Prier relèverait-il de l’initiative publique ?
Croire en une divinité imposerait-il à l’autorité publique l’obligation d’ériger le lieu de l’affirmation de la croyance ?
La religion deviendrait-elle un service public au même titre que l’éducation ou la santé, et obligerait-elle l’Etat républicain à considérer le croyant en lieu et place du citoyen ?
….C’est ce qu’on est en droit de se demander quand on lit, sur le site www.saphirnews.com, l’interview d’un obscur chercheur obscurantiste du CNRS ( qui sévit également à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix en Provence) – un certain Frank Frégosi- qui demande aux musulmans de ce pays d’agir avec force pour obtenir « la révision du droit commun en matière de financement des activités cultuelles » ( à l’instar de ce que préconisait le rapport « Machelon » que même le candidat Sarkozy avait enterré…), pour obtenir l’argent des contribuables ( de tous les contribuables) nécessaire à la construction de leurs mosquées ( et autres écoles coraniques).
La tentative n’est pas nouvelle, et, si la période électorale que nous connaissons laisse pendante cette question, on peut être sûr qu’il y aura un déferlement de projets constructifs cultuels (islamiques ou autres) dès l’approche des municipales, l’épouvantail du vote « communautariste »( musulman en particulier) sera alors appelé à la rescousse par tous ceux qui y auront intérêt…comme par tous ceux qui cultivent l’image saugrenue et exagérée de « l’islam des caves et garages »à des fins prosélytes…Une population de 4% de français de religion musulmane, dont un quart à peine pratique , ne requiert pas les besoins cruciaux dont on voudrait nous persuader : dans les Pyrénées Orientales, 20 000 musulmans ( dont 10 % de pratiquants) disposent de 10 mosquées dont « une grande » de 1200 places….(AFP du 8 /12 /06 )
Il faut le dire et le redire : la religion n’est pas un service public, la République « connaît » les religions mais ne les reconnaît pas, l’article 2 de la loi de 1905 est intangible et non négociable, l’argent de tous n’a pas à satisfaire les supposés besoins de certains, et la ressource publique est destinée à la construction des écoles, des centres de santé, des logements, des espaces sportifs… au soutien de l’emploi, de la culture…à la sécurité collective et à l’exercice de la justice…et non à permettre la constructions de mosquées (même affublées d’un masque culturel…), d’églises, de temples (solaires ou évangéliques), de pagodes et autres synagogues, de maisons de la « pensée libre »ou de « palladium(s) » de l’athéisme !!!
Il faut le dire et le redire . Aussi reprendrai-je ici ce que j’écrivais dans le numéro 535 de « Respublica » : « , depuis le 01 /01 /1906 , le problème des constructions des lieux de culte est résolu au point qu’aujourd’hui, on peut en tracer le processus : création d’une association spécifique, acquisition d’un terrain dans un espace prévu au plan d’urbanisme local, montage d’un dossier de permis de construire conforme à le loi générale en vigueur, élaboration d’un cahier des charges organisant légalement le fonctionnement de la structure, plan privé de financement ( avec contrôle des capitaux éventuellement) , gestion de l’ensemble ainsi créé dans le respect de l’ordre public…Rien dans la loi générale ne s’oppose à ce qu’un culte érige un lieu dévolu à son seul bénéfice et assis sur ses seules ressources : c’est cela « connaître » les cultes, et « assurer la liberté des cultes » , chacun dans son domaine propre d’intervention , l’Etat chez lui , « l’Eglise » chez elle…
Il faut le dire et le redire : la religion musulmane a trouvé en France un pays déjà constitué, avec une Histoire, des valeurs, des modes d’organisation et de fonctionnement politiques, sociétaux, individuels, des infrastructures de toutes sortes , dans lesquels elle doit se couler sans vouloir les distordre à sa façon (et, à fortiori, les détruire), auxquels elle doit s’adapter sans vouloir y substituer ses propres lois, notamment pour ce qui est de l’assise laïque(et de la loi de 1905 qui l’institutionnalise) de notre société… laïcité qui lui permet d’organiser son culte, de le pratiquer en toute liberté et en toute sécurité dans le respect de la loi générale et dans des lieux qu’elle construit avec ses financements propres – garantie première de l’autonomie de la religion face à l’Etat Républicain. Tout autre comportement , toute autre revendication relèveraient d’une propension au communautarisme religieux ….
Tout récemment, à propos des projets de construction de mosquées à Marseille et à Montreuil, les Tribunaux Administratifs , dans leurs décisions, ont montré combien la loi de 1905 était une garantie pour maintenir l’espace laïque républicain… désignant par là le terrain que les défenseurs de la laïcité se doivent d’occuper : celui du juridique, en portant systématiquement devant la justice les textes et délibérations des conseils municipaux et des maires quand ils ne respectent pas la loi organique. Sans cesser d’occuper le terrain du politique où il convient de lutter pour amener ceux qui veulent diriger à quelque niveau que ce soit à défendre les textes fondamentaux de la laïcité…et à en tenir compte dans leurs décisions !
« L’Observatoire Permanent de la Laïcité », en cours de constitution à Marseille à l’initiative d’une dizaine d’associations de défense de la laïcité, a pris en compte cette double fonction dans ses projets d’actions et va mettre en place les moyens de la réaliser… La structure « souple » des « Laïques en Réseau » pourra s’insérer dans cette démarche pour y donner une ampleur nationale …Ainsi se précise la création d’un « pôle » juridique mis à la disposition de toutes les structures de défense de la laïcité afin qu’elles puissent agir de conserve et en permanence contre les atteintes à la loi de 1905 en utilisant un terrain sur lequel elles manquent de présence…
Pour défendre et promouvoir la laïcité, beaucoup est à faire…Faisons-le ensemble !
Nombreux et divers sont les adversaires de la laïcité…Affrontons-les unis !