La famille est une entité primordiale dans la société où chaque individu naît, se construit et perpétue les valeurs, les us et coutumes d’une culture donnée et plus globalement d’une civilisation entière. L'avènement de la modernité, tant dans le monde occidental qu’oriental, a donné lieu à une crise profonde de l’unité familiale, chahutée par de nombreux fléaux tels que le matérialisme et l’individualisme. Le déclin de l'institution du mariage, l'augmentation croissante du taux de divorce, la perte progressive de l'autorité parentale et le délitement du lien familial représentent autant de symptômes de cette crise. Un certain nombre de valeurs semblent s’évaporer devant des mœurs considérées comme plus libertaires et permettant à l’individu de s’épanouir sans mesurer les conséquences sur autrui et sur le monde de manière élargie. La solidarité, la fidélité, l'amour, l'abnégation ou l'altruisme, valeurs que l'on apprend dès l'enfance au sein de la famille tendent à faire place dès l'enfance à la culture de l'égoïsme, de l'individualisme ou même de l'intéressement.
Face à ce constat, nous avons souhaité nous intéresser au concept de l’institution familiale telle que l'islam l'entendait et telle qu'elle a pu se manifester dans la civilisation arabo-musulmane afin de bénéficier de ses enseignements face aux problématiques contemporaines. Quels sont les principes de la famille proposés par l'islam ? Comment se sont-ils matérialisés dans l'histoire des cultures et des sociétés musulmanes ? La réactualisation de ce modèle peut-elle être une solution à cette crise ? Il s'agit d'autant de questions auxquelles nous tenterons modestement de répondre dans le développement qui suit.
Face à ce constat, nous avons souhaité nous intéresser au concept de l’institution familiale telle que l'islam l'entendait et telle qu'elle a pu se manifester dans la civilisation arabo-musulmane afin de bénéficier de ses enseignements face aux problématiques contemporaines. Quels sont les principes de la famille proposés par l'islam ? Comment se sont-ils matérialisés dans l'histoire des cultures et des sociétés musulmanes ? La réactualisation de ce modèle peut-elle être une solution à cette crise ? Il s'agit d'autant de questions auxquelles nous tenterons modestement de répondre dans le développement qui suit.
Vers une définition de la famille
Le concept de famille au sens oriental traditionnel serait différent de l’acception occidentale moderne. En effet, la famille selon l’Insee et selon l’une des définitions du sociologue Pierre Bourdieu (La reproduction, Edition de Minuit) est un « ensemble d’individus apparentés, liés entre eux, soit par l’alliance (le mariage), soit par la filiation, soit plus exceptionnellement, par l’adoption (parenté), et vivant sous un même toit (cohabitation) ». La famille de base serait donc constituée des parents (mère et père) et des enfants. Les parents ont pour responsabilité l’éducation de leurs enfants et une transmission des valeurs et des principes religieux et moraux.
La famille, dans une conception plus orientale, va plus loin en ayant divers substantifs se référant à la famille. Nous pouvons citer les différentes notions, renfermant des concepts, de la « famille » dans la culture arabe et qui se retrouvent dans de nombreuses cultures traditionnelles. La famille (« Al Ahl ») est d’abord un groupe de personnes qui résident ensemble en partageant et transmettant les mêmes valeurs, la même éducation (« tarbiya »). « Usra », au sens premier, signifie « bouclier » et a été par la suite utilisé pour définir « le clan, les proches qui renforcent l’individu ». Cela renvoie donc aux notions de force et de protection. Ce renforcement s’opère naturellement par le partage et la transmission des mêmes valeurs. Autre terme utilisé, « qâraba », qui est plutôt juridique, englobant les ascendants, les descendants, et les affiliés (frères, sœurs, oncles, tantes, cousins et leurs descendants...) et, enfin, les parents par alliance.
Contrairement à la définition de la famille proposée par Pierre Bourdieu, la définition de la famille est ici élargie et inclut d'autres membres, c’est-à-dire les oncles, les tantes, leurs enfants, les grands-parents maternels et paternels ainsi que ceux qui, dans l’entourage de la famille, permettraient de participer à l’éducation de l’enfant et à la transmission des savoirs à celui-ci. A l’époque du Prophète Muhammad (PSL), la famille désignait la tribu à laquelle on appartenait. Les Quraychites étaient divisés en diverses tribus, dont quelques tribus connues : Jumas, Makhzûm, ‘Abd Manaf (qui elle-même fut divisée en quatre tribus : ‘Abd Chams, Al Muttalib, Nawfal et Hâchim). Le Prophète Muhammad a dit : « Dieu a choisi Ismail parmi les fils d’Abraham, Kinâna parmi les fils d’Ismail, Quraych parmi les fils de Kinâna, Hâchim parmi les fils de Quraych et Il m’a choisi parmi les fils de Hâchim. »
Cette définition large de la famille combine trois concepts évoqués précédemment : « ahl » du fait que cela représente un collectif partageant les mêmes valeurs, « qaraba » pour l’affiliation, « ‘a’ila » (du verbe ‘ala qui signifie prendre en charge, nourrir, dépenser) pour la solidarité et la prise en charge, et « usra » pour les notions de clan et de protection.
Ces différents concepts ont permis de construire les différents modèles à travers l’histoire de la civilisation arabo-musulmane. Souvent, plusieurs concepts furent mêlés pour obtenir les modèles existants. Des modèles qui ont varié en fonction des cultures, des époques et des lieux d’habitation (pour exemple, une différenciation notable entre les zones urbaines et les zones rurales).
Comme nous pouvons le voir, la notion de mariage est essentielle car elle est à la base même de la constitution de l’institution familiale. En islam, toute éducation permet à l’enfant de se préparer à la fondation d’une famille avec la perpétuation des valeurs transcendantes. Ainsi, l’une des finalités du mariage est de permettre à chaque enfant d’avoir une filiation quasi certaine à l’égard de ses parents. Celle-ci permet à chaque enfant de s’inscrire dans une lignée, une continuité, et de participer à une histoire singulière. Le « je » s’épanouit et s’inscrit dans un tout, non seulement contemporain, mais également historique.
La notion de lignée s’allie avec l’aspect eschatologique dans la dernière partie de cette parole prophétique : « Quand l'Homme meurt, ses œuvres cessent à l'exception de trois : une aumône courante, un savoir utile, un enfant vertueux qui prie pour lui. » (Rapporté par Muslim). Par ailleurs, le mariage a également pour objectif d’assurer une bonne éducation aux enfants issus du mariage considérant que l’épanouissement de l’enfant exige la présence des deux parents.
La famille, dans une conception plus orientale, va plus loin en ayant divers substantifs se référant à la famille. Nous pouvons citer les différentes notions, renfermant des concepts, de la « famille » dans la culture arabe et qui se retrouvent dans de nombreuses cultures traditionnelles. La famille (« Al Ahl ») est d’abord un groupe de personnes qui résident ensemble en partageant et transmettant les mêmes valeurs, la même éducation (« tarbiya »). « Usra », au sens premier, signifie « bouclier » et a été par la suite utilisé pour définir « le clan, les proches qui renforcent l’individu ». Cela renvoie donc aux notions de force et de protection. Ce renforcement s’opère naturellement par le partage et la transmission des mêmes valeurs. Autre terme utilisé, « qâraba », qui est plutôt juridique, englobant les ascendants, les descendants, et les affiliés (frères, sœurs, oncles, tantes, cousins et leurs descendants...) et, enfin, les parents par alliance.
Contrairement à la définition de la famille proposée par Pierre Bourdieu, la définition de la famille est ici élargie et inclut d'autres membres, c’est-à-dire les oncles, les tantes, leurs enfants, les grands-parents maternels et paternels ainsi que ceux qui, dans l’entourage de la famille, permettraient de participer à l’éducation de l’enfant et à la transmission des savoirs à celui-ci. A l’époque du Prophète Muhammad (PSL), la famille désignait la tribu à laquelle on appartenait. Les Quraychites étaient divisés en diverses tribus, dont quelques tribus connues : Jumas, Makhzûm, ‘Abd Manaf (qui elle-même fut divisée en quatre tribus : ‘Abd Chams, Al Muttalib, Nawfal et Hâchim). Le Prophète Muhammad a dit : « Dieu a choisi Ismail parmi les fils d’Abraham, Kinâna parmi les fils d’Ismail, Quraych parmi les fils de Kinâna, Hâchim parmi les fils de Quraych et Il m’a choisi parmi les fils de Hâchim. »
Cette définition large de la famille combine trois concepts évoqués précédemment : « ahl » du fait que cela représente un collectif partageant les mêmes valeurs, « qaraba » pour l’affiliation, « ‘a’ila » (du verbe ‘ala qui signifie prendre en charge, nourrir, dépenser) pour la solidarité et la prise en charge, et « usra » pour les notions de clan et de protection.
Ces différents concepts ont permis de construire les différents modèles à travers l’histoire de la civilisation arabo-musulmane. Souvent, plusieurs concepts furent mêlés pour obtenir les modèles existants. Des modèles qui ont varié en fonction des cultures, des époques et des lieux d’habitation (pour exemple, une différenciation notable entre les zones urbaines et les zones rurales).
Comme nous pouvons le voir, la notion de mariage est essentielle car elle est à la base même de la constitution de l’institution familiale. En islam, toute éducation permet à l’enfant de se préparer à la fondation d’une famille avec la perpétuation des valeurs transcendantes. Ainsi, l’une des finalités du mariage est de permettre à chaque enfant d’avoir une filiation quasi certaine à l’égard de ses parents. Celle-ci permet à chaque enfant de s’inscrire dans une lignée, une continuité, et de participer à une histoire singulière. Le « je » s’épanouit et s’inscrit dans un tout, non seulement contemporain, mais également historique.
La notion de lignée s’allie avec l’aspect eschatologique dans la dernière partie de cette parole prophétique : « Quand l'Homme meurt, ses œuvres cessent à l'exception de trois : une aumône courante, un savoir utile, un enfant vertueux qui prie pour lui. » (Rapporté par Muslim). Par ailleurs, le mariage a également pour objectif d’assurer une bonne éducation aux enfants issus du mariage considérant que l’épanouissement de l’enfant exige la présence des deux parents.