Les Saoudiennes n’auront pas le droit de conduire une voiture. L’interdiction de prendre le volant qui frappe les femmes du Royaume n’est pas près d’être levée. Dimanche 22 mai 2005, Muhammad, Shufa, membre du Conseil de Shura, le Conseil consultatif, a proposé que la question soit discutée par le Conseil. Mais sa proposition a été rejetée. Selon le journal Al-Watan, ce report est dû à l’absence du porte-parole du Conseil, en visite au Canada.
Le Conseil de Shura ne compte aucune femme parmi ses 150 membres. Organe consultatif, désigné par le Roi Fahad Bin Abdel-Aziz, ce Conseil n’a pas de rôle législatif. Il est chargé d’étudier des propositions qu’il transmet ensuite au roi avec l’approbation du gouvernement. Pour certains des membres du Conseil, la levée de l’interdiction de la conduite des femmes doit être discutée par le Conseil supérieur des Ulémas.
Entre islam et traditions
Mais monsieur Shufa n’est pas de cet avis et avoue ne pas comprendre le refus opposé à sa proposition. « Notre demande ne porte pas sur une question qui soit un péché dans notre religion ou dans notre culture. Et je pense que beaucoup de personnes dans notre société veulent trouver une solution à ce problème » a-t-il déclaré au journal Arab-News.
Avant l’avènement de la voiture, il était d’usage que les femmes arabes, tout comme les hommes, se déplacent à chameaux. Le Prophète de l’Islam déclare que « les femmes qui montent le mieux à chameau sont les femmes Quoreich » faisant ainsi référence aux femmes de sa tribu. Mais l’empreinte des préceptes Salafite sur la société saoudienne s’est traduite par un certain nombre de mesures souvent restrictives pour la liberté individuelle des femmes.
Une enquête menée par l’agence américaine « Freedom House », classe l’Arabie Saoudite au bas de l’échelle des droits de la femme. L’enquête rendue publique ce week-end au Forum économique mondial en Jordanie portait sur l’ensemble des 17 pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
Une lueur d’espoir
Les Saoudiennes ne sont pas légalement autorisées à voyager seules ni à se présenter devant un tribunal ou une instance administrative sans un garant. Aux élections municipales du 10 février 2005, les premières jamais organisées dans le pays et présentées comme un signe d’évolution des mentalités, elles n’avaient ni le droit de voter, encore moins de se présenter. S’il est clair que ces restrictions de liberté individuelles ne sont pas des valeurs de l’islam (les musulmanes des autres pays ne les subissent pas), il demeure que le poids de la tradition est très présent et ne peut s’estomper que méthodiquement.
Pour sortir de cet imbroglio, et certainement en raison de l’influence américaine de plus en plus réelle dans le Royaume, le roi Fahad a lancé un forum en 2003 sous le nom de « Dialogue national ». Des Saoudiens et des Saoudiennes, pour la première fois, ont pu officiellement débattre des droits de la femme.
Au nombre des acquis, on note la création d’une cour de justice chargée des affaires familiales où des femmes pourront siéger en tant que juge. La troisième session de ce programme de rencontres s’est tenue en le 14 juin dernier et a rassemblé 70 personnalités religieuses et universitaires dont une moitié de femmes.
Dans le contexte actuel où les femmes ne sont pas autorisées à conduire le métier de chauffeur particulier est entré dans les mœurs. On estime leur nombre à environ un million avec une masse salariale de 12 milliards de riyals, soit environ 3.2 milliards de dollars, par an.
Le 6 novembre 1990, un groupe de 47 Saoudiennes avaient défié l'interdiction en s’installant au volant d’une quinzaine de voitures à travers les rues de Riyadh. Elles avaient été vite cernées et sévèrement interpellées par les forces de l’ordre.