La Plate Forme naît de la question du foulard à l’école. Elle est un collectif d’associations réunies en janvier dernier pour harmoniser leurs actions contre la loi antifoulard. La deuxième rencontre de la Plate Forme s’est tenue à St Denis ce samedi 19 juin. L’objectif affiché était d’approfondir la réflexion loin des émotions qui ont entouré cette question. Sous la direction du Collectif des Musulmans de France et de l’association Participation Spiritualité Musulmane, de nombreux responsables associatifs se sont donnés rendez-vous pour échanger sur les méthodes d’actions de lutte les mieux adaptées.
Ne pas diviser les Musulmans
La volonté de mener une réflexion était au centre de la rencontre. Une présentation brève et un bilan ont été faits des initiatives mises en place suite au vote de la loi antifoulard. Sur la première réunion tenue le 17 janvier 2004, les responsables ont tenu à s’expliquer. Cette réunion avait été organisée à la même date que la manifestation contre la loi orchestrée par le Parti des Musulmans de France (PMF). Dans le même temps, certains initiateurs de l’appel avaient souhaité se démarquer du PMF auquel ils reprochaient la nature exclusivement politique de son activité. Ce qui a donné à penser que les initiateurs de la Plate Forme s’opposaient à la manifestation du PMF. Mais pour M Karim Azouz, membre du Collectif des Musulmans de France, il n’en est rien car « la réunion de la Plate Forme avait été prévue bien avant l’organisation de cette manifestation. Elle a seulement été beaucoup moins médiatisée ce qui a laissé croire à une volonté de diviser les Musulmans ». Le PMF avait néanmoins lancé son appel à manifester lors de la première manifestation contre la loi le 21 décembre 2003.
La réunion de ce samedi était dirigée par M. Abdel Malek Sahli, porte-parole de l’association Participation et spiritualité musulmanes (PSM). En présentant la Plate Forme, il précisera que cette organisation « n’est ni une réaction à tous ces débats ni à cette loi dont la ligne de mire est le voile, mais une initiative partie d’un constat ». Il soulignera également que tout a été fait pour que la loi soit adoptée. « Il est temps que la communauté musulmane rompe avec l’émotionnel à travers les simples manifestations. Tout le monde a réagi mais il y a eu très peu d’initiatives » a-t-il ajouté.
Porter la lutte au-delà de la communauté musulmane
Le Collectif naît de la volonté de rompre avec cet état d’esprit. Il nouera des partenariats avec des organisations non musulmanes qui s’engagent ainsi au côté des Musulmans contre toutes les exclusions. « Il ne fallait pas s’arrêter à la communauté musulmane mais s’étendre à la communauté nationale, c’est chose réussie » affirme Abdel Malek. L’aspect communautaire de sa lutte était ainsi écarté au profit d’une « lutte pour les libertés » menée par le « Collectif Une Ecole Pour Tous-tes ».
Ce samedi, une militante de la Plate Forme a rappelé que « l’on ne saurait défendre une cause universelle qu’en ayant des partenaires. L’enjeu avant tout est la liberté de choix entre celui de porter le foulard ou de ne pas le porter et non le port du foulard en lui-même. »
La rencontre a mis en avant la catastrophe psychologique que représente l’exclusion des filles voilées. « Une fois sortie du secteur scolaire, la jeune fille n’a quasiment plus d’espoir dans l’éducation, c’est fini ! » Plus d’espoir, plus d’avenir… Pour rechercher des voies de sortie à cette situation qui menace des centaines de lycéennes, des ateliers de réflexion ont été mis en place afin de mettre en exergue et en application une série de mesures et d'actions. La lutte contre l’exclusion est loin d’être finie.