Chers frères et sœurs fidèles du Christ, chers frères et sœurs musulmans, chers compatriotes et vous tous étrangers vivant parmi nous,
Au début de cette adresse nous viennent à l’esprit, nous, Évêques du Sénégal, ces paroles de notre Seigneur Jésus-Christ à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14, 27). Elles nous rappellent, en effet, que la paix est un don merveilleux et précieux de Dieu, que les hommes se doivent d’accueillir, de protéger et de faire fructifier. C’est à nous tous que revient la responsabilité de construire cette paix, à travers nos paroles, nos comportements, et nos actions de tous les jours.
Or, les événements tragiques que le monde vient de vivre avec l’« affaire Charlie Hebdo » constituent une menace grave à la paix sociale, avec des conséquences déplorables, notamment à l’encontre de personnes innocentes.
Fidèles à notre responsabilité de pasteurs, nous prenons la parole pour inviter instamment au calme, à la réflexion, au jugement de la raison, qui va au-delà des passions et qui doit guider notre action et notre réaction. Nous saluons avec bonheur les prises de position de beaucoup de chefs religieux, d’intellectuels et de tant d’autres personnes qui se sont prononcés en ce sens, chez nous et ailleurs.
Nous condamnons avec force la violence meurtrière du terrorisme et du fanatisme de tous bords qui, sous le couvert de la religion, porte atteinte à la vie des hommes, au nom de Dieu. Ceci est inacceptable et incohérent, car la vie est un don sacré de Dieu, qui doit être respecté et protégé. Personne ne peut s’arroger le droit de donner la mort : « Tu ne tueras pas » (Ex 20, 13), c’est le cinquième Commandement de Dieu. Aussi implorons-nous, dans nos prières, la miséricorde du Seigneur pour toutes les victimes.
Nous ne pouvons pas non plus cautionner les caricatures de Mohammed, fondateur de l’islam. Nous condamnons avec véhémence cette liberté qui se veut illusoirement absolue, sans limites, en offensant et en manquant de respect à l’autre, dans sa dignité d’homme, dans ses choix, sa foi et ses convictions religieuses.
Nous faisons nôtre la position du Saint Père, le Pape François, se prononçant sur ladite affaire en ces termes : « On ne peut pas provoquer. On ne peut pas insulter la foi des autres. On ne peut pas la tourner en dérision. La liberté d’expression doit s’exercer sans offenser. »
La religion est une fibre très sensible. Ne jouons donc pas avec le feu ! C’est pourquoi, sans jamais entrer dans une logique de vengeance et de violence, nous dénonçons le caractère blessant de ces publications. C’est dans le témoignage du pardon, de la fraternité et de la paix que les croyants, guidés par les chefs religieux, peuvent rendre authentiquement compte de la vérité et de l’amour contenus dans la religion.
Par contre, les auteurs de telles caricatures ne peuvent et ne doivent, en aucune manière, être assimilés à des chrétiens agissant contre l’islam, comme les réactions violentes survenues au Niger pourraient le faire croire. D’ailleurs, leur idéologie est très souvent dirigée contre la religion chrétienne, et plus particulièrement contre les catholiques. On ne peut pas non plus injustement étendre cette hostilité à toute la nation française, qui est composée aussi bien de croyants − chrétiens, musulmans, juifs et autres − que d’autres personnes désireuses de vivre en harmonie avec leurs semblables.
Nous lançons le présent appel, pour préserver notre cher Sénégal de tous les démons de la division, de la haine et de la violence, comme nous l’ont toujours rappelé nos chefs religieux, musulmans comme chrétiens. En effet, ce qui nous rassemble est plus important que ce qui peut nous différencier. Nos diversités religieuses et ethniques sont des richesses qui doivent contribuer à la consolidation de notre unité nationale.
Veillons à préserver le bel exemple de cohabitation pacifique, qui caractérise notre société, à travers le respect réciproque de nos convictions et à travers la convivialité et la collaboration dans la vie quotidienne. Ne cédons jamais à la pression des influences extérieures, qui pourraient fragiliser cet héritage précieux, remettre en cause les fondements de notre société, et hypothéquer notre développement.
Nous en appelons à la vigilance et à la responsabilité de tous ! Nous élevons enfin notre prière vers le Dieu d’amour, par Marie Notre-Dame de la Paix, Notre-Dame de Poponguine, pour les grâces de la Paix chez nous, en Afrique, et partout dans le monde.
Fait à Dakar, le 22 janvier 2015.
Les Évêques du Sénégal
Au début de cette adresse nous viennent à l’esprit, nous, Évêques du Sénégal, ces paroles de notre Seigneur Jésus-Christ à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14, 27). Elles nous rappellent, en effet, que la paix est un don merveilleux et précieux de Dieu, que les hommes se doivent d’accueillir, de protéger et de faire fructifier. C’est à nous tous que revient la responsabilité de construire cette paix, à travers nos paroles, nos comportements, et nos actions de tous les jours.
Or, les événements tragiques que le monde vient de vivre avec l’« affaire Charlie Hebdo » constituent une menace grave à la paix sociale, avec des conséquences déplorables, notamment à l’encontre de personnes innocentes.
Fidèles à notre responsabilité de pasteurs, nous prenons la parole pour inviter instamment au calme, à la réflexion, au jugement de la raison, qui va au-delà des passions et qui doit guider notre action et notre réaction. Nous saluons avec bonheur les prises de position de beaucoup de chefs religieux, d’intellectuels et de tant d’autres personnes qui se sont prononcés en ce sens, chez nous et ailleurs.
Nous condamnons avec force la violence meurtrière du terrorisme et du fanatisme de tous bords qui, sous le couvert de la religion, porte atteinte à la vie des hommes, au nom de Dieu. Ceci est inacceptable et incohérent, car la vie est un don sacré de Dieu, qui doit être respecté et protégé. Personne ne peut s’arroger le droit de donner la mort : « Tu ne tueras pas » (Ex 20, 13), c’est le cinquième Commandement de Dieu. Aussi implorons-nous, dans nos prières, la miséricorde du Seigneur pour toutes les victimes.
Nous ne pouvons pas non plus cautionner les caricatures de Mohammed, fondateur de l’islam. Nous condamnons avec véhémence cette liberté qui se veut illusoirement absolue, sans limites, en offensant et en manquant de respect à l’autre, dans sa dignité d’homme, dans ses choix, sa foi et ses convictions religieuses.
Nous faisons nôtre la position du Saint Père, le Pape François, se prononçant sur ladite affaire en ces termes : « On ne peut pas provoquer. On ne peut pas insulter la foi des autres. On ne peut pas la tourner en dérision. La liberté d’expression doit s’exercer sans offenser. »
La religion est une fibre très sensible. Ne jouons donc pas avec le feu ! C’est pourquoi, sans jamais entrer dans une logique de vengeance et de violence, nous dénonçons le caractère blessant de ces publications. C’est dans le témoignage du pardon, de la fraternité et de la paix que les croyants, guidés par les chefs religieux, peuvent rendre authentiquement compte de la vérité et de l’amour contenus dans la religion.
Par contre, les auteurs de telles caricatures ne peuvent et ne doivent, en aucune manière, être assimilés à des chrétiens agissant contre l’islam, comme les réactions violentes survenues au Niger pourraient le faire croire. D’ailleurs, leur idéologie est très souvent dirigée contre la religion chrétienne, et plus particulièrement contre les catholiques. On ne peut pas non plus injustement étendre cette hostilité à toute la nation française, qui est composée aussi bien de croyants − chrétiens, musulmans, juifs et autres − que d’autres personnes désireuses de vivre en harmonie avec leurs semblables.
Nous lançons le présent appel, pour préserver notre cher Sénégal de tous les démons de la division, de la haine et de la violence, comme nous l’ont toujours rappelé nos chefs religieux, musulmans comme chrétiens. En effet, ce qui nous rassemble est plus important que ce qui peut nous différencier. Nos diversités religieuses et ethniques sont des richesses qui doivent contribuer à la consolidation de notre unité nationale.
Veillons à préserver le bel exemple de cohabitation pacifique, qui caractérise notre société, à travers le respect réciproque de nos convictions et à travers la convivialité et la collaboration dans la vie quotidienne. Ne cédons jamais à la pression des influences extérieures, qui pourraient fragiliser cet héritage précieux, remettre en cause les fondements de notre société, et hypothéquer notre développement.
Nous en appelons à la vigilance et à la responsabilité de tous ! Nous élevons enfin notre prière vers le Dieu d’amour, par Marie Notre-Dame de la Paix, Notre-Dame de Poponguine, pour les grâces de la Paix chez nous, en Afrique, et partout dans le monde.
Fait à Dakar, le 22 janvier 2015.
Les Évêques du Sénégal