant la période 1990-1994 ne l’ont pas été au seul profit (si l’on peut dire !) du Rwanda, loin s’en faut. Par contre, en remontant par les bénéficiaires rwandais vers la source, on peut aisément déterminer la « quote-part » de ce pays dans les pertes des OPCVM (fonds communs et SICAV) de la C.C.R. En conséquence, si d’autres pays africains (ou autres) ont des doutes sur certains financements, une vérification est aussi possible. En revenant au Rwanda, ces documents permettent, au moins en partie, d’expliquer le financement de la période préparatoire au génocide, notamment de 1992 à avril 1994. Cela a l’avantage de faire le lien entre cette période préparatoire et celle du génocide même, car il y a une unicité du financier ! Cela bouleverse, pièce comptable à l’appui, toutes les thèses négationnistes qui s’appuient sur l’apparente disjonction entre l’aide, notamment militaire, française apportée jusqu’à fin 1993 et la non implication française directe à partir de début 1994. Le génocide ne s’est ainsi plus tenu au seul moment où les militaires français, pris d’une subite inspiration, « désertent » le Rwanda avant de revenir en force pendant l’opération Turquoise... Tout cela, Paris le sait, Sarkozy le sait, le « French doctor » Kouchner le sait, mais aussi le Président Kagamé ne peut l’ignorer. Sauf que ce dernier dispose maintenant des preuves. La question légitime qui se pose maintenant est, bien évidemment, de savoir qui est impliqué par ces preuves ? La réponse, pour celui qui détient les éléments, est simple. Tout d’abord, tous ceux qui ont autorisé les pertes observées, comme leur renflouement, pendant cette période. En premier lieu le conseil d’administration de la C.C.R. Et là , cela devient croustillant en même tant que limpide, car il ne s’agit que de très, très hauts fonctionnaires. On se retrouve au cœur même du « système » français. Les noms ? Les voici : − Pierre Duquesne, Ministère de l’ Economie et des Finances, sous-directeur à la Direction du Trésor ; − Yves Mansion, AGF, directeur général ; − Jean-Luc Pain, Ministère du Budget, sous-directeur à la Direction du Budget ; − Michel Taly, Ministère du Budget, chef du Service de la Législation Fiscale ; − Michel Thovert, Commission de Contrôle des Assurances, chef de contrôle des Assurances. La liste du conseil d’administration et des personnes pointées, présentes lors de ces fameux conseils est plus longue, mais cette « short list » donne déjà au lecteur une bonne impression. Les fonctions étaient celles au moment des faits. Ce que le lecteur notera c’est que ces personnes ont eu, depuis lors, une carrière brillante pour la plupart. Mais, je me vois dans l’obligation d’ajouter deux noms « hors conseil d’administration » de la C.C.R., mais dont nous disposons des preuves de leur parfaite connaissance du dossier C.C.R et des pertes. Il s’agit d’une part de Monsieur François Pérol, à l’époque sous-directeur du Trésor et aujourd’hui faisant partie de la « garde rapprochée » de Monsieur Sarkozy en tant que secrétaire général adjoint de l’Élysée, et d’autre part du directeur du Trésor lui-même, Monsieur Christian Noyer, aujourd’hui gouverneur de la Banque de France. Le lien entre ces personnages est qu’ils incarnent l’administration de la France, sa pérennité. Les politiques passent, eux ils restent ! .... et gèrent le pays. Je tiens à me répéter, ce ne sont pas les seuls noms dont je dispose ! Mais c’est largement suffisant pour déterminer l’implication directe de l’État français. Bien évidemment, pour réaliser une opération aussi complexe qu’un génocide, il faut plus que de l’argent et des finances. Il y a bien sûr la « grande muette », la presse et autres médias, mais aussi la justice pour réduire au silence les derniers récalcitrants. Là aussi, je dispose d’une (longue) liste de magistrats qui savaient et qui ont quand même œuvré activement pour camoufler l’implication française. À mes yeux, leur complicité est encore plus coupable que celle des autres acteurs, car leur devoir c’est la justice. Si les juges d’un État n’ont plus cette conscience, alors le fondement même de la société de ce pays est en danger. Enfin, le lecteur qui a suivi mon audition à Kigali, se demandera : et quid de Monsieur Sarkozy ? Tout d’abord à l’époque, cette question, posée par le Président de la Commission, Jean de Dieu Mucyo lui-même, m’avait surpris. En effet, je ne croyais disposer, dans les documents transmis, d’aucune preuve d’un lien direct. Et je ne me permettrai jamais d’avancer quoi que ce soit sans preuve, ayant appris à mes dépens le mal que cela occasionne. Bien sûr, en tant que ministre du Budget en 1994, ses adjoints directs siégeaient au conseil d’administration de la C.C.R. Bien sûr, il est peu probable que l’on ne l’informât pas qu’il allait lui manquer un milliard (1.000.000.000 !) au moment de boucler son budget. Mais, je n’avais son nom sur aucun des documents relatifs aux pertes directes de la C.C.R. en ma possession. C’est alors que je me suis souvenu d’autres faits, d’autres enquêtes que j’ai dû effectuer dans le cadre de ma défense, et j’ai pu, en bonne conscience, répondre positivement à la question posée. Pour conclure, je souhaiterais indiquer que mon témoignage résulte d’un seul esprit de devoir de citoyen du monde. A titre privé, je ne connais aucune des personnes incriminées et je n’ai aucune rancœur personnelle. Par contre, ne me posez pas la question de ce que je pense d’elles, humainement parlant. Martin Marschner von Helmreich, Monaco, le 24 avril 2008. |
|||||||||
copyright © 2002-2024 Saphirnews.com - ISSN 2497-3432 - tous droits de reproduction et représentation réservés et strictement limités - Déclaration Cnil n° 1139566
|