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Société

Cannes : la mairie attaquée en justice pour l’arrêté anti-burkini

Rédigé par | Vendredi 12 Août 2016 à 17:20

           

Le Collectif contre l’islamophobie en France annonce, vendredi 12 août, une action en justice à l’encontre de la municipalité de Cannes pour son arrêté contre le port de tenues religieuses ostentatoires sur les plages.



Cannes : la mairie attaquée en justice pour l’arrêté anti-burkini
La mairie de Cannes est dans le collimateur de plusieurs associations après la découverte d’un arrêté municipal visant à interdire le port de burkini sur la plage. Pris le 28 juillet dernier, l’arrêté municipal n’a été remarqué par les internautes que ce mercredi 10 août. Le texte, assez flou, interdit l’accès à la plage à « toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité » puis évoque ailleurs les « tenues de plage manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse ».

A la suite des attentats du 14 juillet, à Nice, puis du 26 juillet, à Saint-Etienne-du-Rouvray, la municipalité a décidé de prendre une mesure symbolique forte en ciblant ainsi le burkini, tenue de bain qui recouvre l’intégralité du corps. Le vêtement est assimilé à un « signe d’adhésion au jihadisme » par le maire David Lisnard qui invoque la laïcité pour justifier son choix.

Afin de pouvoir interdire le burkini, le directeur général des services, Thierry Migoule, s’appuie sur trois arguments. Le premier, déjà utilisé pour les piscines, est que le vêtement poserait « un problème d’hygiène », même pour une baignade en mer. Le deuxième, plus intrigant, est le risque pour la sécurité des baigneurs qui le porte et celle des sauveteurs « qui n’ont pas appris à sauver des gens tout habillés ». Enfin, la mairie redoute des troubles à l’ordre public car « on ne sait pas comment les gens pourraient réagir devant des tenues provocatrices ».

LDH de Cannes : « A quand une milice des mœurs comme au pays des mollah ? »

Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) dit avoir été sollicité par « une dizaine de femmes » qui, « en tant que Cannoises », « se sentent lésées ». Marwan Muhammad, le directeur exécutif de l’association, affirme avoir tenté une médiation en vain : « Nous avons fait un rappel à la loi au maire, mais il a maintenu sa position et nous a opposé un refus frontal. » En conséquence, une action en justice va être intentée.

La Ligue des droits de l’homme (LDH) de Cannes a également indiqué qu’elle allait suivre la même procédure judiciaire, lundi 15 août au plus tard. « Notre maire a-t-il le catalogue des vêtements autorisés sur les plages de Cannes et bientôt dans nos rues ? A quand une milice des mœurs comme au pays des mollah ? », s’interroge dans un communiqué la section cannoise de la LDH. « Comment, en effet, ne pas craindre que, par des attitudes aussi exclusives et répressives, certains de nos compatriotes ne se sentent exclus de la cité ? », déplore l’association.

« On n'interdit pas le voile, ni la kippa, ni les croix, j'interdis simplement un uniforme qui est le symbole de l'extrémisme islamiste. Il faut arrêter de vouloir caricaturer cet arrêté. Nous vivons dans un espace public commun, il y a des règles à respecter », a répondu, jeudi, David Lisnard face à la polémique. Interpellé sur Twitter par Feiza Ben Mohamed, porte-parole de la Fédération des musulmans du Sud, l’Observatoire de la laïcité estime que « si des restrictions vestimentaires sont décidées, en l'espèce, elles ne peuvent se fonder sur le principe de la laïcité ». Pour l’heure, les personnes qui ne respecteraient pas l’arrêté s’exposent à une amende de 38 euros.






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