La haine des juifs, l’antisémitisme et, auparavant, l’antijudaïsme ont une histoire millénaire qui est indissociable de l’histoire de l’humanité tout entière. Du côté de la responsabilité chrétienne, c’est en octobre 1965 que l’Église publie la déclaration Nostra ætate sur les relations avec les religions non chrétiennes. Elle propose notamment de rénover l’enseignement de l’Église sur les juifs.
L’évolution est importante, car l’on est ainsi passé d’une « théologie de la substitution », qui considérait les juifs comme étant appelés durant leur vie terrestre à se convertir au christianisme, à une « théologie de la filiation » qui admet la coexistence de deux alliances légitimes aux yeux de Dieu, établissant que la vérité est en partage, et encourage à la compréhension et au respect réciproque. L’Église a opéré, avec Vatican II, un changement de position radical et amorcé un dialogue ininterrompu avec les juifs.
Le traumatisme inégalable de la Shoah a fait écrire au philosophe Theodor W. Adorno, persuadé que la culture ne pourra se reconstituer ensuite : « Après Auschwitz, écrire de la poésie est barbare. » Ce traumatisme n’a pas affaibli pour autant l’antisémitisme. Lequel perdure, et il n’est pas rare d’entendre des Français reprocher aux juifs de trop se plaindre, de se voir comme d’éternels parias. Ce grief, qui surgit couramment ici ou là, me semble assez vicieux puisqu’il fait reposer la haine sur le fait de l’avoir auparavant suscitée. Le discours victimaire des juifs deviendrait le prétexte à la persécution. Et ainsi de suite...
L’on discerne déjà là sur quel axiome se construit la rhétorique du mal : les juifs ne sont pas comme les autres, il faut toujours qu’ils se distinguent, et ce n’est pas juste. Ils ont même droit à un terme spécifique, « antisémite », pour désigner leurs ennemis, alors que ceux des autres discriminés sont regroupés sous la même bannière de « racistes ». Ce sont probablement la mauvaise foi et l’ignorance qui dénient à l’antisémitisme sa spécificité. Car ses causes, que le rabbin Delphine Horvilleur examine brillamment dans une tribune publiée dans L’Obs et intitulée « Pourquoi n’aime-t-on pas les juifs ? », se démarquent clairement de celles des autres racismes.
L’évolution est importante, car l’on est ainsi passé d’une « théologie de la substitution », qui considérait les juifs comme étant appelés durant leur vie terrestre à se convertir au christianisme, à une « théologie de la filiation » qui admet la coexistence de deux alliances légitimes aux yeux de Dieu, établissant que la vérité est en partage, et encourage à la compréhension et au respect réciproque. L’Église a opéré, avec Vatican II, un changement de position radical et amorcé un dialogue ininterrompu avec les juifs.
Le traumatisme inégalable de la Shoah a fait écrire au philosophe Theodor W. Adorno, persuadé que la culture ne pourra se reconstituer ensuite : « Après Auschwitz, écrire de la poésie est barbare. » Ce traumatisme n’a pas affaibli pour autant l’antisémitisme. Lequel perdure, et il n’est pas rare d’entendre des Français reprocher aux juifs de trop se plaindre, de se voir comme d’éternels parias. Ce grief, qui surgit couramment ici ou là, me semble assez vicieux puisqu’il fait reposer la haine sur le fait de l’avoir auparavant suscitée. Le discours victimaire des juifs deviendrait le prétexte à la persécution. Et ainsi de suite...
L’on discerne déjà là sur quel axiome se construit la rhétorique du mal : les juifs ne sont pas comme les autres, il faut toujours qu’ils se distinguent, et ce n’est pas juste. Ils ont même droit à un terme spécifique, « antisémite », pour désigner leurs ennemis, alors que ceux des autres discriminés sont regroupés sous la même bannière de « racistes ». Ce sont probablement la mauvaise foi et l’ignorance qui dénient à l’antisémitisme sa spécificité. Car ses causes, que le rabbin Delphine Horvilleur examine brillamment dans une tribune publiée dans L’Obs et intitulée « Pourquoi n’aime-t-on pas les juifs ? », se démarquent clairement de celles des autres racismes.
L’antisémitisme, un ennemi universel de l’Humanité
Delphine Horvilleur souligne que « la haine des juifs n’est jamais un racisme ordinaire. Là où le raciste, convaincu de sa supériorité physique, culturelle ou morale, fait de l’autre un "moins que lui", l’antisémite souffre souvent au contraire d’un étrange complexe d’infériorité. Il reproche au juif d’être là où lui-même aurait dû être, d’avoir usurpé une place confortable qui aurait "dû" être la sienne, d’avoir comploté pour, au final, être un peu mieux loti que lui... ou parfois même d’avoir un peu trop souffert, au point d’éclipser sa propre douleur, moins "grandiose". Ce qui les rapproche, c’est le processus de mise à l’écart d’un groupe choisi d’individus qui facilite à terme son exclusion totale de l’humanité. L’immatriculation à la place du nom vient achever ce glissement de la séparation à la déshumanisation ».
L’antisémitisme est une misanthropie, un diabolo-centrisme, un ennemi universel de l’Humanité. Il est un piège constant du rusé. Combattre l’antisémitisme n’est pas l’affaire des juives et des juifs de ce pays. Car combattre l’antisémitisme, c’est combattre le crime suprême, celui sur l’autel duquel Satan a glorieusement triomphé avant d’échouer.
Combattre l’antisémitisme est une façon de signifier son appartenance à une commune Humanité, c’est un devoir philanthrope et anthropo-centré. Ni les émotions, les relations, le langage, la créativité, l’art ou même l’intelligence ne nous distingue des bêtes, des animaux et des machines. Ce qui nous distingue, c’est notre capacité à aimer l’amour et à haïr la haine. Ça commence aujourd’hui par haïr l’antisémitisme !
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