Ce mercredi 8 septembre l'association ' Gfaim2savoir ' lance un appel. Elle recherche des professionnels (juristes, psychologues,...) et des enseignants diplômés, toutes disciplines générales et techniques confondues, pour venir en aide aux victimes de la loi du 15 mars 2004. L'association veut se munir des moyens humains lui permettant d’organiser, dès la fin de ce mois de septembre, des cours et des sorties pour de petits groupes en vue de limiter le déficit de socialisation scolaire que leur cause l’entrée en vigueur de la loi.
De la grève de la faim à l’école alternative
L’aventure ' Gfaim2savoir ' commence en plein débat parlementaire. Le projet de loi sur les signes religieux était en discussion. Pour interpeller l’opinion publique et les responsables politiques, une étudiante en sociologie et une étudiante en psychologie décident d’une grève de la faim. Romina Stéfanski, présidente de ' Gfaim2savoir ', explique : ' l’objectif de cette grève de la faim était d’exercer une pression sur l’Etat. Mais les médias français ont boycotté l’information. Seules les chaînes étrangères et notamment arabes ont répondu présent…Lors d’une grève de la faim, il est possible de boire de l’eau, des jus de fruits et des bouillons de légumes. …En aucun cas il ne s’agissait d’une opération suicide ! ' Compte tenu du boycott par les médias et surtout de l’adoption de la loi, les deux grévistes ont arrêté leur mouvement. Pour l’ensemble de l’équipe il était impensable d’en rester là. Le choix de se constituer en association loi 1901 s’est imposé naturellement. Il fut concrétisé au mois de mars avec l’objectif précis de venir en aide aux jeunes filles victimes de cette loi.
L’association accompagne les victimes dans leur exclusion en leur dispensant des cours. Elle tente, avec les moyens du bord, de leur assurer une scolarité ' normale '. Pour Romina Stéfanski, l’objectif est ' de reproduire au maximum le programme scolaire de l’année. Des professeurs qualifiés se sont engagés dans de nombreuses disciplines. '
Des idées et des bénévoles, seul l’argent peut manquer
' Gfaim2savoir ' était présente au salon annuel de l’union des organisations islamiques en France, tenu au Bourget (93). Les fonds ont été récoltés pour financer les cours du centre national d’enseignement à distance. Le Salon du Bourget a également permis de faire connaître l’association aux élèves susceptibles d’y avoir recours. De nombreux enseignants désireux d’aider activement l’initiative ont pu faire sa connaissance.
En pratique, explique Romina, ' nous allons mettre des locaux à disposition des élèves et des professeurs, tous les jours de la semaine (sauf le samedi et le dimanche). Nous sommes en négociations actuellement sur les horaires. Les membres de l'association organiseront les cours ainsi que l'accueil des élèves et des professeurs. Nous espérons mettre en place des cours d'initiation à l'informatique et surtout à l’Internet, une fois par semaine. Nous espérons proposer des cours de sport, tel que la natation, une fois par semaine aussi. Nous avons des contacts avec des associations de femmes qui pourraient nous permettre de mettre cela en place pour la rentrée '.
Deux sites sont à l’étude dans le Nord de Paris. Ils ont de grandes chances d’accueillir élèves et professeurs dès septembre 2004. Les idées sont nombreuses pour recréer une ambiance de travail et d’épanouissement semblable à l’ambiance scolaire. L’association mentionne des idées de sorties culturelles voire de voyages. Et Romina d’ajouter : ' seul l’argent pourrait faire défaut ! '.
La responsabilité de la communauté musulmane
Selon la présidente, l’association travaille déjà en coordination avec le collectif ' Une Ecole pour tous-tes' auquel elle voue une admiration constante : ' avec quelle force des gens qui ne sont même pas visés par cette loi se battent pour nos Droits les plus élémentaires. Des personnes d’horizons divers, toutes unies pour dénoncer cette injustice ! ' explique-t-elle avant d’inviter la communauté musulmane à prendre ses responsabilités : ' tous les moyens doivent être mis en œuvre pour lutter contre cette exclusion. Aujourd’hui, c’est le foulard dans les écoles, et demain, quoi d’autre ? C’est ensemble que l’on pourra agir efficacement et faire valoir nos droits. '