Treize organisations internationales ont organisé cette semaine une campagne commune sous le nom de Comité d'urgence pour les désastres, pour collecter des fonds contre la malnutrition en Afrique australe.
Selon les organisations, 13 à 14 millions de personnes seraient menacées par la pénurie alimentaire. L’aide s’organise activement dans 7 pays parmi lesquels le Zimbabwe, le Malawi, la Zambie et l’Angola. Selon Judith Melby de Christian Aid, la situation de l’Angola doit être particulièrement étudiée.
Des régions inaccessibles
Les 27 années de guerre rendent l’aide humanitaire très difficile, les déplacements des populations vers les régions éloignées parsemées de mines et de routes inaccessibles compromettent sérieusement les campagnes humanitaires. L’ONU répertorie 28 régions touchées par la faim, dont 13 uniquement sont accessibles. L'aide tarde à arriver, soulignent les organisations humanitaires, qui mettent en garde depuis des années contre un phénomène de «fatigue des donateurs» concernant l'Afrique. L'aide mondiale se focalise désormais sur des zones de conflits majeurs comme l'Afghanistan, au détriment de l'Afrique où la situation paraît ne jamais devoir s'améliorer.
Trois millions d’orphelins à cause du Sida
Les ravages du sida dans la région contribuent également à aggraver cette situation alimentaire. L'Afrique australe, où de 15 à 20% de la population adulte est séropositive, possède le taux de prévalence le plus élevé de la planète. Près de trois millions d'enfants au Malawi, Zambie et Zimbabwe sont orphelins à cause du sida, la famine et la guerre selon les estimations de la Croix-Rouge. Dans des centaines de milliers de foyers, des enfants sont désormais chefs de famille.
« Ces deux crises (famine et sida) s'entrechoquent et rendent la situation dans certains pays pratiquement ingérable», a affirmé M. Angelo, représentant de l'ONU au Zimbabwe et coordinateur des actions humanitaires. Le taux de scolarité a chuté - jusqu'à 50% au Malawi - les enfants étant contraints de partir à la recherche de nourriture au lieu d'aller à l'école, explique Victor Angelo.
Le manque de nourriture empêche leur croissance normale et entraînent des séquelles qu'ils garderont toute leur vie. «Tous les indicateurs nous montrent que nous entrons dans une crise profonde», a affirmé Zahra Nuru représentant de l'ONU au Malawi, ajoutant: «Si rien n'est fait, la famine et la mort vont frapper plusieurs pays».