Lorsque s’est ouvert, le 7 février dernier, le procès intenté par les représentants du culte musulman contre Charlie Hebdo, pour sa publication de deux caricatures danoises jugées insultantes, deux scénarios étaient possibles.
Le premier était qu’un vrai débat soit ouvert sur les questions de fond posées par ce procès. Comment définissons-nous la liberté d’expression ? Cette liberté est-elle égale pour tous ? Doit-elle comporter des limites ? Si oui, quelles sont-elles ?
La deuxième question, posée par ce procès, et liée à la question de la liberté d’expression était la suivante : peut-on opposer deux libertés fondamentales, à savoir la liberté d’expression et la liberté de conscience ? Peut-on assurer, simultanément, le respect de l’une et de l’autre ? Dans le cas contraire, y a t’il une primauté entre elles, une hiérarchie ?
A en croire les déclarations de Charlie Hebdo, la liberté d’expression est sacrée. Elle ne doit souffrir quasiment aucune limite et doit permettre la critique des religions, dont la caricature est l’une de ses formes légitimes. Les représentants du journal satyrique, qui rejettent les accusations d’islamophobie, rappellent qu’ils ont toujours critiqué les religions, et que ces caricatures ne visent que les extrémistes de l’islam.
Pour les plaignants, la liberté d’expression illimitée peut aboutir à une limitation, voire une négation de la liberté de conscience. Publier, à 400 000 exemplaires, un dessin représentant le symbole de la religion musulmane en l’assimilant à la pratique du terrorisme, ne manquera pas, selon eux, de créer un amalgame entre une religion, ses fidèles et des pratiques criminelles. Au-delà du caractère insultant de ces dessins, cet amalgame ne manquera pas de renforcer à son tour des représentations sociales extrêmement négatives à l’encontre des musulmans, qui autorise et autorisera le développement de sentiments islamophobes et de pratiques racistes et discriminatoires. La conséquence directe de ce processus sera assurément une réduction conséquente des libertés religieuses, pour les musulmans.
Ce débat n’a pas eu lieu.
Le premier était qu’un vrai débat soit ouvert sur les questions de fond posées par ce procès. Comment définissons-nous la liberté d’expression ? Cette liberté est-elle égale pour tous ? Doit-elle comporter des limites ? Si oui, quelles sont-elles ?
La deuxième question, posée par ce procès, et liée à la question de la liberté d’expression était la suivante : peut-on opposer deux libertés fondamentales, à savoir la liberté d’expression et la liberté de conscience ? Peut-on assurer, simultanément, le respect de l’une et de l’autre ? Dans le cas contraire, y a t’il une primauté entre elles, une hiérarchie ?
A en croire les déclarations de Charlie Hebdo, la liberté d’expression est sacrée. Elle ne doit souffrir quasiment aucune limite et doit permettre la critique des religions, dont la caricature est l’une de ses formes légitimes. Les représentants du journal satyrique, qui rejettent les accusations d’islamophobie, rappellent qu’ils ont toujours critiqué les religions, et que ces caricatures ne visent que les extrémistes de l’islam.
Pour les plaignants, la liberté d’expression illimitée peut aboutir à une limitation, voire une négation de la liberté de conscience. Publier, à 400 000 exemplaires, un dessin représentant le symbole de la religion musulmane en l’assimilant à la pratique du terrorisme, ne manquera pas, selon eux, de créer un amalgame entre une religion, ses fidèles et des pratiques criminelles. Au-delà du caractère insultant de ces dessins, cet amalgame ne manquera pas de renforcer à son tour des représentations sociales extrêmement négatives à l’encontre des musulmans, qui autorise et autorisera le développement de sentiments islamophobes et de pratiques racistes et discriminatoires. La conséquence directe de ce processus sera assurément une réduction conséquente des libertés religieuses, pour les musulmans.
Ce débat n’a pas eu lieu.
Pour une liberté d’expression…sélective
Charlie Hebdo, ses militants, ainsi que la classe politique et la classe médiatique, dans leur
ensemble, ne l’ont pas souhaité.
On a préféré lui substituer un autre procès, celui de l’islam, au cours de ce qui fut l’une des plus belles représentations théâtrales de ces derniers mois.
Charlie Hebdo a refusé ce débat car il n’est pas favorable à une liberté d’expression sans limites et pour tous. Comme l’ensemble des grands médias, Charlie Hebdo prône une liberté d’expression sélective, illimitée lorsqu’il s’agit de la critique et de l’offense à l’islam, bâillonnée quant il est question de la critique politique et morale du sionisme, des agissements de l’Etat d’Israël, du colonialisme et de nombreux autres sujets.
Nourrie par un athéisme revendiqué, l’aversion de Philippe Val et de ses collaborateurs pour toutes les expressions du fait religieux, musulman en tête, les ont poussé à publier des dessins, pour le moins douteux. Il faut également souligner que initialement les dessins ont été publiés par un journal danois, qu’on présente pudiquement comme un journal ultra conservateur, c'est-à-dire d’extrême droite. C'est donc une véritable gageure pour Charlie Hebdo qui a construit, entre autre, sa notoriété par son combat contre le Front national.
L’argument selon lequel ces dessins dénoncent les extrémistes musulmans, ne tient pas. Si telle était l’intention de ce journal, ce n’est évidemment pas le Prophète de l'islam qui aurait été dessiné mais une autre personne.
ensemble, ne l’ont pas souhaité.
On a préféré lui substituer un autre procès, celui de l’islam, au cours de ce qui fut l’une des plus belles représentations théâtrales de ces derniers mois.
Charlie Hebdo a refusé ce débat car il n’est pas favorable à une liberté d’expression sans limites et pour tous. Comme l’ensemble des grands médias, Charlie Hebdo prône une liberté d’expression sélective, illimitée lorsqu’il s’agit de la critique et de l’offense à l’islam, bâillonnée quant il est question de la critique politique et morale du sionisme, des agissements de l’Etat d’Israël, du colonialisme et de nombreux autres sujets.
Nourrie par un athéisme revendiqué, l’aversion de Philippe Val et de ses collaborateurs pour toutes les expressions du fait religieux, musulman en tête, les ont poussé à publier des dessins, pour le moins douteux. Il faut également souligner que initialement les dessins ont été publiés par un journal danois, qu’on présente pudiquement comme un journal ultra conservateur, c'est-à-dire d’extrême droite. C'est donc une véritable gageure pour Charlie Hebdo qui a construit, entre autre, sa notoriété par son combat contre le Front national.
L’argument selon lequel ces dessins dénoncent les extrémistes musulmans, ne tient pas. Si telle était l’intention de ce journal, ce n’est évidemment pas le Prophète de l'islam qui aurait été dessiné mais une autre personne.
Une occasion ratée
Quant à la classe politique française, de Sarkozy à Bayrou en passant par Hollande, elle a démontré que le ridicule ne tuait pas. La récupération politique non plus, à quelques semaines des élections présidentielles. Dans une surenchère « républicaine » et « laïque », nos hommes politiques ont tiré, tant et si fort, sur la couverture médiatique, qu’ils faillirent bien la déchirer.
On reconnaîtra au moins ce mérite aux musulmans de France. Ils sont le premier facteur de cohésion nationale dans ce pays, à leur corps défendant, capables de faire exploser tous les clivages politiques.
Quelques jours après ses propos sur ceux qui égorgent des moutons dans leurs baignoires, sur TF1, le ministre des cultes et créateur du moribond CFCM, très critique, il y a peu, sur le fonctionnement de la justice, n’a pas hésité, finalement, à violer son devoir de réserve en s’invitant à l’audience, par l’intermédiaire d’une lettre de soutien à Charlie Hebdo.
Ce procès restera donc dans les annales comme une occasion ratée. Celle d’ouvrir un passionnant débat qui, à n’en pas douter, aurait été d’une grande utilité pour l’ensemble des français.
Nos élites en ont décidé autrement. Préférant nous jouer le mélodrame des martyrs de la liberté, sacrifiée sur l’autel de l’obscurantisme islamique, ces splendides comédiens ont préféré faire leur, cette devise martiale. Le pire reste le meilleur.
On reconnaîtra au moins ce mérite aux musulmans de France. Ils sont le premier facteur de cohésion nationale dans ce pays, à leur corps défendant, capables de faire exploser tous les clivages politiques.
Quelques jours après ses propos sur ceux qui égorgent des moutons dans leurs baignoires, sur TF1, le ministre des cultes et créateur du moribond CFCM, très critique, il y a peu, sur le fonctionnement de la justice, n’a pas hésité, finalement, à violer son devoir de réserve en s’invitant à l’audience, par l’intermédiaire d’une lettre de soutien à Charlie Hebdo.
Ce procès restera donc dans les annales comme une occasion ratée. Celle d’ouvrir un passionnant débat qui, à n’en pas douter, aurait été d’une grande utilité pour l’ensemble des français.
Nos élites en ont décidé autrement. Préférant nous jouer le mélodrame des martyrs de la liberté, sacrifiée sur l’autel de l’obscurantisme islamique, ces splendides comédiens ont préféré faire leur, cette devise martiale. Le pire reste le meilleur.