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L'accord passé à l'OMC est 'une régression', pour José Bové  18/12/2005

L'activiste altermondialiste José Bové dénonce le compromis de Hong Kong de l'OMC, affirmant qu'il s'agit d'un "leurre" et d'une "régression" pour la majorité des paysans de la planète.

"Rien ne va s'arranger! Pour la majorité des paysans de la planète, cet accord représente une régression qui confirme la prédominance des pays riches sur les pays pauvres", a-t-il déclaré dans un entretien accordé par téléphone à Reuters.

"Cet accord sur l'accès aux marchés est un leurre pour les paysans du sud", a-t-il ajouté de Hong Kong.

Le compromis "favorise toujours la politique agroexportatrice, à la fois des pays riches et des grands pays émergents comme le Brésil ou l'Argentine et cela ne servira en tout cas pas la majorité des paysans", a-t-il martelé.

L'ancien porte-parole de la Confédération paysanne qui a rejoint les rangs de Via Campesina, alliance internationale de syndicats paysans, accuse l'Union européenne d'avoir mené durant des années un double jeu envers les paysans du Sud et d'être en partie responsable de l'échec de leurs politiques agricoles.

"Le drame de cet accord, c'est que l'UE et la France ont refusé de reconnaître depuis des années que leurs politiques agricoles et leurs financements aux exportations faisaient du tort aux pays du Sud", a dénoncé José Bové.

"Aujourd'hui le vrai risque, c'est que ce soit la politique agricole de l'Union (PAC) qui soit remise en cause", a-t-il déploré en évoquant les autres formes d'aides accordées par le budget communautaire aux petits agriculteurs européens.

"C'est tout à fait inacceptable, car la majorité des paysans européens ne touchent quasiment pas d'aides, 80% étant perçues par 20% de riches agriculteurs", a assuré José Bové selon lequel les petits et moyens agriculteurs européens sont "les dindons de la farce".


Ils "vont souffrir des cadeaux qui sont faits aux lobby agro-industriels", aux "riches céréaliers", à "l'agrobusiness", "à ceux qui font de la production excédentaire de viande porcine et de poulets pour les déverser sur le marché mondial".

"Les compensations pour le Brésil et l'Argentine, qui avaient été demandées de manière imbécile par un certain nombre d'ONG, risquent de poser de gros problèmes à l'Europe", car "ce sont leurs exportations que l'Europe risquent de subir", a-t-il également prévenu.

"Il n'y aura aucun bénéfice pour les petits paysans du Sud et ceux d'Europe (...) Les bénéficiaires seront les fermes extensives et massives du Brésil qui font notamment du soja, de la canne à sucre ou celles d'Argentine qui produisent de la viande bovine", a dit José Bové.

Il a aussi dénoncé l'accord sur l'élimination des aides à l'exportation qui ne concernera, selon lui, qu'un excédent de production européen de 5% à 10% sur les grandes productions de base. "Tout ces problèmes que nous allons subir, en tant que producteurs européens, c'est pour ces 5 à 6% d'excédents", a-t-il dénoncé.

"Le paradoxe, c'est que l'on entend des gens se plaindre parce qu'il y a trop de cadeaux faits aux pays du Sud. En réalité ce sont une minorité d'agro-industriels qui continueront à vendre leurs excédents sur les pays tiers", a fustigé le syndicaliste.