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LQR, la propagande du quotidien

Rédigé par Fouad Bahri | Jeudi 3 Août 2006 à 16:50

           

Dans son dernier ouvrage publié aux éditions Raisons d’agir, Eric Hazan nous décortique les nombreux termes de propagande diffuse dans la langue française. L’auteur nous dévoile entre autres les multiples « contournements » et « évitements » de ce qu’il nomme la Linguae Quintae Respublica, la langue de la cinquième république, expression la plus achevée du libéralisme ambiant. Un livre salutaire à lire sans modération.



Quel est donc le point commun entre les termes de modernité, gouvernance, exclusion ou diversité ?

C’est à cette question insolite qu’a décidé de répondre Eric Hazan dans son dernier essai publié aux éditions Raisons d’agir, LQR, la propagande du quotidien. Brillamment, il faut le dire.

En relevant et commentant tout un tas de noms commun, d’adjectifs et de verbe que nous employons couramment, Hazan nous révèles l’origine idéologique et la fonction de mots pas si neutre que cela.

Ainsi, il n’y aurait plus de pauvres en France, mais des gens de condition modeste. Finie l’exploitation, il n’y a plus que de l’exclusion. Quant aux fameuses classes si chers à Marx, elles s’appellent dorénavant couches sociales.

LQR, la propagande du quotidien

Une affaire de mots

Comment expliquer cette floraison de termes assez récents sur le marché du vocabulaire médiatique ? Doit-on la comprendre comme la conséquence d’une évolution somme toute naturelle de la langue française ? Pour l’auteur de cet essai, il semble bien que non.

Sans détour, Eric Hazan nous dévoile les stratagèmes de la nouvelle pensée libérale consistant à reformuler un problème par l’emploi d’un terme différent, déclenchant au passage un subtil glissement sémantique.

Finalement, tout est affaire de mots. Cette LQR, langue de domination par excellence de l’appareil médiatico-politique, recèle des trésors d’euphémismes propres à orienter le citoyen-consommateur dans sa compréhension des choses.
L’idée phare étant de contourner, voire de nier, tout aspect négatif, tout élément de violence inhérent à l’idéologie mondialiste afin de mieux soumettre et convaincre la masse de l’opinion publique.

Dans cette perspective, il ne faut plus parler d’agression armée mais d’offensive militaire. Plus de crimes de guerre mais de bavure et de dommages collatéraux.
« Titrer « Bavure » (Libération, 7 octobre 2004) un article évoquant le meurtre d’une écolière palestinienne par des soldats israéliens qui « avaient pris son cartable pour une charge explosive », c’est transformer un crime de guerre en une grosse bêtise méritant une bonne réprimande (p39) ».
« Quand un groupe armé détruit un fortin israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, qualifier cet acte de résistance d’attaque de terroriste ou d’attentat (France 2, 13 décembre 2004, et France3, même date), c’est reprendre les termes qu’utilisaient contre la Résistance Philippe Henriot…du gouvernement de Vichy (ibid). »


Court et incisif, cet ouvrage qu’on peut qualifier d’antibiotique de la pensée, ne manquera pas de nettoyer nos consciences de bon nombre d’idées reçues, voire de parasites terminologiques. A découvrir sans tarder !





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