Sur France 2, une image symbolique, celle de deux jolies femmes face à face, camp contre camp, droite-gauche. Deux filles du Maghreb, une blonde marrakchia et une brune « issue de l’immigration ». Bardées de lauriers, la rage de réussir avec un appétit d’ogre, et des hommes mentors et protecteurs qui les ont adoptées et propulsées aux plus beaux destins nationaux dans un même fauteuil à quelques années d’écart, celui du Ministère de la Justice place Vendôme. On ne fait pas de politique sans ambition et ces deux là en ont pour mille avec cerise sur le gâteau, une beauté et un savoir harponner inoxydable.
Sur le berceau de leurs réussites Mitterrand et Delors ou Chalandon, Lagardère, Weil et Attali. Les Whos-Who s’ouvrent et elles s’y engouffrent avec délectation. Reconnaissance et mérite, porque no !
A 20h, les résultats tombent en rafales, la vague bleue sarkozienne se brise sur la digue de la TVA sociale et les socialistes avec l’intelligence et le machiavélisme d’un Fabius roué ont calmé le jeu et les ambitions d’une droite trop sûre d’elle, mais surtout à la communication défaillante. Pourquoi annoncer des mesures impopulaires, pénalisantes pour le pouvoir d’achat des plus pauvres à deux jours d’une consultation électorale. Un élève de deuxième année de Sciences-Po aurait pu le dire à tous ces suffisants plus people que fins tacticiens. Les anciens, Pasqua en tête, doivent bien se marrer de tant d’angélisme et de certitude affichée. Sarkozy ne maîtrise finalement pas grand-chose et les coups commencent à pleuvoir.
Mais le plus marrant pour cette soirée de boulevard reste à venir, un vrai Feydau où les portes claquent à tout va. D’abord sur Juppé - « le meilleur d’entre nous » éructait Chirac - qui est éjecté par des électeurs qui se souviennent parfaitement de ses bottes bien droites et des ses condamnations à l’exil canadien dans un troupeau d’orignaux. Ce sera pareil pour Carignon qui sort juste de sa prison, de ses abus de biens sociaux et autres magouilles à Grenoble. Le peuple n’oublie jamais ceux qui se sont servis au lieu de le servir.
Encore quelques minutes et alors c’est la grande guignolade. Ségolène Royal claque encore une porte sur les démangeaisons de son petit copain Hollande. Dehors l’amant, rejoint donc ta maîtresse et laisse moi grimper aux rideaux du parti. Et depuis plusieurs mois, ces deux là nous jouaient une comédie misérable alors qu’ils aspiraient au plus haut niveau de l’Etat, on y a échappé de justesse. Ils nous prennent pour qui ! Ils mentent à qui ! Au peuple encore une fois. Mais celui-ci n’est jamais dupe et les additions sont sans appel. Dehors, que la morale soit sauve et que la France reprenne honnêtement les chemins de sa grandeur. De Gaulle est bien loin et tous ces petits nouveaux sans cicatrice, si ce ne sont celles de leurs découches, n’auront jamais la stature.
La soirée continue, polluée et parasitée par ce genre d’informations très inutiles. On en oublie l’essentiel, le rouleau compresseur sarkozyste n’a pas fonctionné et le chèque en bleu est rejeté. Désormais la Banque de France fera les comptes et les moutons seront bien gardés.
*****
Youssef Chems est écrivain.
Sur le berceau de leurs réussites Mitterrand et Delors ou Chalandon, Lagardère, Weil et Attali. Les Whos-Who s’ouvrent et elles s’y engouffrent avec délectation. Reconnaissance et mérite, porque no !
A 20h, les résultats tombent en rafales, la vague bleue sarkozienne se brise sur la digue de la TVA sociale et les socialistes avec l’intelligence et le machiavélisme d’un Fabius roué ont calmé le jeu et les ambitions d’une droite trop sûre d’elle, mais surtout à la communication défaillante. Pourquoi annoncer des mesures impopulaires, pénalisantes pour le pouvoir d’achat des plus pauvres à deux jours d’une consultation électorale. Un élève de deuxième année de Sciences-Po aurait pu le dire à tous ces suffisants plus people que fins tacticiens. Les anciens, Pasqua en tête, doivent bien se marrer de tant d’angélisme et de certitude affichée. Sarkozy ne maîtrise finalement pas grand-chose et les coups commencent à pleuvoir.
Mais le plus marrant pour cette soirée de boulevard reste à venir, un vrai Feydau où les portes claquent à tout va. D’abord sur Juppé - « le meilleur d’entre nous » éructait Chirac - qui est éjecté par des électeurs qui se souviennent parfaitement de ses bottes bien droites et des ses condamnations à l’exil canadien dans un troupeau d’orignaux. Ce sera pareil pour Carignon qui sort juste de sa prison, de ses abus de biens sociaux et autres magouilles à Grenoble. Le peuple n’oublie jamais ceux qui se sont servis au lieu de le servir.
Encore quelques minutes et alors c’est la grande guignolade. Ségolène Royal claque encore une porte sur les démangeaisons de son petit copain Hollande. Dehors l’amant, rejoint donc ta maîtresse et laisse moi grimper aux rideaux du parti. Et depuis plusieurs mois, ces deux là nous jouaient une comédie misérable alors qu’ils aspiraient au plus haut niveau de l’Etat, on y a échappé de justesse. Ils nous prennent pour qui ! Ils mentent à qui ! Au peuple encore une fois. Mais celui-ci n’est jamais dupe et les additions sont sans appel. Dehors, que la morale soit sauve et que la France reprenne honnêtement les chemins de sa grandeur. De Gaulle est bien loin et tous ces petits nouveaux sans cicatrice, si ce ne sont celles de leurs découches, n’auront jamais la stature.
La soirée continue, polluée et parasitée par ce genre d’informations très inutiles. On en oublie l’essentiel, le rouleau compresseur sarkozyste n’a pas fonctionné et le chèque en bleu est rejeté. Désormais la Banque de France fera les comptes et les moutons seront bien gardés.
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Youssef Chems est écrivain.