Claire Rushbrook (Ava) et Adeel Akhtar (Ali) - Rezofilms
Direction Bradford, une petite ville pluvieuse du nord de l’Angleterre qui a connu la révolution industrielle au XVIIIe siècle. Une destination pour nombre d'émigrants, des Irlandais arrivés dès 1840, aux Indo-Pakistanais qui commencent à s’installer un siècle plus tard. L’environnement est typiquement britannique : les maisons en briques, les pubs et leurs buveurs de bière, les « double-decker », ces bus à impériale mondialement connus. Un décor à la Ken Loach bien utilisé par Clio Barnard, la réalisatrice du film Ali & Ava, présenté à Cannes en 2021 pour la Quinzaine des réalisateurs.
Sauf qu’il ne s’agit pas d’une chronique de laissés-pour-compte de la société britannique, mais plutôt de l’histoire d’une rencontre entre une Irlandaise, grand-mère à la peau laiteuse, et d’un Pakistanais jovial et fou d’électro et de rap. Leurs goûts musicaux sont différents, elle est plutôt rock et folk. Leur cultures familiales respectives sont aussi éloignées que possible. Il est en instance de divorce, elle a mis son mari à la porte.
Leur solitude les rapproche. Et pourtant, que de barrières à démolir, de préjugés à combattre, de méfiance à apaiser pour simplement faire admettre à leurs enfants et leurs fratries qu’une histoire d’amour est possible avec « l’autre », celui qui est différent. Au-delà de la rencontre amoureuse, le film présente aussi la dure réalité de la vie dans une société occidentale que certains jugent « envahie ». Les questions d’identité, de culture, de race et de classe sont abordées avec subtilité le temps d'un cycle lunaire, illustré par de magnifiques images de pleine lune sur fond de paysage urbain au début et à la fin du film.
Sauf qu’il ne s’agit pas d’une chronique de laissés-pour-compte de la société britannique, mais plutôt de l’histoire d’une rencontre entre une Irlandaise, grand-mère à la peau laiteuse, et d’un Pakistanais jovial et fou d’électro et de rap. Leurs goûts musicaux sont différents, elle est plutôt rock et folk. Leur cultures familiales respectives sont aussi éloignées que possible. Il est en instance de divorce, elle a mis son mari à la porte.
Leur solitude les rapproche. Et pourtant, que de barrières à démolir, de préjugés à combattre, de méfiance à apaiser pour simplement faire admettre à leurs enfants et leurs fratries qu’une histoire d’amour est possible avec « l’autre », celui qui est différent. Au-delà de la rencontre amoureuse, le film présente aussi la dure réalité de la vie dans une société occidentale que certains jugent « envahie ». Les questions d’identité, de culture, de race et de classe sont abordées avec subtilité le temps d'un cycle lunaire, illustré par de magnifiques images de pleine lune sur fond de paysage urbain au début et à la fin du film.
Résister face à l'injonction de « choisir un camp »
Ava (Claire Rushbrook) est confrontée aux mauvais souvenirs d’un mari violent et raciste et ne veut pas couper les ponts avec son fils, bien proche de prendre le même chemin que son père. Ancien DJ dans un club, Ali (Adeel Akhtar) est déjà jugé comme un original dans sa communauté. Le personnage est d’ailleurs inspiré de la propre vie de Moey Hassan que la réalisatrice a rencontré lors de la production de son documentaire The Arbor (2010).
« Travailler en tant que DJ dans des clubs a toujours été un tabou dans ma communauté, explique l’acteur. On ne s’attendait pas à ce que je suive cette voie. La plupart des enfants de familles pakistanaises rejoignent l’entreprise familiale ou vont à l’université pour devenir comptable. J’ai toujours voulu vivre les deux cultures en même temps et en retirer le meilleur. Concrètement, je le fais en travaillant dans des clubs où je passe de la musique pour tous ; je me suis épanoui dans cet environnement où l’on ne m’a jamais jugé en fonction de mon identité. »
« Cependant, le Brexit, le 11-Septembre et les chaînes d’information en continu ont changé l’état d’esprit des communautés "d’origine" et la représentation permanente dans les médias de nos communautés a fini par nous pousser, malgré nous, à choisir un camp, précise Moey Hassan. De mon côté, je fais de mon mieux pour aider une nouvelle communauté d’immigrants arrivés de Slovaquie, représentés par la famille de Sofia dans le film. Ils me rappellent ma propre arrivée en tant qu’immigré. Je me suis demandé, si je ne les aide pas à s’installer, qui le fera ? »
« Travailler en tant que DJ dans des clubs a toujours été un tabou dans ma communauté, explique l’acteur. On ne s’attendait pas à ce que je suive cette voie. La plupart des enfants de familles pakistanaises rejoignent l’entreprise familiale ou vont à l’université pour devenir comptable. J’ai toujours voulu vivre les deux cultures en même temps et en retirer le meilleur. Concrètement, je le fais en travaillant dans des clubs où je passe de la musique pour tous ; je me suis épanoui dans cet environnement où l’on ne m’a jamais jugé en fonction de mon identité. »
« Cependant, le Brexit, le 11-Septembre et les chaînes d’information en continu ont changé l’état d’esprit des communautés "d’origine" et la représentation permanente dans les médias de nos communautés a fini par nous pousser, malgré nous, à choisir un camp, précise Moey Hassan. De mon côté, je fais de mon mieux pour aider une nouvelle communauté d’immigrants arrivés de Slovaquie, représentés par la famille de Sofia dans le film. Ils me rappellent ma propre arrivée en tant qu’immigré. Je me suis demandé, si je ne les aide pas à s’installer, qui le fera ? »
Un film qui peut « déclencher des débats très positifs »
Pour Tracy O’Riordan, la productrice du film, la réalisatrice Clio Barnard « a créé un magnifique portrait de petites vies écrites en grand (…) montrant l’extraordinaire dans l’ordinaire, la complexité de nos vies sans pour autant généraliser. Il révèle des couches d’histoire, d’identités culturelles et de passés de personnes : je pense qu’il peut déclencher des débats très positifs ».
« Dans une époque de grande incertitude, la peur est exploitée par des politiciens toxiques qui divisent l’opinion, constate Clio Barnard. Et puis d’un autre côté, il y a la résistance – une lame de fond faite d’action collective, de colère politique productive et de montée de la conscience sociale et morale. »
« Dans une époque de grande incertitude, la peur est exploitée par des politiciens toxiques qui divisent l’opinion, constate Clio Barnard. Et puis d’un autre côté, il y a la résistance – une lame de fond faite d’action collective, de colère politique productive et de montée de la conscience sociale et morale. »
Ali & Ava, un film de Clio Barnard
Grande-Bretagne, 1h35
Avec Adeel Akhtar, Claire Rushbrook, Shaun Thomas
Sortie en salles le 2 mars 2022
Lire aussi :
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