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Société

11 vaccins obligatoires : beaucoup de bruit... pour rien ?

Rédigé par | Lundi 15 Janvier 2018 à 11:55

           

Depuis le 1er janvier 2018, le nombre de vaccins obligatoires est passé de trois à onze pour les nouveau-nés. Le débat couve depuis plusieurs mois en France : Nos enfants sont-ils en danger ? Encourent-ils des risques à terme ? Ou n’est-ce finalement qu’un grand vacarme pour (presque) rien ? Une pharmacienne répond à nos questions.



11 vaccins obligatoires : beaucoup de bruit... pour rien ?
Seuls trois vaccins, regroupés sous l’appellation « DTP », étaient auparavant obligatoires en France : la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite depuis respectivement 1938, 1940 et 1964. Désormais, les bébés nés après le 1er janvier 2018 doivent nécessairement être vaccinés contre la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, l’hépatite B, la bactérie Haemophilus influenzae, le pneumocoque et le méningocoque C sous peine de ne pas pouvoir être admis à la crèche ou encore à l’école.

Les premières vérifications n'auront lieu qu'à partir du 1er juin afin de laisser aux parents le temps d’être informés et, par-dessus tout, rassurés. Car, depuis plusieurs mois, de nombreuses familles sont en proie aux doutes quant au pourquoi d'une extension de l’obligation vaccinale et au fait qu’il n’existe pas de risques – si ce n’est infime – pour les tous petits. Les lobbies anti-vaccins ont d'ailleurs le vent en poupe.

« On surjoue le risque pour nos enfants. Les effets indésirables des vaccins ne touchent qu'une petite minorité », signale Chadia Aïssaoui, pharmacienne à Massy, dans l’Essonne, qui voit d’un bon œil la nouvelle mesure édictée par le ministère de la Santé. « Il fait savoir que 90 % des parents ont déjà réalisé à leurs enfants les 11 vaccins et ceci, bien avant qu'ils ne soient rendus obligatoires », ajoute-t-elle.

La loi était-elle donc nécessaire dans ce cas ? Les professionnels de santé sont partagés mais, pour Agnès Buzyn, ministre de la Santé, l’obligation vise à « rétablir la confiance » des Français dans les vaccins. « Si la confiance envers la vaccination conduisait à une couverture vaccinale de 95 % ou 100 % comme en Suède », l'obligation pourrait être supprimée, a-t-elle fait savoir lors d'une conférence de presse en janvier, précisant qu’un point sera effectué tous les ans.

« Contre la théorie du complot, il n'existe malheureusement aucun vaccin »

« Il est de l'intérêt national que la vaccination soit faite par tous. En effet, si seulement 3 % de la population n'est pas vacciné, les risques de voir la réapparition de maladies qui n'existaient plus sont grands et, par conséquent, le schéma vaccinal ne serait pas efficace au niveau national », estime la pharmacienne massicoise. « Etant maman, je comprends bien sûr les inquiétudes des parents. Mais se baser sur des théories infondées pour éviter un risque qui n'en est pas vraiment n’est, pour moi, pas très logique. (…) Je me dis que c’est bien dommage d'avoir la chance de vivre en France où le vaccin est disponible (et pas forcément ailleurs) et de le bouder. »

Selon un sondage pour la Fondation Jean Jaurès et l'observatoire Conspiracy Watch, 55 % des Français estiment que « le ministère de la Santé est de mèche avec l'industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins ».

« Contre la théorie du complot, il n'existe malheureusement aucun vaccin », a souligné Agnès Buzyn, qui veut lutter contre la désinformation et les idées reçues sur le sujet. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) est, sur ce plan, mis à contribution. « L’efficacité et l’innocuité des 11 vaccins qui deviendront obligatoires en France sont scientifiquement prouvées », rappelait, avant l’entrée en vigueur de la loi. l’Institut, qui a publié un livret (à télécharger plus bas) en décembre 2017 visant à rassurer des familles qui manquent de réponses claires.

« Expliquer aux parents que rien n'a changé » dans le fond

« Les effets indésirables, quand ils existent, sont généralement mineurs et de courte durée », indique l’INSERM. « D’autres effets indésirables parfois attribués à certains vaccins, discutés ci-dessous, sont scientifiquement infondés », ajoute l’Institut, citant les suspicions de lien « entre autisme et vaccination contre la rougeole » et « entre la sclérose en plaques et la vaccination contre l’hépatite B » ou encore les suspicions de « dangers des vaccins combinés » et de « toxicité des adjuvants » comme les sels d’aluminium, pourtant jugés « indispensables » à l’efficacité des vaccins.

L'aluminium, un débat que Chadia Aïssaoui juge « inutile », préférant « un adjuvant connu depuis des années qu'une nouvelle molécule qui la remplacerait et sur laquelle il faudra au minimum 20 ans pour avoir d’éventuels réels effets indésirables ». « En effet, rien ne nous certifierait a 100% que la nouveauté sera réellement inoffensive devant l'aluminium », poursuit-elle.

Alors, qu’est-ce-que cette nouvelle loi va changer pour les professionnels de santé ? « Pour nous, pharmaciens, ça ne changera rien. Simplement plus de temps au comptoir pour expliquer aux parents que rien n'a changé et qu'ils n’auront pas plus d’injections à faire (que par le passé, ndlr) puisque les 11 vaccins sont déjà contenus dans les quatre qui étaient réalisés », conclut Chadia Aïssaoui.


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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