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Cinéma, DVD

L'histoire de Souleymane : une immersion trépidante dans le quotidien d'un sans-papier en France

Rédigé par | Mardi 8 Octobre 2024 à 17:30

           

« L'histoire de Souleymane » est un film haletant qui plonge le spectateur dans le difficile quotidien d'un coursier sans-papier à Paris en quête de l'asile en France.



Abou Sangare joue le rôle principale dans « L’Histoire de Souleymane », de Boris Lojkine, en salles le 9 octobre 2024. © Pyramide Distribution
Abou Sangare joue le rôle principale dans « L’Histoire de Souleymane », de Boris Lojkine, en salles le 9 octobre 2024. © Pyramide Distribution
Les premières minutes de L'histoire de Souleymane donne le ton sur le style haletant et trépidant du film. Celui-ci raconte le quotidien difficile d'un sans-papier ayant quitté la Guinée pour la France dans l'espoir d'une vie meilleure. Une histoire similaire à des milliers d'autres et que Boris Lojkine a su transposer sur grand écran avec un réalisme saisissant.

Le spectateur est immergé au plus près de la vie de Souleymane. Dans deux jours, il doit passer un entretien capital à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) en vue d'obtenir l’asile, le précieux sésame pour se voir offrir des papiers et, par la même occasion, une nouvelle vie en Europe. Mais le jeune homme n’est pas prêt ; il doit pouvoir convaincre l'agent public du bien-fondé de sa demande en livrant une histoire crédible, qui tient la route. Deux jours qui ne sont pas de tout repos pour Souleymane car il doit continuer à livrer des repas sans relâche, non sans risque dans les rues animées de Paris… A aussi ne jamais relâcher son attention, ne serait-ce que pour avoir une place au centre d'hébergement chaque soir.

« Le film raconte les deux jours qui précèdent l’entretien. Je voulais un film trépidant. Pour cela, j’ai fait le choix très tôt dans l’écriture d’une histoire qui se déploie sur une durée courte. Avec Delphine Agut, co-scénariste du film, nous avons donc construit une dramaturgie que je voulais plus proche du thriller que de la chronique sociale », présente Boris Lojkine.

« L’autre dans le film, c’est nous »

C’est, à tous points de vue, la course pour Souleymane. Le long métrage montre ainsi les dessous du métier de livreur, en plein boom mais particulièrement exposé aux accidents en raison des pressions auxquelles les coursiers sont soumis. Avec des galères décuplées pour les sans-papiers, qui courent le risque d’être escroqués, d’être victimes d’un accident les mettant définitivement hors course ou bien d’être arrêtés s’ils ne parviennent pas à montrer patte blanche face à des fonctionnaires ou à des clients trop zélés.

« Depuis quelques années, j’avais envie de réaliser un film sur ces livreurs à vélo qui sillonnent la ville avec leurs sacs bleu turquoise ou jaune vif, siglés de l’application pour laquelle ils travaillent, tellement visibles et pourtant totalement clandestins - la plupart sont sans-papiers », explique le réalisateur, auteur de Hope (2014), qui retrace la vie de deux migrants africains avant leur traversée de la Méditerranée.

« L’autre dans le film, c’est nous : le travailleur pressé qui commande son burger, le passant bousculé qui peste contre les livreurs à vélo, la fonctionnaire qui se tient face à Souleymane. », indique Boris Lojkine. Avec L’histoire de Souleymane, il vient redonner de l'humanité aux sans-papiers que les divers débats publics sur l’immigration déshumanisent régulièrement en France. Car oui, on ne quitte jamais son pays pour son bon plaisir.

Deux récompenses méritées à Cannes

« J’ai choisi de raconter l’histoire d’un homme qui a décidé de mentir. D’un point de vue fictionnel, le menteur est souvent plus intéressant que celui qui dit la vérité, affirme le réalisateur. C’est aussi un choix politique. Je ne voulais pas faire un récit trop exemplaire, montrant un bon gars aux prises avec une vilaine politique migratoire. C’est trop facile et cela ne fait pas réfléchir. Je préfère poser des questions aux spectateurs : Souleymane mérite-t-il de rester en France ? Faut-il lui donner l’asile ? D’après vous, en a-t-il le droit ? Est-ce qu’il le mérite ? Qu’est-ce que vous voudriez, vous ? » La fin est ainsi laissée à l’appréciation des spectateurs. Une invitation ici à la réflexion plutôt qu’à la frustration qu’on saura apprécier.

La réussite de ce film tient aussi en grande partie à Abou Sangare. Comme presque tous les acteurs du film, ce mécanicien de profession est un non-professionnel, sans aucune expérience de jeu qui a été choisi pour tenir le rôle principal, et ceci brillamment. Abou Sangare a d'ailleurs obtenu le Prix d'interprétation masculine en mai dernier au Festival de Cannes dans la section Un certain regard. L'histoire de Souleymane avait aussi reçu le Prix du jury. Amplement mérité pour ce long métrage à découvrir sans attendre sur grand écran dès ce mercredi 9 octobre.


L'histoire de Souleymane, de Boris Lojkine
Avec Abou Sangare, Alpha Oumar Sow, Nina Meurisse, Emmanuel Yovanie, Younoussa Diallo, Ghislain Mahan, Mamadou Barry, Yaya Diallo, Keita Diallo
France, 1h33
Sortie en salles le 9 octobre 2024

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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