Déclaration de la Fédération du Parti Communiste Français de Seine-Saint-Denis à propos des évènements de Clichy-sous-Bois et d'Epinay-sur-Seine
Respect, Justice, Solidarité
NON A LA PROVOCATION
Une fois de plus, une fois de trop, notre département a été endeuillé par trois morts tragiques, trois « morts pour rien ». Un père de famille à Epinay-sur-Seine et deux adolescents à Clichy-sous-Bois. Nous voulons tout d’abord apporter notre soutien et notre amitié aux familles, aux proches et aux populations des deux villes.
Nous voulons également condamner très fermement, les violences, les destructions de biens publics et privés, qui ont suivi la tragédie de Clichy-sous-Bois. Mais plus largement nous dénonçons toute forme d’incitation à la violence, d’où qu’elle vienne.
Or, force est de constater l’existence de nombreux témoignages accusant les forces de l’ordre de provocation. Dans ce contexte particulièrement tendu, n’est-il pas prématuré de se féliciter du travail des forces de police, quand certains actes sont sujets à examen ? Les forces de police sont-elles devenues incontrôlables ou y a-t-il eu volonté délibérée de provoquer, afin de donner le lustre médiatique à la visite de Sarkozy en Préfecture de Seine-Saint-Denis, ce lundi matin ? On ne peut que s’interroger sur cette volonté de mettre de l’huile sur le feu, de fabriquer un « climat de guérilla urbaine », de faire la guerre aux « classes dangereuses ». C’est irresponsable et extrêmement dangereux.
C’est à la justice de faire toute la lumière sur ces deux drames, et sur tous les incidents qui ont suivi. Aucune zone d’ombre ne doit subsister, toutes les responsabilités doivent être établies et sanctionnées. Rappelons solennellement que dans une démocratie, ce n’est ni au Gouvernement, ni au Ministre de l’Intérieur de dire et de rendre la justice, mais aux juges et aux jurys populaires, en s’appuyant sur la Loi.
Dans de telles circonstances, saluons également le courage, la dignité et l’esprit de responsabilité des familles des victimes, qui ont refusé de se faire instrumentaliser médiatiquement par le Ministre de l’Intérieur, qui demandent justice et non pas vengeance.
Les drames d’Epinay et de Clichy-sous-Bois ont certes des circonstances différentes, mais ils ne doivent rien à la fatalité. Ils ont une cause commune : l’insécurité sociale qui ronge notre département depuis trente ans. Oui, Monsieur Sarkozy, 30 ans …
30 ans de désindustrialisation systématique, 30 ans de casse de l’emploi, 30 ans de désengagement dans les politiques du logement social, 30 ans de discrimination et de stigmatisation de sa population, 30 ans de démantèlement des services publics de proximité, 30 ans de sous-investissement en infrastructures de transports.
Des années de démantèlement délibéré : n’est ce pas vous et vos amis de droite, Monsieur Sarkozy, qui avez annulé l’Exposition universelle 2004 ? Vous qui venez de geler les projets d’extension des lignes de métro et de tramway ? Vous qui mettez en œuvre le désengagement de l’Etat par une fausse décentralisation qui asphyxie les finances des collectivités locales ? Cela fait effectivement 30 ans que vous et vos amis politiques, massacrez ce département.
Les habitants de la Seine-Saint-Denis ne laisseront pas transformer ce territoire jeune, rebelle, métissé, solidaire en un gigantesque ghetto, en un centre de relégation, où seules quelques individualités profiteront, par le fait du prince, de la très anti-républicaine « discrimination positive » !
Ce n’est pas d’escadrons de CRS supplémentaires dont nous avons besoin ici, mais de moyens pour une police et une justice au service de la population, et pour une politique de prévention cohérente impliquant tous les acteurs concernés (services de l’Etat, associations, collectivités locales, Education Nationale).
Avec la population, les communistes revendiquent égalité et solidarité pour la Seine-Saint-Denis. Ils exigent des emplois durables, des logements, des moyens pour des services publics de qualité, d’un véritable développement social et économique.
Loin de toute provocation, de tout mépris envers nos populations, nous exigeons du respect, de la justice, de la solidarité !!
Pantin, le 1er novembre 2005