La maladie cœliaque, ou intolérance au gluten, est une maladie auto-immune de l'intestin grêle. Elle est provoquée par l'ingestion des protéines du gluten, qui provient de sources alimentaires très répandues comme le blé, le seigle, et l'orge, un court peptide résistant aux peptidases et à l’acidité gastrique, responsable de l’initiation de la réponse inflammatoire dans le phénomène d’intolérance au gluten observé dans cette pathologie. De plus, les chercheurs décrivent une enzyme bactérienne capable de cliver ce peptide, ce qui laisse augurer de nouveaux traitements de la maladie cœliaque.
Diarrhée
La maladie apparaît souvent dans la jeune enfance, se manifestant par une diarrhée chronique, une distension abdominale, et un défaut de croissance, mais elle peut aussi se développer plus tard, avec des symptômes de fatigue, une diarrhée, une perte de poids par malabsorption, une anémie et des symptômes neurologiques.
Sans traitement, elle est associée à une morbidité et à une mortalité accrues. Malgré la grande fréquence de cette intolérance au gluten, touchant plus de 1 personne sur 200, le seul traitement efficace reste l'adhésion au régime strict sans gluten. « Si l'on vous diagnostique une maladie cœliaque, le médecin vous adresse généralement à un diététicien. Celui-ci vous donne un livre, épais comme l'annuaire téléphonique de New York, qui énumère toutes les choses que vous ne pouvez pas manger. Et si vous allez dans une épicerie avec ce livre, il vous dira que vous ne pouvez pas acheter 90 % des aliments du magasin », explique dans un communiqué le Dr Chaitan Khosla, de l'université de Stanford, qui a dirigé l'étude.
L’équipe de Chaitan Khosla a décortiqué les composants protéiques du gluten du blé pour tester leur réactivité vis à vis de cellules immunitaires (rat et homme) de sujets souffrant d’intolérance au gluten. Ils ont ainsi identifié un peptide de 33 acides aminés de long, de la famille des gliadines, réagissant avec la transglutaminase tissulaire à l’origine de la réaction auto-immune caractéristique de la maladie cœliaque. On ne sait pas encore très bien comment le peptide provoque les dégâts intestinaux. On suppose que la réaction auto-immune au gluten est liée au gène HLA-DQ2, car il est présent chez 90 % des patients. Ce gène joue un rôle dans la reconnaissance et la destruction des peptides étrangers, à savoir les antigènes.
endopeptidaseprolyl
Les expériences in vitro et in vivo ont montré que ce peptide n’était pas détruit par l’acidité gastrique ni par les enzymes digestives de l’homme, et que son analogue était retrouvé dans les autres céréales qui étaient toxiques chez les 14 patients testés atteints de maladie cœliaque.
Cela suggère que l'adjonction de cette enzyme, ou d'une enzyme similaire, à l'alimentation des patients atteints de maladie cœliaque pourrait leur permettre de se conformer à un régime moins strict. De façon similaire, pour les individus intolérants au lactose, des produits comme le lactaid contiennent une enzyme analogue qui dégrade le lactose.
Pour trouver une molécule s’attaquant à ce peptide, les auteurs l’ont mis en présence d’enzymes bactériennes digestives et ont isolé une prolyl-endopeptidase issue de la bactérie Flavobacterium meningosepticum capable de détruire le peptide. Un encouragement vers de nouvelles voies thérapeutiques de la maladie cœliaque…Il reste une question majeure : pourquoi certains individus porteurs du gène HLA-DQ2 n'ont pas la maladie cœliaque ? « C'est un grand mystère non résolu qui, espérons-le, sera éclairci dans les toutes prochaines années », déclare le Dr Khosla dans un communiqué.