L'Iran a rejoint les pays nucléaires
"L'Iran a rejoint les pays nucléaires", a déclaré le président Mahmoud Ahmadinejad mardi, moins de deux jours avant l'arrivée à Téhéran du directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei. Après son arrivée jeudi matin, ce dernier a espéré "convaincre l'Iran de prendre des mesures (permettant l')établissement de la confiance, incluant la suspension des activités d'enrichissement de l'uranium, jusqu'à ce que les questions en suspens (sur son programme nucléaire) soient clarifiées". Avant M. Ahmadinejad, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Gholamreza Aghazadeh, a annoncé que son pays avait "le 9 avril, réussi à enrichir de l'uranium à 3,5%". Mohammad Saïdi, vice-président de l'OIEA, a précisé qu'après le succès obtenu, "la seconde étape est d'installer 3.000 centrifugeuses d'ici à la fin de l'année et la troisième étape consistera à faire de l'enrichissement industriel".
Le véritable problème: le savoir faire
L'enrichissement de l'uranium est une étape cruciale de la filière nucléaire, car il permet de produire aussi bien du combustible pour alimenter une centrale que la charge fissile d'une bombe atomique. Pour un diplomate occidental, "le véritable problème n'est pas celui du nombre de centrifugeuses, mais du savoir faire". Car si l'Iran a bien accompli un "saut technologique" en maîtrisant le fonctionnement d'une cascade de petite taille, "rien ne l'empêche de passer à un enrichissement à grande échelle", a-t-il déclaré à l'AFP. C'est pourquoi, sous la pression des Etats-Unis et de leurs alliés, le Conseil de sécurité de l'Onu a donné à l'Iran jusqu'au 28 avril pour suspendre toutes ses activités d'enrichissement, comme le lui avait demandé l'AIEA. Le directeur de l'Agence doit remettre d'ici fin avril un rapport au Conseil de sécurité et à l'AIEA sur le respect par l'Iran de cette exigence.
Vague de réprobation internationale
L'annonce du succès de l'Iran, qui proclame que ses activités nucléaires sont purement civiles, a déclenché une vague de réprobation internationale. La Maison Blanche a dénoncé l'"affront" infligé au Conseil de sécurité et à l'AIEA et ouvertement évoqué la possibilité de sanctions contre l'Iran, malgré les réticences russes et chinoises. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, dont le pays accuse l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique, a appelé le Conseil de sécurité à l'action. Londres, Berlin et Paris ont également dénoncé l'annonce de l'avancée dans le programme nucléaire iranien. Moscou et Pékin l'ont déplorée mais ont rejeté toute solution militaire. A New York, l'ambassadeur de Chine à l'Onu a annoncé une réunion le 18 avril à Moscou des cinq membres permanents du Conseil de sécurité et de l'Allemagne au niveau des directeurs politiques pour discuter du dossier nucléaire iranien.