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Abderrahmane Ghoul : un homme de dialogue

Rédigé par Cheikh Touré | Jeudi 30 Juin 2005 à 00:00

           

« Une mise élégante, deux portables dans les mains, et trois mariages en cinq ans. » Voilà ce que l’on retiendra d'Abderrahmane Ghoul si l’on écoute les émois de ses détracteurs : « Voilà ce qu’ils me reprochent et fonde la douloureuse réputation qu’ils me font. Mais derrière, c’est l’islam tolérant qui est visé », explique Abderrahmane Ghoul.



Abderrahmane Ghoul
Abderrahmane Ghoul
Voilà ce que l’on retiendra de Abderrahmane Ghoul si l’on écoute les émois de ses détracteurs : « Voilà ce qu’ils me reprochent et fonde la douloureuse réputation qu’ils me font. Mais derrière, c’est l’islam tolérant qui est visé », explique Abderrahmane Ghoul. Avant de préciser que ses mariages, sans polygamie aucune, sont plutôt la partie triste d’une vie publique aussi riche sur le plan associatif que réussie sur le plan professionnel : « Toutes ces responsabilités m’ont effectivement rendu injuste avec mes épouses successives. Mais aujourd’hui, je maintiens une union depuis cinq ans, et ma fille de 21 ans est ingénieur en agronomie à Oran, et ma deuxième fille prépare son baccalauréat. Tandis que je me fais un devoir de proximité avec mon épouse et mon petit dernier de quatre ans. D’ailleurs, c’est Mourad Zerfaoui qui m’a fait la fatiha. »

Homme de Coran

Si le candidat de Grande Mosquée de Paris s’exprime ainsi, c’est que sa réputation fait oublier, à certains, qu’il est avant tout un imam, fils d’imam, et homme de Coran. Il est fier d’avoir transmis la parole de Dieu à toute une famille dont les membres sont tous des modèles de réussite : « Sept Marseillais, père et fils, dont un médecin à l’hôpital de La Timone, un ingénieur en informatique, et trois frères qui dirigent les prières nocturnes de Ramadan (Tarawih) dont un producteur-musicien auquel on doit des vedettes algériennes telles Cheb Khaled. »

Imam de la mosquée de Tahara, fondée en 1982 au quartier central de Noailles, et dont il préside l’association depuis 2000, ce métis maroco-algérien de 46 ans tient à rappeler qu’il est arrivé en France avec son diplôme de pharmacien. Formé en langue arabe, il n’a pas bénéficié des équivalences universitaires françaises, et s’est converti dans le commerce avec un succès « plus relatif que légendaire ».

Homme de radio, il compte à son actif six années de bénévolat au sein de Radio Gazelle où il a animé la tranche du matin, de six à huit heures, entièrement consacrée au Coran et à la sira du Prophète. Ses meilleurs souvenirs : « Une petite fille que je viens de croiser pendant la campagne, elle était passée dans l’émission pour un test de lecture à l’âge de six ans. Aujourd’hui, à 11 ans, elle récite plus du tiers du Coran (jusqu’à la sourate Ya Sin, 36) ». Et cette autre histoire : « Une vieille dame aveugle qui se fait conduire par son petit-fils jusqu’à la radio pour demander de mes nouvelles parce qu’elle ne m’a pas entendu pendant deux jours. Elle avait apporté avec elle une cinquantaine de cassettes où elle avait enregistré l’émission : "Tu nous donnes de la vie." » Et de conclure à l’adresse des incrédules : « Son fils est encore vivant. »

Bon collaborateur pour les institutions

Mais bien plus que sa réputation arabiquement téléphoné, ce sont ses relations avec le Grand Mufti de Marseille qui risquent de le gêner pour la présidence du CRCM PACA qui lui tend son siège. « Soheib Bencheikh n’est pas mêlé à ces histoires : il ne veut pas en entendre parler, et je m’engage à le laisser en dehors de tout cela. Du reste, je défie quiconque de l’affronter sur sa science religieuse. Mais je continue à considérer qu’il est en avance sur ses contemporains », répond-il. En sachant bien qu’il lui sera difficile d’enlever ce fantôme indésirable de la tête de ses détracteurs. Quant à lui, il sait que son prêche du vendredi « attirent les jeunes et les gens tolérants » et ne confesse qu’un seul défaut : « Je ne sais pas dire non ! »

Concernant la future présidence du CRCM, il n’en fait pas une priorité : « Logiquement, la présidence revient à GMP. Mais la liste de l’entente peut légitimement y prétendre. Moi, je tends la main à tout le monde pour sortir de la crise qui divise les musulmans dans notre région, et Mourad Zerfaoui a toute sa place dans le futur exécutif. »

En attendant, il savoure sa position d’éligible à la haute fonction, et rappelle que c’est « l’homme de dialogue » en lui qui saura saisir les chances offertes à l’islam en France : « Je pense que nous serons de bons collaborateurs pour les institutions qui manquent cruellement d’interlocuteurs compétents et ouverts. Les musulmans ont perdu beaucoup de temps et de chance : leur situation est grave, et exige des hommes. »





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