Qui sont ces libérateurs oubliés ?
Originaire des colonies françaises, ces musulmans ont tout quitté pour servir le drapeau français. On peut s’interroger sur les raisons profondes qui ont bien pu motiver ces Africains à s’impliquer dans une guerre qui n’était pas la leur. Bien entendu, pour beaucoup d’anciens combattants, combattre en France représentait la lutte pour « l’homme blanc », dans le pays duquel les droits civiques et les droits de l’Homme sont respectés, où chaque individu a droit au respect de sa dignité. Combattre en France était une marche certaine vers la citoyenneté.
Mais analyser le sacrifice de tous ces « libérateurs oubliés » par le seul désir de reconnaissance dans la citoyenneté française serait fort réducteur. N’oublions pas que beaucoup d’entre eux ne s’élançaient pas dans ces guerres dans un élan patriotique et la grande majorité s’empressait de rejoindre leur pays dès la fin des hostilités. Le désir d’accès à la citoyenneté n’était pas un rêve, notamment pour les combattants d’Afrique de l’Ouest. Les champs patriotiques glorifiant la patrie française leurs sont inconnus. De gré ou de force, « la force noire » a combattu dans l’espoir de pouvoir retourner un jour dans leur pays et non mourir au pied du drapeau français. Les bouleversements au sein des sociétés africaines sont occultés. Les départs d’hommes ont pourtant eu des conséquences désastreuses pour les femmes et les enfants restés au pays.
Mais analyser le sacrifice de tous ces « libérateurs oubliés » par le seul désir de reconnaissance dans la citoyenneté française serait fort réducteur. N’oublions pas que beaucoup d’entre eux ne s’élançaient pas dans ces guerres dans un élan patriotique et la grande majorité s’empressait de rejoindre leur pays dès la fin des hostilités. Le désir d’accès à la citoyenneté n’était pas un rêve, notamment pour les combattants d’Afrique de l’Ouest. Les champs patriotiques glorifiant la patrie française leurs sont inconnus. De gré ou de force, « la force noire » a combattu dans l’espoir de pouvoir retourner un jour dans leur pays et non mourir au pied du drapeau français. Les bouleversements au sein des sociétés africaines sont occultés. Les départs d’hommes ont pourtant eu des conséquences désastreuses pour les femmes et les enfants restés au pays.
Les tirailleurs sénégalais
Entre 1914 et 1918, 180 000 tirailleurs sénégalais ont combattu en France. Loin d’être tous Sénégalais, ils étaient recrutés dans l’ensemble des colonies. Considérés comme plus combatifs en raison de leur « intelligence moins développée », ils servaient de chair à canon dans les premières lignes des champs de batailles. Plus de 30 000 vont y mourir.
Abdoulaye Ndiaye est une des figures emblématiques des tirailleurs sénégalais. Les promesses exceptionnelles de la part des autorités n’ont jamais été respectées. Jusqu'à sa mort, à la veille de la commémoration de l'armistice de 1998, il percevait une pension de 340 francs et 21 centimes, alors que celles de ses compagnons d’armes français ont continué d’augmenter. Tous les anciens combattants africains reçoivent à peu près la même somme de la part de l’Etat français, qui n'a pas pris en compte les infirmités dues à la guerre. Selon Mohamed Azzouzi, président de l’Association marocaine des anciens combattants, les pensions des Français sont « quatre à cinq fois supérieures » à celles des anciens combattants marocains. « Une honte pour la France. »
Abdoulaye Ndiaye est une des figures emblématiques des tirailleurs sénégalais. Les promesses exceptionnelles de la part des autorités n’ont jamais été respectées. Jusqu'à sa mort, à la veille de la commémoration de l'armistice de 1998, il percevait une pension de 340 francs et 21 centimes, alors que celles de ses compagnons d’armes français ont continué d’augmenter. Tous les anciens combattants africains reçoivent à peu près la même somme de la part de l’Etat français, qui n'a pas pris en compte les infirmités dues à la guerre. Selon Mohamed Azzouzi, président de l’Association marocaine des anciens combattants, les pensions des Français sont « quatre à cinq fois supérieures » à celles des anciens combattants marocains. « Une honte pour la France. »
Le Collectif pour la mémoire et la citoyenneté
Le collectif milite pour que « nos grands parents ne soient pas oubliés ». Sami, coordinateur du collectif, considère qu’au delà de l’argent que la France doit aux anciens combattants africains, elle se doit de respecter la mémoire de tous ceux qui ont combattus pour la France. Les enfants issues de l’immigration sont complexés selon lui. « On nous a ressassés que l’Européen a fait beaucoup pour nous », ajoute le coordinateur. « Il faut un effort de l’éducation nationale pour intégrer notre histoire dans les livres. Cela fait partie du processus de formation à la citoyenneté, c’est primordial. »
Que fait la France ?
Les gouvernements successifs n’ont pas montré un grand intérêt quant au dégel des pensions des anciens combattants. Le projet du gouvernement Raffarin, qui entend revaloriser les pensions en fonction du pouvoir d’achat des pays concernés, attise la colère des anciens combattants. « Réunis au combat, nous étions les mêmes, et beaucoup sont morts », remarque un ancien combattant tunisien, en regrettant l’inégalité des pensions entre français et africains
Pour lutter contre l’oubli et pour le droit à la mémoire, le collectif compte bien organiser d’autres rencontres, notamment à l’occasion du 11 novembre 2003.
Pour lutter contre l’oubli et pour le droit à la mémoire, le collectif compte bien organiser d’autres rencontres, notamment à l’occasion du 11 novembre 2003.