Film insultant le Prophète de l’islam, manifestations violentes en réaction dans de nombreux pays − mais ni en France ni en Europe −, publication de caricatures par un hebdomadaire français au nom de la liberté d’expression : nous avons, hélas !, l’impression d’avoir déjà assisté plusieurs fois à ce mauvais scénario. Combien de fois se reproduira-t-il amplifié par certains médias et par Internet ?
Certains veulent à tout prix donner raison à la théorie du choc des civilisations qui prétend réduire le monde à deux blocs antagonistes, celui de la « civilisation musulmane » et celui de la « civilisation chrétienne », oubliant au passage que plus d’un être humain sur deux dans notre monde ne vit ni dans l’un ni dans l’autre de ces blocs mais dans des pays asiatiques comme la Chine et l’Inde qui relèvent d’autres civilisations.
Il est plus facile de décréter qu’islam et démocratie sont incompatibles plutôt que de soutenir ceux qui prennent le risque de travailler à ce que les « printemps arabes » puissent porter des fruits pour les peuples concernés, même si cela demande « de la sueur et des larmes ».
Certains de ces critiques se réclament de la foi catholique mais ont-ils écouté ces paroles de Benoît XVI dans l’avion qui le menait au Liban ?
« Je dirais qu’en lui-même le printemps arabe est une chose positive : il est un désir de plus de démocratie, de plus de liberté, de plus de coopération, d’une rénovation de l’identité arabe. (…) C’est pourquoi, je pense qu’il est important de voir l’élément positif dans ces mouvements et de faire notre part afin que la liberté soit comprise d’une manière juste et réponde à plus de dialogue et non à la domination des uns sur les autres. »
A la suite des caricatures publiées par Charlie Hebdo, Mgr Michel Dubost et Mohammed Moussaoui ont lancé un appel commun à tous les citoyens : « France, qu’as-tu fait du respect de l’autre ? » Leur appel est une invitation à la réflexion, s’appuyant sur les trois piliers indissociables de la devise de la République : que veut dire la liberté d’expression si elle rend impossible la fraternité et oublie l’égalité ?
Les auteurs des caricatures n’ont pas compris qu’ils blessaient le sentiment religieux profond et la foi d’une majorité de concitoyens musulmans. Prétendant combattre les fondamentalistes, ils leur ont apporté un appui inespéré et ont réussi à obtenir le soutien des extrêmes des deux bords.
Dans ces circonstances, comment ne pas faire écho, à nouveau, aux paroles du pape Benoît XVI qui, au même moment, en visite au Liban, invitait les chrétiens à davantage d’unité entre eux et apportait son soutien au dialogue entre chrétiens et musulmans.
« Une société plurielle n’existe qu’à cause du respect réciproque, du désir de connaître l’autre et du dialogue continu. Ce dialogue entre les hommes n’est possible que dans la conscience qu’il existe des valeurs communes à toutes les grandes cultures, parce qu’elles sont enracinées dans la nature de la personne humaine. »
Benoît XVI s’est ainsi adressé aux jeunes musulmans présents aux côtés des jeunes chrétiens : « Il faut que l’ensemble du Moyen-Orient, en vous regardant, comprenne que les musulmans et les chrétiens, l’islam et la chrétienté, peuvent vivre ensemble sans haine dans le respect des croyances de chacun pour bâtir ensemble une société libre et humaine. »
Comment ne pas entendre cet appel aussi pour les chrétiens et les musulmans vivant en France et en Europe ? Cette « Lettre SRI** » témoigne de plusieurs initiatives prises ensemble : il nous revient de les multiplier, au nom de notre foi en Dieu, pour faire reculer la peur et tisser la fraternité.
* Père Christophe Roucou est directeur du Service national pour les relations avec l'islam (SRI)
** Cet article est l'édito de la Lettre trimestrielle du SRI, n° 112, septembre 2012.
Certains veulent à tout prix donner raison à la théorie du choc des civilisations qui prétend réduire le monde à deux blocs antagonistes, celui de la « civilisation musulmane » et celui de la « civilisation chrétienne », oubliant au passage que plus d’un être humain sur deux dans notre monde ne vit ni dans l’un ni dans l’autre de ces blocs mais dans des pays asiatiques comme la Chine et l’Inde qui relèvent d’autres civilisations.
Il est plus facile de décréter qu’islam et démocratie sont incompatibles plutôt que de soutenir ceux qui prennent le risque de travailler à ce que les « printemps arabes » puissent porter des fruits pour les peuples concernés, même si cela demande « de la sueur et des larmes ».
Certains de ces critiques se réclament de la foi catholique mais ont-ils écouté ces paroles de Benoît XVI dans l’avion qui le menait au Liban ?
« Je dirais qu’en lui-même le printemps arabe est une chose positive : il est un désir de plus de démocratie, de plus de liberté, de plus de coopération, d’une rénovation de l’identité arabe. (…) C’est pourquoi, je pense qu’il est important de voir l’élément positif dans ces mouvements et de faire notre part afin que la liberté soit comprise d’une manière juste et réponde à plus de dialogue et non à la domination des uns sur les autres. »
A la suite des caricatures publiées par Charlie Hebdo, Mgr Michel Dubost et Mohammed Moussaoui ont lancé un appel commun à tous les citoyens : « France, qu’as-tu fait du respect de l’autre ? » Leur appel est une invitation à la réflexion, s’appuyant sur les trois piliers indissociables de la devise de la République : que veut dire la liberté d’expression si elle rend impossible la fraternité et oublie l’égalité ?
Les auteurs des caricatures n’ont pas compris qu’ils blessaient le sentiment religieux profond et la foi d’une majorité de concitoyens musulmans. Prétendant combattre les fondamentalistes, ils leur ont apporté un appui inespéré et ont réussi à obtenir le soutien des extrêmes des deux bords.
Dans ces circonstances, comment ne pas faire écho, à nouveau, aux paroles du pape Benoît XVI qui, au même moment, en visite au Liban, invitait les chrétiens à davantage d’unité entre eux et apportait son soutien au dialogue entre chrétiens et musulmans.
« Une société plurielle n’existe qu’à cause du respect réciproque, du désir de connaître l’autre et du dialogue continu. Ce dialogue entre les hommes n’est possible que dans la conscience qu’il existe des valeurs communes à toutes les grandes cultures, parce qu’elles sont enracinées dans la nature de la personne humaine. »
Benoît XVI s’est ainsi adressé aux jeunes musulmans présents aux côtés des jeunes chrétiens : « Il faut que l’ensemble du Moyen-Orient, en vous regardant, comprenne que les musulmans et les chrétiens, l’islam et la chrétienté, peuvent vivre ensemble sans haine dans le respect des croyances de chacun pour bâtir ensemble une société libre et humaine. »
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