Alors que se déploient chaque jour les troupes américaines dans l’ensemble des pays du golf. Alors que le gouvernement Bush continue à tenter de se rallier un maximum de pays en multipliant les déplacements diplomatiques, en chine, en Europe… Dans les parlements anglais, français et Turques, les débats sur la crise irakienne se font de plus bels et deviennent la principale préoccupation des assemblées. Etat des lieux.
Un millions et demi de personnes avaient défilé à Londres contre la guerre, du jamais vu. Du jamais vu encore est la dissidence au plein cœur du parti de Tony Blair, le premier ministre britannique. Environ 80 députés travaillistes (sur les 412 qui siègent à la Chambre des Communes) font en effet partie des sceptiques, pour ne pas dire des protestataires, qui ont mis en cause la politique de Tony Blair et ont présenté, avec des libéraux-démocrates et quelques conservateurs, un amendement à la motion du gouvernement qui stipule que «les arguments en faveur d’une action militaire contre l’Irak restent pour l’instant infondés».
Malgré tout, le premier ministre tient bon ses positions et a répliqué que l’idée défendue par la France, l’Allemagne et la Russie, en faveur de la paix, était tout simplement « absurde ». Selon, lui seul un changement total de l’attitude de Saddam Hussein et une coopération à 100% avec les inspecteur des Nations Unis plutôt que de laisser du temps à l’Irak, serait plus « constructif »…
La France partagée…
De l’autre côté de la manche, le parlement français semble quelque peu partagé concernant la menace d’un droit de véto à la prochaine résolution proposé par l’Angleterre et les Etats-Unis en faveur de la guerre. L’ensemble des parlementaires est toutefois unis contre la guerre mais de là à se mettre à dos le gouvernement américain… c’est une autre question. Les partis de gauche réclament, en effet, que la France aille au bout de ses convictions et utilise cette arme. Ceux de droite sont en général plus modérés. Ils estiment que le jeu n’en vaut pas la chandelle et qu’une telle attitude ferait exploser l’ONU. Dominique de Villepin, le ministre français des Affaires étrangères, a de toute manière écarté pour le moment le recours au veto.
La Turquie marchande son intervention…
Alors que se prépare le vote d’une motion pour l’autorisation du déploiement de 62000 soldats américains dans les bases militaires en Turquie et de 255 avions et 65 hélicoptères en prévision d’une guerre avec l’Irak, des voix dissidentes encore timide se soulèvent peu à peu. Avec une opinion publique largement contre la guerre, il semble que de nombreux députés du parti de la Justice et du Développement (AKP) au pouvoir ne soient pas non plus convaincus par les arguments du gouvernement. Le président du Parlement, Bulent Arinc, a lui-même fait part de son opposition à la guerre. Pourtant des stratégies turques se mettent, en parallèles, en place. Ainsi la motion qui va être proposé aujourd’hui prévoit aussi l’envoi de soldats turcs dans le Nord de l’Irak pour éviter les ralliements des Kurdes turcs aux Kurdes irakiens. De cette stratégie militaire, ethnique s’accompagne une stratégie économique, financière. La Turquie conditionne, en effet, sa participation à une intervention militaire qui permettrait de prendre l’Irak en tenaille, à l’octroi d’une aide conséquente de la part des Etats-Unis. Ankara pourrait obtenir au moins six milliards de dollars de dons et 20 à 30 milliards de prêts…