Un musulman peut-il avoir une vraie estime, un vrai respect pour ce que le chrétien vit dans sa foi ? Un chrétien peut-il avoir une vraie estime et un vrai respect pour ce que le musulman vit dans sa foi ? Peut-on considérer que ce que vit l’autre, grâce à sa foi, est dynamisant pour la société et pour nous-mêmes ? Peut-on considérer que sa prière et sa pratique religieuse, même si elle est différente de la nôtre, a toute sa valeur auprès de Dieu ?
Si l’on veut construire ensemble une société plus fraternelle et contribuer à bien vivre ensemble, la réponse ne peut être qu’affirmative, impérative. Je crois que c’est non seulement une nécessité, mais que c’est aussi un chemin sur lequel Dieu nous attend. Les personnes que Dieu nous donne de rencontrer sont aussi celles à travers lesquelles Il veut nous enrichir et nous faire grandir dans notre propre foi. Quelle image de Dieu aurait-on si l’on pensait qu’il ne s’intéressait qu’à la toute petite part d’humanité que nous représentons ?
Notre mémoire collective est chargée de siècles de conflits et de polémiques qu’il nous faut surmonter pour accepter de regarder l’autre tel qu’il est et non pas tel que nous l’imaginons. Assez spontanément, chrétiens comme musulmans ‒ chacun considérant que sa révélation est l’ultime révélation ‒ ont tendance à regarder la religion de l’autre comme un « sous-produit » de sa propre religion : « Ils sont comme nous, sauf qu’il leur manque ceci ou cela, et qu’ils ont rajouté ceci ou cela… » Tant que l’on raisonne ainsi, on ne découvrira pas l’autre. Car l’autre est tout simplement différent.
Si l’on veut construire ensemble une société plus fraternelle et contribuer à bien vivre ensemble, la réponse ne peut être qu’affirmative, impérative. Je crois que c’est non seulement une nécessité, mais que c’est aussi un chemin sur lequel Dieu nous attend. Les personnes que Dieu nous donne de rencontrer sont aussi celles à travers lesquelles Il veut nous enrichir et nous faire grandir dans notre propre foi. Quelle image de Dieu aurait-on si l’on pensait qu’il ne s’intéressait qu’à la toute petite part d’humanité que nous représentons ?
Notre mémoire collective est chargée de siècles de conflits et de polémiques qu’il nous faut surmonter pour accepter de regarder l’autre tel qu’il est et non pas tel que nous l’imaginons. Assez spontanément, chrétiens comme musulmans ‒ chacun considérant que sa révélation est l’ultime révélation ‒ ont tendance à regarder la religion de l’autre comme un « sous-produit » de sa propre religion : « Ils sont comme nous, sauf qu’il leur manque ceci ou cela, et qu’ils ont rajouté ceci ou cela… » Tant que l’on raisonne ainsi, on ne découvrira pas l’autre. Car l’autre est tout simplement différent.
La reconnaissance nous enrichit
L’expérience humaine fondamentale de toute relation nous montre que c’est la reconnaissance de la différence qui nous enrichit. En fait, il faut accepter que Dieu parle différemment à chacun. Il ne s’agit pas de renoncer à la vérité de Dieu nous révèle, mais de prendre conscience que nul n’est maître de cette vérité. La vérité est un nom de Dieu et nous avons besoin les uns des autres pour en percevoir la grandeur et la profondeur.
Il s’agit non pas de parvenir à un accord sur nos différences ‒ c’est Dieu qui le fera à la fin des temps ‒, mais au moins de chercher à comprendre l’autre. Même les points de divergence sont sans doute à comprendre à nouveau frais. Par exemple, pour un musulman, découvrir d’une manière nouvelle ce qu’un chrétien croit quand il affirme que Jésus est « fils de Dieu » et voir dans quelle mesure cela ne s’oppose ni à la sourate al-Ikhlâs, ni à l’unicité de Dieu. Pour un chrétien, découvrir qu’un musulman peut penser que le Coran est la Parole incréée de Dieu tout en percevant la nécessité d’interpréter le Message dans notre contexte actuel. Il est temps de nous rencontrer vraiment pour sortir des polémiques qui, depuis quatorze siècles, empoisonnent nos relations.
Je rêve d’une société française où, profitant de notre belle diversité culturelle et religieuse, nous puissions prendre le temps de nous écouter et de nous enrichir mutuellement et témoigner ensemble que nos religions sont porteuses de fraternité. La société sécularisée, n’a pas fait disparaître la quête de sens et de bonheur ; et je crois qu’un vrai dialogue entre nous pourra permettre d’y contribuer s’il est vraiment sincère et ouvert. N’est-ce pas cela que Dieu attend de chacun de nous ?
****
Henri de La Hougue, ancien directeur de l’Institut de science et de théologie des religions (ISTR) au sein de l’Institut catholique de Paris, coprésident du Groupe de recherche islamo-chrétien (GRIC). Dernier ouvrage paru (avec Saeid Jazari Mamoei) : Dieu est-il l’auteur de la Bible et du Coran ? (Éd. Salvator, 2016). Première parution de cet article dans Salamnews, n° 58, juin-juillet-août 2016.
Il s’agit non pas de parvenir à un accord sur nos différences ‒ c’est Dieu qui le fera à la fin des temps ‒, mais au moins de chercher à comprendre l’autre. Même les points de divergence sont sans doute à comprendre à nouveau frais. Par exemple, pour un musulman, découvrir d’une manière nouvelle ce qu’un chrétien croit quand il affirme que Jésus est « fils de Dieu » et voir dans quelle mesure cela ne s’oppose ni à la sourate al-Ikhlâs, ni à l’unicité de Dieu. Pour un chrétien, découvrir qu’un musulman peut penser que le Coran est la Parole incréée de Dieu tout en percevant la nécessité d’interpréter le Message dans notre contexte actuel. Il est temps de nous rencontrer vraiment pour sortir des polémiques qui, depuis quatorze siècles, empoisonnent nos relations.
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Henri de La Hougue, ancien directeur de l’Institut de science et de théologie des religions (ISTR) au sein de l’Institut catholique de Paris, coprésident du Groupe de recherche islamo-chrétien (GRIC). Dernier ouvrage paru (avec Saeid Jazari Mamoei) : Dieu est-il l’auteur de la Bible et du Coran ? (Éd. Salvator, 2016). Première parution de cet article dans Salamnews, n° 58, juin-juillet-août 2016.
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