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Révolutions arabes, peut-on encore y croire ? (1/2)

 Fathi
Jeudi 23 Janvier 2014

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Je me limite à l'exemple que je connais le mieux, celui de la Tunisie. Le soulèvement qui a mis fin au régime mafieux de Ben Ali a été une explosion inattendue de la colère qui couvait depuis des décennies. D'autres soulèvements ont eu lieu pendant les 55 années précédentes mais ils ont été à chaque fois durement réprimés. Une atmosphère de peur s'était installée dans le pays. Toutes les dérives sécuritaires étaient permises et ne suscitaient aucune réaction de la part d'un pays plongé dans une apathie et une peur paralysantes. La grande faute de Ben Ali a été de s'imaginer que cet état de choses pouvait durer à l'infini. Une faute dont se sont aussi rendus coupables les gouvernements français de droite comme de gauche qui ont toujours soutenu le régime totalitaire Tunisien et d'autres totalitarismes Africains et Moyen Orientaux. Personne ne pouvait prévoir les conséquences qui allaient découler de l'excès de l'injustice en Tunisie lorsque le petit marchand ambulant Bouazizi, broyé et humilié par l'appareil sécuritaire tunisien, s'est immolé par le feu sur la place publique à Kasserine, déclenchant une vague suicidaire collective. Car c'est de cela qu'il s'est agi. Les témoins du drame, pleins d'indignation et dépourvus d'armes, ont spontanément bravé les forces de l'ordre armées jusqu'aux dents et se sont dirigés vers le gouvernorat de Kasserine pour le prendre d'assaut. Ils savaient, ce faisant, à quoi ils s'exposaient. La peur qui les avait si longtemps paralysés avait soudain disparu. Les manifestants désarmés n'avaient plus peur de la mort. Leur désespoir a ensuite fait tache d'huile à travers la Tunisie. Partout des manifestants non armés ont pris possession de la rue pour crier leur indignation contre le régime et prendre d'assaut les bâtiments de l'état si haï mais qui n'arrivait plus à leur faire peur. Les snipers du régime avaient beau viser le crâne et le torse des manifestants, ces derniers continuaient à avancer malgré les centaines de victimes qui tombaient. Devant cette détermination le gouvernement français qui envisageait d'envoyer des renforts à Ben Ali a dû changer son fusil d'épaule. Les avions chargés de bombes lacrymogènes n'ont pas non plus oser décoller des aéroports français. Il faudra trouver d'autres clients. Le Bahrein est preneur. En fin de compte c'est Ben Ali qui a pris peur et n'a même pas tenu quatre semaines. En toute hâte il a embarqué ce qu'il pouvait comme argent liquide et bijoux et s'est envolé vers sa France bien aimée. Celle-ci refusant de l'accueillir, il s'est alors dirigé vers l'Arabie Saoudite dont il critiquait le fondamentalime. Il y a trouvé refuge tout comme avant lui le dictateur Ougandais Idi Amin Dada qui jetait ses opposants en pâture aux crocodiles. Les choses ne sont pas plus compliquées que cela. Le malheur actuel de la Tunisie est l'apparition spontanée d'une myriade de formations politiques dirigées par des personnages qui s'accomodaient bien de l'ancien régime ou qui en faisaient partie mais s'affichent aujourd'hui comme révolutionnaires et réclament le pouvoir, source d'enrichissement des parasites, comme il a été prouvé depuis l'indépendance du pays.