Dix années après le premier sommet de la terre, le sommet de Johannesburg apparaît comme décevant. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs (…) L’humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l’humanité sont en péril et nous sommes tous responsables. » s’alarme Jacques Chirac. Bien que les discours soient alarmistes sur la situation de notre planète, peu d’actions ont été engagé. Cri de colère. 'Quelle différence entre les discours et l'action!' s’est exclamé le président équatorien Gustavo Noboa. Car la morale du sommet est que « ceux qui s'érigent en parangons de la cause environnementale sont les plus gros pollueurs, et ne veulent ni accepter des compromis pour sauver la planète, ni maintenir les objectifs officiels de l'aide au développement. »
L’isolement des Etats-Unis
Le dossier du climat fait figure d’exception car des avancées significatives ont été faites, symbolisée par la signature de la chine et de la Russie et bientôt suivi du Canada du protocole de Kyoto. Rappelons que ce protocole a été conclu en 1997 et impose aux pays industriels une réduction moyenne de 5,2 % de leurs émissions de gaz à effet de serre en 2008-2012 par rapport à 1990. Ce protocole a été déjà signé par 90 pays. Alors que les Etats-Unis ont des émissions de référence pesant 36,1 %, elles refusent toujours de ratifier. Aujourd’hui, son isolement sur ce dossier devient plus serré. D’autant plus que le président des Etats –unis ne participe pas au sommet.
Hypocrisie
Le terrible échec porte sur les énergies renouvelables, deuxième objectif ambitieux du sommet. 15 % a proposé l’Union Européenne la part d’énergie renouvelables comme l'éolien et le solaire dans la consommation mondiale d’ici à 2015. Mais les Etats-Unis et les pays de l’OPEP se sont farouchement opposés, et ont réussi à faire adopté par le sommet l’abandon de tout calendrier. Laissant le soin aux pays de fixer leurs propres objectifs. Ces pays ont donc réussi à esquiver toute date et tout chiffre. Cette hypocrisie qui a fait débordé le vase a irrité un grand nombre d’ONG dont certaines ont carrément quitté le sommet. Greenpeace, le WWF et Oxfam ont estimé que 'Le sommet de Johannesburg restera dans l'histoire comme une occasion manquée d'apporter l'énergie aux deux milliards de personnes qui en sont privées, et de lancer la révolution des énergies renouvelables dont nous avons besoin pour protéger le climat'.
Les entreprises piratent le sommet
L’ Organisation Mondiale du Commerce a insidieusement détourné selon Greenpeace les objectifs du sommet au profit des causes commerciales et économiques. Alors que les problèmes d'environnement qui menacent la vie sur notre planète constituent le véritable ordre du jour de la conférence ont rappelé les ONG. Ils ont également souhaité que les 193 ministres des pays participants pèsent de tout leurs poids pour rétablir l’équilibre au sein de à Johannesburg. L’écologiste Victor Menotti de l’International Forum on Globalisation (IFG) s’insurge : « Les entreprises et l’OMC piratent ce sommet ». Une centaine d’entreprises ont élu domicile près de Johannesburg, alors que les ONG ont été logé à plus de 20 Km dans un parc d’exposition. « Nous sommes très orientées vers l'action'explique Annik Dollacker, porte-parole de Croplife International, 'Ce qui nous intéresse, c'est le concret, ce qu'on peut faire, alors que les ONG travaillent plutôt dans le domaine politique.' Ricardo Navarro, président des Amis de la Terre International reconnaît que « les entreprises peuvent jouer un rôle important » mais « elles sont essentiellement animées par la volonté de profit. Le problème est que les conditions environnementales et sociales sont assujetties aux contraintes du commerce.' Déplore t’il. Moustapha Kamal Tolba, expert égyptien et ancien directeur du Programme mondial des Nations Unies pour l'environnement confirme les appréhensions « Les discours au sujet de l'environnement sont toujours très beaux. Mais il faut se rendre compte que lorsqu'il s'agit des propos échangés à l'intérieur des salles de conférence, c'est la politique des multinationales qui prévaut ». 'Le problème, dit Gerry Barr, du Conseil canadien pour la coopération internationale, c'est que les grandes compagnies deviennent beaucoup plus puissantes que les petits et moyens Etats. Sans frein, elles pourront leur imposer leur façon de voir les choses.' Et de conclure : 'Nous assistons à une débâcle de l'environnement et du social au nom du développement durable.'
Développement dupe
« Le développement ne peut pas être durable s’il est injuste » fait valoir Fernando Henrique Cardoso, le président du brésil. L'allégement de la dette des pays en voie de développement est également débattu. Il suggère, dans le cadre de mesures d'urgence, d'annuler la dette pour la remplacer par un système destiné à promouvoir le développement durable. Alors que cette idée emporte l'adhésion des pays en voie de développement, les Etats industrialisés préfèrent recourir au cas par cas. Le fameux concept du développement durable ne gagne pas l’enthousiasme des pays du sud.