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Forte hausse des inscriptions sur les listes électorales  30/12/2005

Le nombre d'inscriptions sur les listes électorales a sensiblement augmenté en 2005 par rapport à 2004, selon une étude portant sur 108 communes de 22 régions françaises.

D'après cette enquête menée par le club "Allez France!", membre du collectif Banlieues Respects, la hausse varie entre 7,0% et 32% suivant les endroits.

Aucun scrutin national n'est en principe prévu en 2006 mais la date limite d'inscription sur les listes électorales est fixée au 31 décembre.

Pour l'auteur de l'étude, Rachid Nekkaz, cette prise de conscience est liée aux violences du mois dernier dans les banlieues sensibles, mais aussi à la mobilisation des médias et de célébrités comme le rappeur Joey Starr, l'humoriste Djamel Debbouze et le footballeur Lilian Thuram.

"Le fait que Joey Starr ait montré sa carte d'électeur a marqué les esprits des jeunes qui se sont dits : 'on est plus tout seuls'", estime Rachid Nekkaz, qui parle d'un "mai 1968 de la conscience citoyenne".

"C'est la notion d'électeur, de citoyen, qui prime sur la notion de nationalité", dit-il.

Les jeunes ne sont pas les seuls à témoigner de leur désir de voter. Selon l'étude, les 18-25 ans ont représenté 65% des inscriptions, contre 35% pour les plus de 35 ans.

"Les jeunes s'inscrivent surtout par souci de participer. Les plus âgés sont davantage motivés par la peur, surtout en milieu rural et dans les quartiers résidentiels des banlieues", commente Rachid Nekkaz.

Le président d'"Allez France!" revendique le soutien de plus de 2.400 maires et 414 députés autour de l'idée d'une inscription automatique sur les listes électorales.

Cela serait, selon lui, surtout utile dans les grandes villes, où le nombre de non-inscrits est bien supérieur à la moyenne nationale. A Marseille par exemple, il est de 23% alors que la moyenne est de 8,6% des Français en âge de voter.

"On déménage beaucoup en ville, et l'on constate par exemple que des centaines de milliers de cadres, très mobiles, ne pensent pas à s'inscrire", commente Rachid Nekkaz.

Aux yeux des observateurs, la vague de violences urbaines du mois dernier a réveillé les esprits.

"Il y a une nouvelle prise de conscience après les événements", estime Ali Zahi, employé à la mairie de Clichy-sous-Bois, la ville où les émeutes ont commencé fin novembre après la mort de deux jeunes gens. "Les gens veulent prendre une part plus grande dans la vie politique".

Pour Jean-Pierre Campos, député-maire de Nanterre (Hauts-de-Seine), où le nombre d'inscriptions ce mois-ci a été de 50% supérieure à celle de décembre 2004, le spectre de la présidentielle de 2002 est toujours là.

"2007 approche. Les jeunes ont pris conscience du fait qu'ils ne veulent pas une répétition de 2002, où ils n'ont eu le choix qu'entre la droite et l'extrême droite", déclare l'élu communiste.

Lors de la présidentielle de 2002, plus d'un tiers des jeunes âgés de 18 à 24 ans n'avaient pas voté. Leur vote pourrait donc faire la différence au printemps 2007, même s'il est difficile de dire quel camp en bénéficiera.