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Ramadan

La nuit du Destin, « meilleure que mille mois »

Par Kamel Meziti*

Rédigé par Kamel Meziti | Vendredi 10 Août 2012 à 00:00

           


La nuit du Destin, « meilleure que mille mois »
Littéralement « nuit de La Puissance » ou « nuit du Destin », Laylat ul-Qadr occupe une place prépondérante dans l’islam.

C’est durant cette nuit que la première révélation coranique a été transmise au Prophète en 610 de l’ère chrétienne. Le Coran, révélé pendant le mois de Ramadan par l’archange Gabriel (Jibril), exprime bien, dans la sourate 97, la valeur de cette nuit bénie, emplie de « paix jusqu’à l’aurore ».

L’exégèse musulmane insiste, en outre, sur le caractère « particulier » de Laylat ul-Qadr qui marque la « descente » de la plus bénie et la plus parfaite des révélations divines.

Durant cette nuit, les anges transcrivent depuis la Table protégée (al-lawh al-mahfûdh) les destinées des créatures pour l’année à venir afin qu’ils les mettent en réalisation (1). En cette nuit, les anges du Trône et du ciel accompagnés de Gabriel descendent sur terre par vagues successives « avec la permission de leur Seigneur pour chaque affaire » (Coran, s. 97).

La connaissance du moment précis de Laylat ul-Qadr n’a pas été fixée par la Tradition islamique, ce qui ajoute une part de mystère à cette nuit bénie.

On la situe au cours de l’une des dix dernières nuits du Ramadan. Selon un célèbre hadith, le musulman doit rechercher « la nuit d’Al-Qadr dans les dix dernières nuits de Ramadan » (rapporté par Al-Bukhârî et Muslim).

Un autre propos du Prophète la situe dans l’une des nuits impaires de la dernière décade. Selon un hadith rapporté par Muslim, Ibn ‘Umar a dit que le Prophète a dit : « Cherchez-la dans les dix dernières nuits. Mais si l’un d’entre vous faiblit ou en est incapable, qu’il ne laisse pas les sept dernières nuits. »

Par ailleurs, la nuit d’Al-Qadr ne coïnciderait pas à une nuit précise chaque année : ainsi, selon certaines interprétations, constamment en mouvement, cette dernière est susceptible de « tomber » n’importe quelle nuit impaire du dernier tiers de Ramadan. Cet avis s’appuie sur la parole du Prophète : « Cherchez-la (c’est-à-dire la nuit d’Al-Qadr) lorsqu’il reste neuf nuits, lorsqu’il reste sept nuits, ou lorsqu’il reste cinq nuits (c’est-à-dire respectivement les 21e, 23e, 25e, 27e ou 29e nuit). »

S’il est vrai que la fixation exacte de sa date demeure sujette à débat pour les oulémas (savants, théologiens en islam), il y a quasi-unanimité sur « la nuit de 27 » (elle débute donc le soir de la 26e journée de jeûne). Cet avis s’appuie sur des bases authentifiées de la Sunna (Tradition prophétique). En effet, « celui qui veut la chercher, qu’il l’attende dans la nuit du 27 », dit un hadith (rapporté par l’imam Ahmed).

Muslim, Ahmad et Abu Dâwûd ont aussi rapporté un hadith authentifié par Tirmidhi, d’après ‘Ubay bin Ka’b, qui a dit : « Je jure par Dieu qu’il n’existe pas d’autre dieu que Lui, qu’elle est à Ramadan, et que je jure par Dieu encore, je connais cette nuit. C’est la nuit où le Prophète (sur lui la bénédiction et la paix de Dieu) nous a ordonné de prier, c’est la nuit du 27, son signe est le soleil qui apparaît le matin blanc, sans rayons. »

La croyance populaire, à travers l’espace islamique, du Maghreb au Moyen-Orient, de Paris à Alger, en passant par La Mecque et Jérusalem, converge avec cette « conviction » que Laylat ul-Qadr est belle et bien « établie » « la nuit du 27e ».

Cet article est issu de Philippe Haddad, Nicolas Senèze et Kamel Meziti, Les Fêtes de Dieu, Yahweh, Allah (Éd. Bayard, 2011).

* Kamel Meziti, historien, est secrétaire général du Groupe de recherche islamo-chrétien (GRIC), ancien directeur du culte musulman de la Marine.

Note
1. Conformément au Coran : « Durant laquelle (nuit d’Al-Qadr) est décidé tout ordre sage » (s. 44, v. 3).






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