C’est une question très sérieuse que les anciens théologiens musulmans se sont posée des siècles durant, notamment à partir d’un verset du Coran qui dit « Dieu aime les repentants ainsi que ceux qui se purifient ». Et d’un propos du Prophète qui dit : « Si vous ne pêchiez pas, Dieu vous aurait remplacés par une autre espèce qui pécherait, Lui demanderait pardon et Il lui pardonnerait. »
Il est, en effet, vrai, comme le fait remarquer Ibn Al-Qayyim dans ses Madārig, qu’il n’est nullement fait mention dans le Coran de l’amour de Dieu à l’endroit des non-pécheurs. Si la remarque est pertinente, ce qu’il en a tiré comme conclusion me semble plutôt loin de la réalité puisqu’il suppose l’existence d’humains non-pécheurs. Ce qui n’est pas vrai, sauf pour les prophètes et messagers, avec un débat théologique sur la nature de la faute commise par un prophète ou un messager.
Pécher n’est donc pas une nature seconde chez l’Homme, mais plutôt une nature primaire, une nature sui generis de l’Homme. Chercher à ne pas pécher, c’est ce qui est contre-nature, contrairement à ce qu’on croit. Au demeurant, toute personne qui donne l’impression de ne jamais pécher cache souvent une déchéance devant laquelle même Baal Zebūb (Belzébuth) se sentirait saint. Et pour éviter qu’on s’en aperçoive, elle se drape d’une sainteté factice et se met à juger les autres.
Est-ce à dire pour autant qu’il nous est souhaitable de pécher ? Non, loin s’en faut. Et ce, même s’il nous est inévitable de pécher. Nous devons en revanche essayer de nous en éloigner, notamment des péchés gratuits, qui sont ceux qui ne nous font rien gagner.
Il est, en effet, vrai, comme le fait remarquer Ibn Al-Qayyim dans ses Madārig, qu’il n’est nullement fait mention dans le Coran de l’amour de Dieu à l’endroit des non-pécheurs. Si la remarque est pertinente, ce qu’il en a tiré comme conclusion me semble plutôt loin de la réalité puisqu’il suppose l’existence d’humains non-pécheurs. Ce qui n’est pas vrai, sauf pour les prophètes et messagers, avec un débat théologique sur la nature de la faute commise par un prophète ou un messager.
Pécher n’est donc pas une nature seconde chez l’Homme, mais plutôt une nature primaire, une nature sui generis de l’Homme. Chercher à ne pas pécher, c’est ce qui est contre-nature, contrairement à ce qu’on croit. Au demeurant, toute personne qui donne l’impression de ne jamais pécher cache souvent une déchéance devant laquelle même Baal Zebūb (Belzébuth) se sentirait saint. Et pour éviter qu’on s’en aperçoive, elle se drape d’une sainteté factice et se met à juger les autres.
Est-ce à dire pour autant qu’il nous est souhaitable de pécher ? Non, loin s’en faut. Et ce, même s’il nous est inévitable de pécher. Nous devons en revanche essayer de nous en éloigner, notamment des péchés gratuits, qui sont ceux qui ne nous font rien gagner.
Vivons intelligemment en évitant le mal gratuit
Réfléchissons deux secondes. Que gagne-t-on à calomnier les autres ? A les haïr ou à les rabaisser ? Rien, à bien y réfléchir. Ce sont là des exemples de péchés gratuits ! Que gagne-t-on à amputer un arbre d’une de ses feuilles ou à embêter une bête ? Un faux plaisir éphémère dont on ne se souvient pas une seconde plus tard.
Les péchés majeurs - il n’y en a pas quelque 460 comme l’affirme le savantissime shaféite, Ibn Hagar Al-Haytamī - sont tous des péchés gratuits. Car gagne-t-on quelque chose à associer Dieu à quelque chose ? À manquer à nos devoirs vis-à-vis de nos parents ? À mentir constamment ? À tuer ou violenter l’autre ? A lui confisquer son droit ?
Vivons donc intelligemment en évitant le mal gratuit, en priant Dieu de nous aider à reconnaître notre faiblesse en tant qu’Homme et notre force en tant qu’être aimé de Son créateur, qui ne cesse de l’aimer, quand bien même il fait n’importe quoi ! « Dis, demande le Coran au Prophète, Ô vous mes serviteurs qui avez outrepassé les limites sur leurs personnes! Ne désespérez point de la miséricorde divine. Dieu absout tous les péchés. » Et surtout, soyons modestes car nul n’est infaillible.
*****
Mohamed Bajrafil est linguiste et théologien. Il est auteur de l’ouvrage Islam de France, l’an I.
Lire aussi :
L’urgence du regard critique sur le fiqh : de l'impératif de sortir de la sacralisation de la jurisprudence islamique et de leurs savants
Les péchés majeurs - il n’y en a pas quelque 460 comme l’affirme le savantissime shaféite, Ibn Hagar Al-Haytamī - sont tous des péchés gratuits. Car gagne-t-on quelque chose à associer Dieu à quelque chose ? À manquer à nos devoirs vis-à-vis de nos parents ? À mentir constamment ? À tuer ou violenter l’autre ? A lui confisquer son droit ?
Vivons donc intelligemment en évitant le mal gratuit, en priant Dieu de nous aider à reconnaître notre faiblesse en tant qu’Homme et notre force en tant qu’être aimé de Son créateur, qui ne cesse de l’aimer, quand bien même il fait n’importe quoi ! « Dis, demande le Coran au Prophète, Ô vous mes serviteurs qui avez outrepassé les limites sur leurs personnes! Ne désespérez point de la miséricorde divine. Dieu absout tous les péchés. » Et surtout, soyons modestes car nul n’est infaillible.
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Mohamed Bajrafil est linguiste et théologien. Il est auteur de l’ouvrage Islam de France, l’an I.
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