Les élections législatives qui doivent se dérouler le 30 janvier 2005 en Irak sont les premières élections libres depuis plus de 50 ans dans ce pays. Le peuple Irakien a été delivré du joug de Saddam Hussein le 9 avril 2003 par les forces de la coalition multinationale. Mais, la situation économique catastrophique, les erreurs de l'administration américaine qui n'avait aucun plan pour rétablir la situation aprés la guerre et le comportement des troupes d'occupation ont exasperé la population. Une résistance armée s'est alors développée contre les forces américaines et leurs collaborateurs au sein de la société irakienne. La situation sécuritaire s'est dégradée jusqu'au cahos le plus total sur une bonne partie du territoire. Les insurgés sunnites sont farouchement opposés à la tenue des élections législatives prévues le 30 janvier. Ils ont juré de provoquer un bain de sang pour entraver le processus démocratique. Le gouvernement intérimaire d'Iyad Allaoui a ellaboré avec l'appui des forces internationales un plan de sécurité draconien qui sera mis en place les jours précedant les élections. Cependant, quels que soient les moyens déployés, il sera impossible de neutraliser toutes les tentatives des insurgés déterminés a frapper au mépris de leur propre vie.
Les menaces terroristes.
Le 27 décembre 2004, un attentat suicide a la voiture piégée visant le bureau du Conseil supérieur de la Révolution Islamique en Irak a fait 13 morts. Le CSRII dirigé par Abdel Aziz Al Hakim fait partie de la liste de coalition parrainée par le grand Ayatollah Ali Sistani qui devrait remporter un certain succés lors des prochaines élections. Le 04 janvier 2005, Ali Al Haidri, gouverneur de Baghdad est assassiné par des hommes armés, alors qu'il se rend à son bureau. Le 10 janvier, Amar Najaf, chef adjoint de la police de Baghdad est assassiné à son domicile. Enfin, le 12 janvier, le cheikh Mahmoud Al Madahaini, un des représentants d'Ali Sistani est assassiné à Salman Pack.
Ce ne sont là que quelques exemples parmis les plus significatifs des attentats et assassinats qui ponctuent l'actualité quotidienne Irakienne. Les représentants politiques et plus particulièrement les représentants Chiites sont les cibles privilégiées des insurgés. Les membres de la commission électorale chargée de l'organisation des élections ont également payé un lourd tribu à leur engagement. Les insurgés veulent à tout prix pérturber voir empécher le déroulement des élections législatives le 30 janvier prochain. Les terroristes ont donc étendu leurs menaces à tous les électeurs qui se rendraient dans les bureaux de vote ce jour là. Ainsi, «l'Armée Secrète républicaine», un groupe terroriste jusque là inconnu a annoncé le 10 janvier qu'il allait déployer le jour des élections, une trentaine de snipers pour abattre tout électeur qui se rendrait dans un bureau de vote.
Les fonctionnaires qui distribuent les cartes de rationnement ont subi eux aussi de nombreuses menaces. Les terroristes les ont obligés à leur remettre les cartes de rationnement qui servent en effet egalement de cartes électorales.
Bagdad qui concentre toutes les administrations et les organes décisionnels du gouvernement de transition d'Iyad Alloui focalise donc l'attention des insurgés qui multiplient les attaques dans la capitale.
Le plan de sécurité
Le Ministère de l'Intérieur et le Ministère de la Défense irakiens travaillent depuis plusieurs mois pour concevoir le plan qui permettra de guarantir un niveau «acceptable» de sécurité pour le jour des élections. Des moyens considérables seront donc mis en oeuvre le 30 janvier 2005 pour empécher les terroristes de mettre leurs menaces à exécution.
Plus de 130 000 policiers irakiens seront déployés pour assurer la protection immédiate des bureaux de vote. Seuls les électeurs et les membres de la commission de contrôle électorale seront ainsi autorisés a entrer dans les bureaux de vote. La Garde Nationale Irakienne et notamment environ 10000 officiers des forces spéciales seront déployés sur le terrain pour contrôler les véhicules en circulation ce jour là. L'objectif étant d'intercepter les voitures-bombes et leurs conducteurs avant que ceux-ci ne se précipitent contre un bureau de vote pour le faire exploser. La circulation pourrait également être fortement limitée voire interdite dans certains secteurs à proximité des centres électoraux.
Les forces de la coalition internationale seront placées en réserve ce jour là. Elles n'interviendront qu'en cas d'urgence majeure, à la demande des membres de la commission électorale de contrôle par exemple.
Des moyens spécifiques d'observation et d'écoutes électroniques seront mis en oeuvre dans les jours qui précèdent le scrutin. Des ballons captifs équipés de caméras de surveillance seront notamment utilisés pour contrôler certaines zones sensibles. Le réseau de téléphonie mobile sera coupé et les transmissions radio brouillées pour empécher les terroristes de coordonner leurs actions.
Les représentants du Ministère de l'Intérieur irakien affichent un certain optimisme vis a vis de ce plan de sécurité. Cependant, il semble difficile de prévenir un attentat kamikaze comme celui qui a frappé le bureau du Conseil Supérieur de la Révolution Islamique le 27 décembre dernier. Les autorités irakiennes redoutent une vague d'attentats à la voiture piégée visant les bureaux de vote le jour des élections. Mais, les insurgés dotés d'une imagination sans limite disposent d'autres armes pour terroriser les foules et dissuader les électeurs de se rendre aux urnes. Les insurgés sont déterminés a frapper très fort le 30 janvier pour destabiliser le processus électoral. On ose à peine imaginer les conséquences d'obus de mortiers ou de roquettes artisanales visant les bureaux de vote avec une précision alléatoire et tombant au hazard dans les rues de Baghdad.
La stratégie de la terreur.
A Bagdad, la peur est dans tous les esprits. Les attentats meurtriers qui frappent quotidiennement la population irakienne ont modifié les comportements et les habitudes. Les terroristes semblent en effet pouvoir frapper n'importe où, de jour comme de nuit. Une certaine méfiance règne au sein de la population. Les irakiens ne savent plus a qui faire confiance. Les terroristes auraient infiltré un bon nombre d'organisations et d'administrations. Un kamikaze a même reussi à se faire exploser au coeur d'une base américaine de Mossoul le 21 décembre 2004 en tuant un vingtaine de soldats et en blessant une soixantaine.
La communauté Chiite redoute une vague d'attentats contre ses membres et ses représentants politiques et religieux dans les jours qui viennent. Des mesures spéciales de sécurité sont prises lors de la prière du vendredi, notamment dans le quartier de Sadr City, le grand quartier chiite de Bagdad. L'imam qui dirige la prière est entouré par un cordon de boucliers humains. Les membres de l'armée du Mahdi, la milice du leader Moqtada Sadr assurent un double rideau de contrôle des personnes souhaitant accéder à la prière et les véhicules doivent se garer à bonne distance de la foule.
La comunauté Chiite qui subit déjà de nombreuses attaques doit en effet s'attendre a une augmentation du nombre et de l'ampleur des ces attentats. Les insurgés se féliciteraient d'une guerre civile inter-communautaire qui déstabiliserait le pays pour plusieures années sur le modèle Libanais.
Mais d'un autre côté, on assiste également a une grande lassitude et une certaine fatalité de la part des irakiens. La vie quotidienne poursuit donc son cours à Bagdad. L'activité économique est certes fortement ralentie par des années d'embargo, la pénurie de carburant et les problèmes d'alimentation électrique. Mais la majorité des irakiens souhaite vivement le retour de la paix et de la stabilité. Si les irakiens se mobilisent pour ces élections, alors celà constituera une première défaite pour les insurgés.